2022 sera-t-elle l’année de bonnes résolutions généralisées autour de la mode ? C’est ce que pointe une nouvelle étude britannique, réalisée dans le sillage de la Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques qui a eu lieu du 31 octobre au 12 novembre 2021.
58% des 18-24 ans britanniques tournent le dos à la mode jetable
À l’occasion de cette Cop26, l’université de Hull a mené une enquête auprès de 2094 adultes. Parmi cet échantillon voulu représentatif, 58% des 18-24 ans souhaitent « tourner le dos à la fast-fashion et changer leurs habitudes de shopping. »
Dans ce même groupe d’âge, 25% des personnes répondantes optent déjà pour la location des vêtements et/ou la seconde main. Alors que chez les personnes de plus de 55 ans, seulement 5% envisagent les achats d’occasion.
Au Royaume-Uni, la location de vêtements et l’upcyling ont déjà eu l’occasion de faire les gros titres cette année, ce qui peut expliquer en partie ce pic de popularité de la pratique. Par exemple, l’influente présentatrice télé Holly Willoughby revendique fièrement faire appel à ce genre de service. Carrie Johnson, épouse du premier ministre britannique, a même loué sa robe de mariée. Ce dernier a d’ailleurs loué un costume à 34 livres sterling par jour pour la Cop26, histoire de marquer le coup. Pour la première fois en trois ans, Emma Watson a aussi foulé un tapis rouge, au nom de la planète : la cérémonie du prix Earthshot où elle portait une tenue qui se voulait écolo. Mais les symboles ne suffisent plus.
Les jeunes, surtout les femmes, veulent en découdre avec la fast-fashion
Cette enquête de l’université de Hull avec l’aide de YouGov (institut d’études fondé à Londres en 2000) révèle également des différences genrées : 51% des femmes déclarent envisager de porter des vêtements loués et/ou d’occasion, contre 21% des hommes.
Le professeur Dan Parsons, directeur de l’institut de l’énergie et de l’environnement de l’Université de Hull, tient à souligner auprès de The Independent combien les nouvelles générations sont les plus motivées pour tourner le dos à la fast-fashion, signe d’un changement des mentalités plus qu’urgent pour la planète :
« Il est encourageant de voir que les jeunes s’orientent désormais vers une nouvelle société soucieuse et consciente de l’environnement. La seconde main, la location, et dire « non » à la mode jetable, est un pas important dans la bonne direction. »
Seulement, on devra encore vivre avec les conséquences de notre culture du jetable pendant des décennies — voire des siècles — tant les vêtements jetés créés par l’émergence de la fast-fashion ont pu jouer un rôle important dans ce que ce professeur considère comme un « tsunami de déchets microplastiques autour du monde ».
Après l’âge de pierre, de bronze et de fer, l’âge du plastique ?
D’après le Programme des Nations Unies pour l’environnement (UNEP), l’industrie de la mode utilise environ 93 millions de mètres cubes d’eau chaque année. Annuellement, environ 20% de toutes les eaux usées proviendraient de la teinture et du traitement des tissus. L’UNEP recense aussi environ un demi-million de tonnes de microfibres plastiques déversées dans l’océan chaque année. C’est ce qui amène notamment le professeur Dan Parsons à alerter l’opinion publique :
« Le volume de plastiques actuellement en circulation dans le monde signifie que nous sommes effectivement entrés dans une nouvelle période géologique. Les géoscientifiques appellent cela l’Anthropocène mais la prévalence et la distribution des déchets plastiques dans l’environnement signifient que nous finirons par appeler cela le plasticène, je pense. Soit l’âge du plastique. »
Outre ses conséquences dramatiques sur l’environnement dans l’immédiat et pour le long terme, la fast-fashion pose également des problèmes sociaux régulièrement pointés du doigt. Et ce, qu’elle soit produite à l’autre bout du monde (souvenez-vous du Rana Plaza), ou même en plein Londres, comme l’a récemment démontré une enquête sur le cas Boohoo, soupçonné d’esclavage moderne dans le quartier de Leicester.
Chaque geste compte pour lutter contre le travail forcé, l’esclavage moderne, et l’écocide accéléré auxquels on peut donc refuser de prendre part.
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Crédit photo de Une : pexels-ron-lach-8306371
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