La polémique enfle chez nos voisins belges depuis l’adoption par décret d’un cours d’éducation à la vie relationnelle affective et sexuelle (Evras), porté par la ministre francophone de l’Éducation, Caroline Désir (Parti socialiste).
Depuis le 15 septembre, au moins huit établissements scolaires ont été incendiés ou vandalisés en Wallonie. Et, dans six cas, un « lien évident a été établi avec une campagne lancée par des milieux religieux radicaux, musulmans et catholiques, et des courants extrémistes et complotistes » opposés à l’inscription du cours dans le programme scolaire, retrace Le Monde. La justice belge a ouvert une enquête pour « incendies criminels ».
« Des actes terroristes inadmissibles »
Vendredi 15 septembre, la ministre francophone de l’éducation, Caroline Désir (Parti socialiste) s’est rendue dans l’une des écoles concernées, près de Charleroi (au sud de la Belgique) : « Ces incendies sont des actes terroristes inadmissibles », a-t-elle déploré.
Pourtant, les hostilités se poursuivent : dimanche 17 septembre, quelques 1 500 personnes se sont réunies au cœur de Bruxelles pour protester contre la mise en place du cours :
« Touchez pas à nos enfants ! ». Dans une ambiance tendue, Radya Oulebsir, une militante musulmane, organisatrice autoproclamée de la protestation, et Alain Escada, un dirigeant de l’association catholique traditionaliste Civitas, ont exigé l’abandon du cours. Sur plusieurs des établissements vandalisés, des slogans hostiles comme « No Evras, sinon les prochains, c’est vous » avaient été tagués par les incendiaires.
Le Monde, « En Belgique, plusieurs écoles incendiées après une campagne d’extrémistes religieux contre l’éducation sexuelle »
Cette mobilisation ultra-conservatrice dépasse même les frontières : en France, le rappeur Rohff a partagé une pétition anti-Evras soi-disant pour lutter contre « la pédophilie et la perversion ».
Désinformation massive sur les réseaux sociaux
Depuis son adoption officielle le 7 septembre par un vote du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le projet Evras fait l’objet d’une campagne de désinformation massive sur les réseaux sociaux. Pourtant, comme le rappellent nos confrères du Monde, il ne fait que s’inscrire dans la continuité d’un cours administré depuis 2012, dont l’organisation « était laissée, jusqu’ici, à la discrétion des directions d’établissement ». Ce cours sera à présent obligatoire pour tous les élèves âgés de 12 et 16 ans, pour une durée de 4 heures au total.
Quelques centaines de personnes avaient déjà manifesté devant le siège de l’Assemblée, le jour du vote. Se référant à ce qu’elles avaient lu ou entendu, certaines parlaient d’« un guide satanique utile aux pédophiles » et réclamaient « de l’éducation, pas de la sexualité ».
Le Monde
L’éducation sexuelle à l’école fait l’objet de nombreux fantasmes et idées reçues, sur fond de LGBTphobies. Ses détracteurs lui reprochent surtout de chercher à pervertir les enfants. La campagne de désinformation menée sur les réseaux sociaux contre le projet Evras a repris des rhétoriques fallacieuses similaires, affirmant que ce cours mènerait à « une prétendue sexualisation précoce des enfants », les inciterait « à la pornographie et au changement de genre » et leur enseignerait « la masturbation et l’orgasme » dès l’âge de 9 ans.
En réponse, le gouvernement s’est voulu rassurant, à grand renfort de prises de paroles et de flyers distribuées dans toutes les écoles pour réexpliquer ce « projet pour lequel 150 experts ont œuvré à la confection du guide de 300 pages, sur la base de 400 entretiens avec des enfants de tous âges ».
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Les Commentaires
Un truc aussi avec le complotisme, c'est que les personnes éduquées font une très bonne cible, d'autant plus qu'iels peuvent brandir la carte du "mais j'ai été formé, j'ai de l'esprit critique, etc." et donc estimer qu'iels sont dans le vrai, pas dans le complotisme, justement, c'est grâce à leur super esprit-critique qu'iels voient les manipulations des médias ( )
Mais oui, dès qu'on regarde la nature du guide, c'est "répondre aux questions de façon adaptée à l'âge et poser des bases niveau fonctionnement ou consentement", personne ne va apprendre à des enfants de 5 ans à se masturber au milieu de la classe, soyons sérieux