La 69ème cérémonie des Emmy Awards s’est déroulée à Los Angeles dans la nuit de dimanche à lundi 18 septembre. Les meilleures séries télévisées américaines de l’année y étaient en compétition.
Des programmes de HBO et de la NBC étaient en concurrence avec des shows réalisés et diffusés par des plateformes de streaming, comme par exemple Netflix ou Hulu.
Veep, The Handmaid’s Tale et Big Little Lies, grandes gagnantes des Emmy Awards 2017
C’est la première info qui m’a cueillie au réveil, ce matin : The Handmaid’s Tale, Big Little Lies et Veep ont été sacrées dans leur catégorie : respectivement série dramatique, série courte et série comique.
The Handmaid’s Tale a donc remporté l’Emmy de la meilleure série dramatique. Mais également celui de meilleure actrice pour Elisabeth Moss, son interprète principale, meilleur scénariste, meilleur réalisateur, meilleur second rôle, entre autres distinctions.
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Big Little Lies s’est également distinguée avec 8 prix au total, donc ceux de meilleur réalisateur, meilleur second rôle, meilleure actrice et meilleure série courte. (« Limited Series »).
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C’est dans la catégorie « série comique » que Veep s’est illustrée, avec 17 prix pour 59 nominations, dont notamment : meilleure série comique, meilleure actrice.
Qu’est-ce que ces séries ont en commun ?
The Handmaid’s Tale récompensée aux Emmys : l’avertissement féministe
The Handmaid’s Tale est une adaptation du roman de Margaret Atwood. Dans un futur indéfini, les conditions environnementales ont rendu la population quasiment stérile.
Les femmes qui restent en capacité de procréer sont réduites en esclavage, assignées à des couples stériles occupant des positions de pouvoir politique et économique au sein de cette nouvelle société totalitaire.
Pour le dire clairement, cette série nous projette dans un monde où le viol est légitimé, pire : ritualisé. Il est présenté comme un sacrifice nécessaire à la survie de l’humanité.
Ce qui m’a glacé le sang, personnellement, c’est moins le résultat final que les étapes qui mènent à cette société, et qui sont suggérées à travers des flash-backs. Les droits des femmes sont retirés un à un, dans l’indignation vive de quelques un•es, mais dans l’indifférence et la complicité de beaucoup d’autres.
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Big Little Lies primée aux Emmys : un projecteur sur les héroïnes du quotidien
Big Little Lies se déroule au présent, dans la petite ville côtière de Monterey aux États-Unis. J’avoue, j’ai cru que ça allait être un remake de Desperate Housewives version « on est vraiment super riches, mais la vie est quand même super dure quand on est femme au foyer qui s’ennuie ».
Non. Big Little Lies aborde les thématiques du viol et des violences conjugales avec beaucoup de justesse.
La sidération, les relations abusives et la difficulté d’en sortir, le syndrome de choc post-traumatique, toutes ces problématiques analysées, discutées et dénoncées dans les milieux féministes militants trouvent une projection juste dans Big Little Lies.
Mymy l’écrivait avec conviction en avril dernier : Ne cherchez plus, les meilleurs personnages féminins de la télé sont dans Big Little Lies. Et le palmarès des Emmy Awards 2017 lui donne raison.
Veep distingué Emmys 2017 : l’humour au service du politique
Veep est une série comique politique. Ce serait House of Cards version gaffes et blagues. Je dis ça parce que je suis incollable sur House of Cards mais que je connais à peine Veep, mais cette dernière a 6 saisons à son actif.
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Julia Louis-Dreyfus incarne Selina Meyer, nommée vice-présidente des États-Unis. L’acronyme anglais de ce statut se prononce « Vee Pee », d’où l’abréviation « Veep ».
Selina Meyer n’a ni la classe, ni la gravité de ces messieurs grisonnants et leurs costumes taillés sur mesure. Elle enchaîne les tuiles, tâtonne, fait des erreurs, mais reste la boss de sa vie et de sa carrière.
C’est donc l’histoire d’une femme politique, qui mène sa barque dans un monde plutôt hostile… La série a déjà obtenu de nombreux prix, et son succès aux Emmys de cette année n’est pas un choc.
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Un palmarès 2017 très marqué droits des femmes
Mercredi 9 novembre 2016, Donald Trump a remporté l’élection présidentielle aux États-Unis. Et depuis, les associations et les militant•es féministes sont sur le qui-vive, à suivre les annonces menaçantes et les projets de loi entravant les droits des femmes.
Esther suit régulièrement l’évolution des différentes législations portant sur le droit à l’avortement aux États-Unis : certaines donnent des sueurs froides.
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Si même chez nous, la situation politique américaine retient l’attention critique, on imagine bien que les auteur•es et scénaristes outre-Atlantique ont beaucoup à faire.
Et l’on peut ajouter à ce palmarès très orienté droits des femmes 2017 les distinctions remportées par Alec Baldwin pour ses imitations de Trump dans Saturday Night Live, et surtout celle de Kate McKinnon (Ghostbusters, Pire soirée).
Récompensée « pour ses divers rôles » dans Saturday Night Live, c’est à Hillary Clinton que l’actrice a rendu hommage en acceptant son prix :
« Merci pour votre grâce ».
Droits des femmes : le temps de l’action ?
Dans la catégorie des Talk Shows, les nommés étaient Samantha Bee, Jimmy Kimmel, Stephen Colbert, James Corden, Bill Maher et John Oliver, bref, les principaux éditorialistes en télé.
C’est John Oliver qui est monté sur scène pour recevoir la statuette, accompagné de ses auteur•es, car c’est à eux qu’il rend cette distinction.
Assidue des Last Week Tonight With John Oliver, je ne peux pas m’empêcher de voir dans ce palmarès une distinction des thématiques abordées dans le show, et des divers appels à mobilisation (ou « call to action » en VO) que John Oliver incarne régulièrement.
Contrairement à ses concurrents, qui se limitent à décrypter et commenter l’actualité, sans nécessairement offrir des moyens d’actions, John Oliver a tendance à choisir des sujets sur lesquels informer, c’est déjà agir. Et parfois, il est possible d’agir encore.
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Le palmarès des Emmy Awards 2017 me réjouit, parce qu’il signe la consécration d’une nouvelle vague de programmes de fiction et de divertissement. Les thématiques féministes y sont très présentes, très justement représentées.
Et je plussoie Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui demandait sur Twitter : à quand l’installation de cette tendance en France ?
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