Depuis cet article, Ambre Andrieu a pris la parole sur Instagram pour expliquer le contexte de sa coiffure pendant l’émission Miss France. Nous faisons le point ici.
Ah, Miss France. Chaque année, c’est la même rengaine : 29 candidates représentant chacune des anciennes régions de France et d’Outre-mer sont soumise au vote d’un jury et du public, qui choisissent ensemble celle qui sera la plus digne de représenter le pays par sa beauté.
Au cours de la soirée, les représentantes de chaque territoire français sont jugées sur des défilés dans plusieurs tenues qui vont du bikini à la robe de soirée, leur manière de se tenir, de bouger, de prendre la parole… Le tout selon des critères qu’on aurait bien laissés quelques décennies derrière nous.
Une coiffure afro « lissée » par le comité Miss France
Ce samedi, les 7,3 millions de téléspectateurs ont été surpris de voir Ambre Andrieu, représentante de l’Aquitaine, se présenter sur scène avec une coiffure complètement différente de celle qu’elle arbore habituellement.
En effet, sur son compte Instagram, la miss porte la plupart du temps une afro sublime. Mais sur scène, c’est avec une chevelure lissée, et manifestement très mal gérée par les personnes en charge de sa coiffure qu’elle s’est présentée — tant le volume que la forme et la texture semblent assez loin des standards de « perfection » qu’on peut voir sur le plateau.
Sur Twitter, les réactions n’ont pas manqué de pleuvoir.
Miss France et les cheveux afro, une longue histoire de saccage
Ce n’est pas la première fois, dans l’histoire du concours, que les chevelures des Miss noires sont maltraitées.
En 2017, Laure-Anaïs Abidal, représentante de la Martinique, avait déjà été contrainte de poser pour les photographies officielles de Miss France avec les cheveux lissés. La prétendante avait elle-même expliqué qu’elle préférait garder ses cheveux au naturel.
En 2016, même polémique avec la gagnante du concours Alicia Aylies, Miss Guyane. Sur une photo postée sur Instagram par Sylvie Tellier, la présidente du comité Miss France, juste après son élection, on la voit porter une chevelure lisse, très différente de la texture naturelle de ses cheveux frisés.
Dans un pays où le soin des cheveux frisés et afro n’est pas ou très peu enseigné dans les formations en coiffure, et ne fait pas partie des compétences nécessaire à obtenir un CAP dans le domaine, on se trouve peu étonnées — bien qu’extrêmement déçues — que des pros de la coiffure se tournent vers des lissages mal maîtrisés. Mais sur le plateau de Miss France, le message a un écho aux conséquences encore plus lourdes.
En plus de voir l’industrie de la coiffure faire comprendre aux femmes aux cheveux frisés et crépus que leurs cheveux ne méritent pas de soin, le concours de beauté le plus populaire du pays transmet très clairement l’idée que pour pouvoir représenter le pays, les femmes noires doivent lisser leurs cheveux — et faire rentrer leur physique dans les carcans de beauté occidentale.
Cette discrimination s’appelle du texturisme, qui promeut les cheveux lisses ou ondulés comme seule norme de beauté, et amène les femmes aux cheveux frisés et crépus, et notamment les femmes noires, à devoir se défriser les cheveux par esthétisme, mais aussi par obligation dans le monde du travail, par exemple, où certains milieux associent les cheveux afro à des cheveux moins présentables.
Allô, Miss France ? Ici presque 2022, il est temps que cela cesse.
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