Nouvelle entrave à l’éducation des jeunes filles en Iran : après les écolières et les collégiennes, ce sont maintenant les lycéennes qui sont visées par les cas d’empoisonnements qui se multiplient dans les écoles du pays depuis plus de trois mois. Nausées, malaises et maux de gorge pouvant mener à l’hospitalisation… Des centaines d’élèves sont victimes d’intoxication par voies respiratoires. Loin d’être les symptômes d’une épidémie mystérieuse, il s’agit d’attaques ciblées. L’objectif ? Faire fermer les écoles et priver les jeunes Iraniennes de leur éducation.
Une enquête ouverte sous la pression des familles
Dimanche 6 mars, de nouveaux cas d’intoxication ont donc été signalés dans plusieurs régions du pays, portant le nombre d’établissements concernés à 58 depuis le mois de novembre. Si les agresseurs ne sont pas formellement identifiés, une enquête a été ouverte par le gouvernement le 26 février, sous la pression des familles.
Comme le révèle le quotidien britannique Guardian, ces empoisonnements seraient une « vengeance » suite au rôle joué par les jeunes femmes dans les mouvements de contestation qui ont agité le pays après le décès de l’adolescente Mahsa Amini le 16 septembre dernier, arrêtée par la police des mœurs parce que son voile ne cachait pas suffisamment ses cheveux. Une vague de manifestation avait suivi, pour défendre le droit à s’habiller librement et dénoncer le régime d’Ebrahim Raïssi.
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Le gouvernement minimise les intoxications
Pourquoi le gouvernement a-t-il attendu fin février pour ouvrir une enquête ? Tandis que les instances internationales réclament également une enquête transparente, à l’instar de l’ONG Human Rights Watch, le gouvernement iranien tente à tout prix de minimiser l’affaire, évoquant « un très faible pourcentage » d’intoxications provoqué par des « actions intentionnelles », mais avec « une partie importante » des élèves souffrant de complications à cause de « l’anxiété et du stress ».
Comme le rappelle FranceInfo, des doutes planent encore sur l’identité des auteurs de ces attaques :
Pour certains mouvements d’opposition, le régime iranien serait derrière cette vague d’intoxications, afin de faire pression sur les jeunes filles, dont certaines ont publiquement affiché leur dégoût de la République islamique ces derniers mois. Une accusation réfutée en bloc par le gouvernement, qui pointe du doigt toute une série de « coupables » depuis une semaine.
elon le président Ebrahim Raisi, il s’agirait plutôt d’un « complot des ennemis » visant à « créer la peur et le désespoir » parmi les Iraniens, a rapporté l’agence étatique IRNA (article en anglais). Ils cherchent à « créer des problèmes dans les rues, les marchés et dans les écoles », a poursuivi le dirigeant, sans identifier ces « ennemis » critiqués avec force.
Pourquoi [l’Iran], « un pays qui a porté le taux d’alphabétisation des femmes de 44% en 1979 à 99% en 2020 » serait-il « contre le fait d’envoyer les filles à l’école ? », se défend dans un autre billet l’agence IRNA, porte-voix de la République islamique.
FranceInfo le 04/03/2023
Dans un communiqué publié samedi soir, le ministre de l’Intérieur, Ahmad Vahidi, a rapporté la découverte « d’échantillons suspects » lors des « recherches sur le terrain », sans plus de précisions. Ces intoxications, qui poussent de nombreux parents à retirer leurs filles des écoles, constituent une atteinte de plus aux libertés des femmes iraniennes et renforce le contexte de répression qui pèse sur leurs droits.
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Les Commentaires
J'ai peut-être tort après. Il peut aussi s'agir de l'oeuvre d'un loup solitaire à la base qui a été copié par d'autres personnes frustrée. Je laisse aussi la possibilité qu'il y ait des femmes parmis les coupables.
Surtout qu'en vrai, les gens je les comprends pas, il y a d'autres soucis en Iran. S'ils n'arrivent pas à faire un mouvement de cohésion sociale qui incluerait les femmes bah il y aura rien. Les femmes c'est 50% de la population, les choses ne bougeront pas sans elles.