À 6 semaines de grossesse, nombreuses sont les femmes à ne pas encore avoir découvert qu’elles étaient enceintes. C’est pourtant la date limite auxquelles les femmes résidant en Caroline du Sud pourront recourir à un avortement.
La décision est tombée mercredi 23 août dans cet État du Sud des États-Unis, devenu depuis l’abrogation l’an dernier de l’arrêt Roe v. Wade, un refuge pour les personnes souhaitant avorter. L’IVG y était pratiquée jusqu’à 22 semaines de grossesse.
Une décision prise par des hommes
Composée uniquement d’hommes, la Cour suprême de Caroline du Sud – plus haute juridiction de l’État – est revenue sur ce droit en annulant une décision antérieure prise par le tribunal, et qui estimait qu’une restriction du droit à l’avortement était inconstitutionnelle.
« Certes, la loi de 2023 porte atteinte au droit des femmes à la vie privée et à l’autonomie corporelle », a déclaré dans un communiqué le juge John Kittredge, qui siège à la Cour Suprême de Caroline du Sud. Mais « nous pensons qu’il est important de réitérer : nous sommes limités par le langage express de la Constitution de Caroline du Sud qui interdit uniquement les ‘atteintes déraisonnables à la vie privée’ ».
Or, les 6 juges masculins ont estimé que limiter l’IVG à 6 semaines de grossesse ne faisait pas partie de ces « atteintes déraisonnables à la vie privée » et qu’« à un certain moment de la grossesse, l’intérêt d’une femme à l’autonomie et à la vie privée ne l’emporte pas sur l’intérêt de l’enfant à naître et à vivre ».
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Une première étape avant une interdiction totale de l’IVG
Si les sénateurs républicains – majoritaires dans la chambre – ont salué la nouvelle en déclarant que la Caroline du Sud n’était « plus une destination pour l’avortement mais un refuge pour les enfants à naître », elle a horrifié le Planned Parenthood, qui milite pour l’accès de toutes et tous à l’accès aux soins de santé sexuelle et à la défense des droits reproductifs.
Citée par The New York Times, Jenny Black, directrice générale de Planned Parenthood South Atlantic, a déclaré que la décision obligerait les femmes à mener des grossesses contre leur gré et mettrait en évidence la « politisation dangereuse du plus haut tribunal de Caroline du Sud ».
« Je n’ai pas besoin d’imaginer le mal que cela causera aux patientes. Nous avons déjà vécu cela, a déclaré à la presse le Dr Katherine Farris, médecin-cheffe de Planned Parenthood South Atlantic. Des centaines de personnes ont été obligées de parcourir des centaines de kilomètres [pour obtenir des soins]. »
D’autant que la Caroline du Sud pourrait ne pas s’arrêter là. Sous la pression des groupes anti-avortement, très actifs dans la région, les sénateurs républicains ont suggéré qu’ils feraient pression sur l’Etat pour aboutir à une interdiction totale de l’avortement, et ce même en cas de viol ou d’inceste.
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