« C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 », a affirmé Emmanuel Macron lors de son allocution du 15 octobre. Et ce n’est pas nous qui allons le contredire.
5,3 millions de pauvres en 2017 en France. Parmi eux, plus de la moitié sont des jeunes de moins de 30 ans.
Entre 18 et 29 ans, le taux de pauvreté est maximal à cause du chômage, des bas salaires et de la précarité de l’emploi. Aujourd’hui, cette tranche d’âge paye l’addition de la crise économique.
Selon le rapport de l’Observatoire des inégalités paru jeudi 26 novembre, entre 2002 et 2018, le taux de pauvreté des jeunes a presque doublé en passant de 8% à 13%.
Plus précisément selon Eurostat, chez les 18-24 ans le taux de pauvreté atteint 12,8 %, ce qui est deux fois plus que la moyenne française qui est de 6,7%.
Des chiffres affolants qui traduisent une triste réalité.
La jeunesse premier rempart face à la crise
Longtemps épargnés par la crise sanitaire, les jeunes sont en première ligne de la crise économique et sociale actuelle.
Avant tout, parce qu’ils occupent des jobs précaires. En effet, ils sont les premiers à être renvoyés des entreprises en perte de vitesse.
Autre difficulté : trouver un premier emploi pour les jeunes diplômés. Face à un marché du travail plombé et des entreprises fragilisées, cet objectif est quasi-impossible.
Une situation qui révèle des peurs et de l’anxiété chez les jeunes. Aujourd’hui, la jeunesse a le sentiment d’être une génération sacrifiée.
Et à juste tire, car le rapport sur la pauvreté en France montre que la jeunesse est depuis toujours la première victime de ce fléau. Ainsi, en 2014 la moitié des jeunes vivait avec moins de 710€ mensuels donc sous le seuil de pauvreté qui est de 885€.
Par conséquent, l’Observatoire des inégalités craint un scénario du pire : « L’inquiétude est d’autant plus grande que la situation des jeunes était déjà dégradée, avant même cette année noire ».
Des étudiants en situation de détresse sur le plan moral et financier
Près de 20 % des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté selon l’INSEE. Ils sont de plus en plus nombreux à connaître des difficultés financières.
« Pendant très longtemps, je ne sortais pas de chez moi. A quoi bon ? Je n’avais pas les moyens de faire les courses », déplore Julie, étudiante en droit.
Durant plusieurs mois, la jeune femme se prive de nourriture. Pour survivre, elle fait quelques heures de baby-sitting, juste suffisant pour payer sa chambre de 16m2.
Stressée par la situation, elle raconte :
« J’ai perdu du poids. Je me réveillais au milieu de la nuit pour checker mon compte en banque. »
Éprouvée moralement par cette période, Julie a pu souffler momentanément grâce au versement de la bourse. Assez pour couvrir son loyer. Face à cette réalité, les organisations étudiantes et associations se mobilisent.
« Il fallait réagir », affirme Ulysse Guttmann-Faure, étudiant à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en droit et science politique.
Avec ses amis, il lance Co’p1 – Solidarités Étudiantes, un réseau d’entraide. Très rapidement, une distribution gratuite de colis alimentaires est organisée deux fois par semaine.
Des paquets de 5kg sont partagés comprenant des denrées alimentaires, des protections anti-Covid et des produits d’hygiènes.
« 500 étudiants par semaine bénéficient de ce coup de pouce », explique Ulysse Guttmann-Faure.
Avant d’ajouter :
« Ce succès, on s’y attendait malheureusement. Mais au-delà du colis en plein confinement le contact se crée notamment avec les étudiants étrangers souvent isolés.»
Si les mesures de soutien actuelles permettent à certains de survivre, d’autres flanchent.
Une vague de dépression touche la France
Selon l’enquête CoviPrev, il y a « une hausse significative des troubles dépressifs sur l’ensemble de la population entre fin septembre et début novembre, passant de 10% à 21% ».
Sans surprise, les plus touchés sont : les 18-24 ans, les étudiants, les inactifs et les travailleurs précaires.
Le président de l’université de Strasbourg, Michel Deneken, alerte sur la situation. Il a affirmé à Franceinfo que se trouve dans nos facs « une véritable bombe à retardement sociale et humaine ».
L’évolution de la pauvreté des jeunes et des étudiantes dépend des politiques mises en œuvre. Jeudi 26 novembre, le Premier ministre Jean Castex a annoncé une série de mesures en faveur des jeunes. Réelle volonté de faire changer les choses ou simples effets d’annonces ?
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