Si l’on s’en tient à la qualité des films arrivant sur nos écrans, on pourrait croire que l’écosystème du cinéma iranien se porte à merveille. On peut citer l’exemple du sublime Leila et ses frères du jeune réalisateur Saeed Roustaee, actuellement en salles. Pourtant, la réalité est bien plus préoccupante. Une véritable vague de répression s’abat sur les cinéastes iraniens.
Des arrestations et des condamnations en série
En 2010, l’arrestation du réalisateur Jafar Panahi a été très médiatisée à l’étranger. Panahi est bien connu à l’international puisqu’il est l’un des cinéastes iraniens les plus primés, avec Trois Visages ou Taxi Téhéran. Or, cette vague d’arrestation est loin de s’arrêter à Panahi.
Dans les colonnes de France 24, Asal Bagheri, spécialiste du cinéma iranien et enseignante-chercheuse à l’université Cergy-Paris s’inquiète. « Nous entrons dans une période de répression dommageable pour la culture. » Elle ajoute : « Et ce n’est que le début. » Depuis mai, Mina Keshavarz, Firouzeh Khosravani, Majid Barzegar ou encore Mohsen Amir-Yousefi comptent parmi la liste des artistes engagés arrêtés ou convoqués par la justice iranienne pour des raisons floues.
Un religieux ultraconservateur à la présidence
À l’origine de ce climat se trouve l’arrivée au pouvoir en 2021 d’Ebrahim Raïssi, un religieux ultraconservateur. Cette politique répressive a connu une accélération spectaculaire il y a quelques jours. Selon France 24, le ministère de la Culture iranien a annoncé le 16 août qu’une liste de professionnels du cinéma interdits d’exercer leur métier allait être publiée.
Si cette liste noire venait à être rendue publique, cela marquerait « un tournant répressif » selon Asal Bagheri. La spécialiste précise : « Jamais encore les autorités n’avaient parlé de liste officielle. » La dimension militante de nombreux films iraniens est au centre du viseur des autorités répressives, à l’heure où le pays est traversé par une crise économique et une inflation dramatiques. Asal Bagheri explique :
« La société iranienne est devenue de plus en plus revendicatrice et audacieuse. Or l’œuvre de cette vague de réalisateurs, qui s’inscrivent dans une forme de cinéma social, reflète les maux de la société. Ils ne sont que le reflet de cette colère. »
À lire aussi : Leila et ses frères : le meilleur film de l’année est au cinéma, et on a rencontré son réalisateur
Crédit de l’image à la Une : © Amirhossein Shojaei
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.