Frottements dans le métro bondé, mains baladeuses, caresses non sollicitées… Quand on est une femme empruntant les transports en commun parisien, ces violences sexuelles sont loin d’être des faits isolés.
C’est ce que révèle une note de la Sûreté régionale des Transports de la préfecture de police de Paris datée du jeudi 31 août, et que relaie Le Parisien. Basée sur les plaintes pour violences sexuelles enregistrées par les services de police et de gendarmerie, elle montre non seulement que les femmes ne sont toujours pas en sécurité dans l’espace public, mais aussi que ces faits de violences sexuelles sont de plus en plus récurrents.
Un chiffre en deçà de la réalité
Ainsi, en 2020, les forces de l’ordre ont enregistré 57 000 plaintes pour violences sexuelles dans les transports parisiens et franciliens, soit 156 plaintes déposées chaque jour.
Bien qu’en forte hausse par rapport aux années précédentes – il est 2,5 fois plus élevé qu’en 2011 – ce « chiffre noir important concernant les agressions sexuelles » est encore loin de refléter la réalité, estime la Sûreté régionale des Transports. Et ce, pour la simple et bonne raison que « certaines victimes ignorent le caractère délictuel des atteintes qu’elles subissent, d’autres insèrent ces violences dans leurs déplacements quotidiens et estiment qu’une démarche serait inutile ». Enfin, « le sentiment de honte ressenti par certaines femmes les empêche de dénoncer ces agressions », relève la préfecture de police de Paris.
Cette dernière omet cependant une autre raison, relevée par Libération : la crainte de l’accueil qui leur sera réservé au commissariat ou à la gendarmerie, et qui dissuade bon nombre de femmes de déposer plainte. Selon une étude de Nous Toutes datant de 2021, réalisée sur la base de 3 500 témoignages de femmes ayant porté plainte ou ayant souhaité le faire pour violences de genre, 66% rapportaient de mauvaises expériences en commissariat ou gendarmerie.
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Les femmes adoptent des stratégies d’évitement
Pour éviter d’être la cible de frotteurs ou de mains baladeuses aux heures de pointe, ou encore d’exhibitionnistes dans les rames vides, de nombreuses femmes adoptent des stratégies d’évitement, note la préfecture. Certaines rallongent intentionnellement leur temps de trajet pour éviter d’emprunter certaines lignes de transports, d’autres font appel à des taxis ou VTC, ont davantage recours au télétravail, changent de site, d’horaire ou même de travail. Sans compter le recours au « subway shirt », c’est-à-dire le port d’un vêtement long et ample sur la tenue pour éviter d’être harcelée.
Pour empêcher ces agressions et permettre aux femmes de voyager plus sereinement, les bus de la RATP vont pratiquer, à compter de ce vendredi 1er septembre, la descente à la demande après 22 heures dans tout Paris. Le conducteur va devoir choisir un endroit sécurisé et bien éclairé pour la descente. Reste désormais à savoir si cette mesure, plébiscitée dans l’enquête de l’Institut Paris région, garantira aux femmes des trajets plus sûrs dans les transports d’Île-de-France.
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