« Généralisée et persistante ». Une récente étude dresse ce constat sans appel : la discrimination à l’embauche visant les personnes d’origine maghrébine sont bien loin d’appartenir à une époque révolue en France.
Un nom semblant être maghrébin, c’est aujourd’hui 31,5 % de chances de moins d’être contacté par des recruteurs, résume la publication de la Dares, le service d’études et de statistiques du ministère du Travail.
Un tiers des entreprises privilégient les noms à consonance française
Le testing, la méthode utilisée dans cette étude, consiste à envoyer des candidatures fictives à des offres d’emploi bien réelles. 2.400 offres ont été testées sur une période entre décembre 2019 et avril 2021. Chacune faisait l’objet de quatre candidatures : deux venant d’un homme et d’une femme d’origine supposée française et deux venant d’un homme et d’une femme d’origine supposée maghrébine.
Sur l’ensemble des 2.400 offres, 1.516 employeurs ont eu le même retour envers les quatre candidats : soit aucune réponse, soit un intérêt pour les quatre candidatures.
Mais pour 37% des CV, soit un peu plus d’un tiers, il y a une différence de traitement : « les candidatures à consonance maghrébine sont en moyenne désavantagées par rapport aux candidatures à consonance française », constate l’étude.
« Lorsque les recruteurs manifestent un intérêt pour 3 CV sur les 4 envoyés, c’est le plus souvent au détriment d’un candidat dont le prénom et le nom sont à consonance maghrébine. »
Des effets palpables de ka discrimination à l’embauche
Les conséquences sont très concrètes, car les personnes discriminées doivent faire plus d’efforts pour espérer obtenir une réponse des entreprises :
« Un candidat portant un nom et prénom à consonance maghrébine doit envoyer 1,5 fois plus de CV qu’un candidat portant un nom et prénom à consonance française pour obtenir le même nombre de rappels de la part des recruteurs. »
Les candidatures des femmes sont-elles doublement pénalisées ?
Dans cette étude, les discriminations selon le sexe et l’origine ne s’amplifient donc pas mutuellement : « ces deux facteurs de discrimination influencent indépendamment les décisions des recruteurs. »
Cette étude montre qu’en dépit de politiques publiques visant à lutter contre le racisme, les choses avancent bien peu. Malgré des mesures comme la loi égalité et citoyenneté du 27 janvier 2017 qui obligent les entreprises de plus de 300 salariés à former les personnes en charge du recrutement à ne pas discriminer, on constate qu’il faudra encore redoubler d’efforts et de vigilance pour que les personnes racisées aient les mêmes chances que les personnes blanches sur le marché du travail.
À lire aussi : Discrimination à l’embauche : un fail des CV anonymes ?
Crédit photo : Sora Shimazaki via Pexels
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Les Commentaires
Ce n'est qu'un symptôme.
Je suis dans une grosse boite, avant j'étais côté R&D, peu de contact direct avec les clients : belle diversité. Bon, diversité que permet la sortie d'école d'ingénieur ça filtre déjà pas mal, mais un vrai souhait de mon employeur d'avoir des profils internationaux, de la mixité, etc... Très chouette environnement par ailleurs.
Par contre maintenant que je suis côté clientèle, on est sur 90% de Jean Eud. Peut être un chouille plus de mixité de genre (beaucoup plus de mixité en sortie d'école de commerce faut dire, plus facile d'avoir des candidates)... enfin sauf management hein, faut pas pousser. Et alors niveau diversité culturelle, quasi inexistante.
Y a un maghrébin dans mon équipe, très compétent, gentil, même un peu naïf... du coup on se moque "gentiment" de lui. Il est "en télétravail au bled", "c'est pour se marier mais il a jamais rencontré sa femme haha", etc etc...
Quand je fais remarquer que c'est discriminant "ohlala c'est pour rire", lui même dit "non mais ohlala je ne le prends pas mal c'est drôle haha" (et je comprends pourquoi il prend cette position malheureusement).
Autant dire qu'on le met rarement en avant face à de gros clients bien de chez nous. Plus facilement sur des comptes internationaux, où les interlocuteurs ne sont pas français...
C'est à dire qu'il y a un espèce de racisme projeté, de se dire, consciemment ou non "dans telle réunion avec tel client, il n'y a que des noms français, alors bon vaut mieux s'aligner, après tout on ne connait pas leurs convictions donc dans le doute...".
Ce serait nié bien sûr, mais les faits sont là.
Dans les recrutements c'est pareil. "Dans le doute, prenons un profil qui ne froissera personne". Ca dégoute.