C’est la première étape d’une stratégie nationale pour la protection et le respect des droits des gens du voyage. La Défenseure des droits, autorité indépendante qui défend l’égalité de chacun dans l’accès aux droits, vient de publier un rapport qui pointe les discriminations systémiques que vivent les gens du voyage en France.
Ce qui ressort particulièrement de ce rapport, c’est que les droits élémentaires des ces communautés ne sont pas respectés : le droit à un logement, à pouvoir accéder à des soins, à l’éducation, et même à l’eau.
Le droit à des conditions décente remis en question
La reconnaissance du mode de vie itinérant des gens du voyage n’est pas pleinement reconnue dans la loi française : « La caravane n’est pas à ce jour reconnue comme “logement” en France », déplore le rapport.
Et cela a des conséquences graves et très concrètes, car sans cette reconnaissance, les gens du voyage se retrouvent face à des obstacles dans de nombreuses situations :
« La domiciliation, le lieu d’imposition, l’ouverture d’un droit aux aides au logement (APL), l’accès au crédit immobilier, l’accès aux assurances habitation pour les caravanes, l’accès au crédit, la protection contre la suspension des fluides et de l’eau en période hivernale, l’obtention du droit de garde d’un enfant. »
« Tous les voyageurs savent que la majorité des aires sont insalubres et dans des localisations pourries » déplore auprès de StreetPress William Acker, juriste lui-même issu de la communauté des gens du voyage, qui dénonce le racisme environnemental qui la vise.
Le rapport de la Défenseure des droits montre confirme ses constats :
« Certaines aires d’accueil exposent fréquemment les familles de voyageurs à des risques environnementaux pouvant porter atteinte à leur santé. »
Il note aussi que, alors que le nombre d’aires d’accueil a baissé, les sanctions à l’égard des gens du voyage qui s’installent hors de ces zones se sont durcies.
Une scolarisation toujours menacée
Refuser l’inscription d’enfants à l’école, au prétexte que la famille est installée sur un terrain de façon illicite, c’est ce qu’à fait le maire d’une commune en 2015, pointe à titre d’exemple le rapport.
« De tels refus de scolarisation sont illégaux », tient à rappeler la Défenseure des droits.
Les difficultés pour garantir la scolarisation et la continuité scolaire des enfants issus de la communauté des gens du voyage existaient bien avant la crise sanitaire. Mais cette dernière aurait accentué le phénomène :
« Selon les informations transmises par les associations, le taux d’enfants “du voyage” qui ne seraient pas retournés à l’école après le premier confinement du printemps 2020 serait alarmant. »
De plus, les confinements et l’enseignement à distance mis en place par les établissements n’est pas forcément adapté ou possible pour ces enfants.
Certaines familles ont aussi privilégié l’inscription à des cours à distance.
Des discriminations persistantes
Une enquête de l’Agence européenne pour les droits fondamentaux sur les discriminations que subissent les Roms et les gens du voyage menée en 2019 dans plusieurs pays européens, dont la France, dresse un état des lieux inquiétant :
« Près d’une personne interrogée sur deux (45 %) s’est sentie discriminée, 44 % ont été victimes d’un harcèlement motivé par la haine et 7 % ont subi des agressions physiques motivées par la haine. »
Selon la Défenseure des droits, les gens du voyage sont « la minorité concentrant le plus d’opinions négatives de la part de la population française ».
Stigmatisés, victimes de discriminations, les gens du voyage font pourtant peu appel aux institutions pour faire valoir leurs droits et signaler des actes malveillantes et hostiles, notamment lorsqu’ils proviennent de certaines communes. « Les associations font état d’un manque de confiance dans celles-ci, et de la crainte de retombées négatives qui pourraient résulter de leurs démarches », note le rapport — et de conclure, sans faux-semblant :
« La stigmatisation dont sont victimes les “gens du voyage” semble parfois encouragée par les acteurs publics eux-mêmes. »
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Crédit photo : Johann Walter Bantz via Unsplash
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Les Commentaires
Par contre, le branchement sauvage sur le réseau public, ça me heurte. Déjà, pourquoi je paierais pour d'autres alors que j'ai déjà du mal avec les factures? En plus, il y avait une piscine assez grande, des machines à laver, des clim... Ce n'est pas que je suis contre ce confort mais j'ai même pas les moyens de ce confort pour moi.
Ensuite, le reseau d'eau a été hacké par la borne à pompiers donc s'il y a un incendie, ça fait beaucoup moins de pression.
On tombe sur un problème de sécurité publique ou collective. Ça me pose un vrai problème.
Sans compter les trois même glandus qui bloquaient le petit chemin pour jouer aux boules, qui ont laissé plein de bouteilles de bières (alors que tout le monde a été très respectueux de la propreté) et qui s'amusaient à pisser sans se cacher (dos tourné mais bien visisble) quand je passais. Ça les a bien fait rire. Moi, j'avais envie de leur arracher le pénis. Enfin ça, c'est des bonhommes en particulier mais ils ne rendent pas service à la commu en agissant comme ça.
En tout cas, je n'ai pas à payer ce choix de vie par les factures ou par un impact sur la sécurité incendie.
Je sais que dans certains endroits, il y a des prises à eau payantes qui sont installées. Ce n'est pas le cas chez nous mais déjà, ce n'est pas à moi de payer ce choix de la mairie et enfin, là où ces prises sont installées, ça n'empêche pas le hacking de l'eau et l'électricité publique. Il semble que ça a à voir avec un refus culturel de payer (sur ce point).
Ça ne veut pas dire que je n'ai pas conscience du racisme subi. Il suffit de voir les visages des gens dans la grande surface ou dans la pharmacie. Je ne suis pas surprise non plus de l'ostracisme que subissent les enfants. Le problème est complexe, l'urgence est bien sûr dans l'aide aux enfants et dans la construction de coins propres mais il faut que la commu accepte aussi de payer l'eau et l'électricité comme les non voyages.