Mardi 18 juin, le président de la République, Emmanuel Macron, était en déplacement dans le Finistère, à l’île de Sein, pour commémorer le 84ᵉ anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940. Entouré de journalistes, Emmanuel Macron en a profité pour évoquer les législatives à venir, dénoncer le programme du RN, déraisonnable d’un point de vue financier selon lui, mais aussi dézinguer celui du Nouveau Front Populaire, renvoyant dos à dos (donc sur un pied d’égalité), la gauche et l’extrême droite.
Parmi les critiques émises à l’encontre du programme de la gauche, Emmanuel Macron a décrié sa nature « immigrationniste », mais aussi fustigé certaines propositions qu’il juge « complètement ubuesques comme aller changer de sexe en mairie ». Des propos qui ne passent pas, surtout dans un contexte où la transphobie et la haine des minorités sont plus que jamais présentes dans l’espace public, médiatique et politique.
Emmanuel Macron surfe sur la transphobie ambiante à des fins politiques
Ces propos ont particulièrement choqué. Déjà parce qu’ils font un raccourci dangereux : le programme de la gauche propose d’« autoriser le changement d’état-civil libre et gratuit devant un officier d’état civil », ce qui est sensiblement différent. Sur X, la Maire de Tilloy-Lez-Marchiennes, Marie Cau, a rectifié les propos du président :
Ne caricaturez pas les choses, on ne veut pas changer de sexe en mairie, mais changer la mention de genre sur nos papiers pour pouvoir vivre en paix, sans être discriminé et agressé. Rien d’ubuesque, juste le respect de la vie privée et de l’identité des personnes comme l’a indiqué la cour européenne des droits de l’homme qui est une organisation d’extrême gauche bien connue.
Marie Cau, X, le 18 juin 2024.
Ensuite, parce qu’ils marquent une scission forte avec la position du président il y a deux ans sur le sujet, comme le retrace le Figaro. Alors en campagne, Emmanuel Macron soutenait auprès du magazine Têtu tout l’inverse : « Les personnes qui s’engagent dans un processus de transition doivent être respectées dans leur choix et leur vie ne doit pas être rendue plus complexe par des procédures administratives si elles sont inutiles ».
Ce virage n’a rien d’anodin. Ces derniers mois ont été marqués par une résurgence des discours transphobes dans l’espace politique et médiatique, notamment à l’occasion des débats entourant le projet de loi LR visant à interdire les transitions de genre pour les mineurs, finalement adoptée par le Sénat en mai dernier. Anaïs Perrin-Prevelle, directrice de l’association Outrans, avait dénoncé ce texte, parmi les « plus restrictifs au monde en matière de prise en charge des mineurs trans ».
Dans la sphère politique et associative, on s’est bien entendu indigné des propos tenus par le président dimanche qui font le jeu du RN. « En pleine offensive transphobe, c’est irresponsable et immonde. L’extrême droite n’a plus besoin de faire campagne. Macron fait le travail », a ainsi condamné la députée LFI sortante Clémence Guetté sur X. SOS Homophobie a par ailleurs déploré l’instrumentalisation des « minorités dans la course au pouvoir ».
Les Commentaires
On va avoir le droit aux commentaires classiques avec le sport, les prisons, les toilettes et tout le tralala, on connait maintenant.