L’égalité des genre doit passer par l’université. Ce message, c’est celui qu’a prononcé Emma Watson hier à l’occasion du deuxième anniversaire du mouvement HeForShe organisé par l’ONU.
Cet événement était l’occasion de remercier dix universités pour leur engagement à atteindre l’égalité des genres d’ici 2020. Parmi elles, on retrouve Science Po, mais aussi l’université de Hong Kong ou celle de São Paulo.
Un discours porteur de changement donc, mais aussi revendicateur. L’actrice n’a pas hésité à utiliser cette tribune pour tacler l’impunité trop souvent liée aux violences sexuelles. Une thématique qui résonne dans l’actualité…
Le discours d’Emma Watson : la traduction
Je vous propose une traduction du discours. Pour celles et ceux qui préfèrent la version originale, des sous-titres automatiques en anglais sont disponibles dans la vidéo.
« (…) J’ai été diplômée de l’université il y a quatre ans. J’avais toujours rêvé d’y aller et je sais à quel point j’ai été chanceuse d’avoir l’opportunité de m’y rendre. Brown est devenu ma maison, ma communauté, et j’y ai appris des idées et des expériences que j’y ai vécu. Tout cela, je l’ai utilisé dans mes interactions sociales, au travail, dans ma politique… Dans tous les aspects de ma vie. Je sais que mon expérience de l’université a façonné celle que je suis.
[…] que se passe-t-il si notre expérience de l’université nous montre que les femmes ne sont jamais à des postes-clefs ? Que faire si elle nous montre que oui, les femmes peuvent étudier mais qu’elles ne devraient en revanche jamais présenter de séminaire ? Que faire si dans de nombreux endroits autour du monde, on dit que les femmes n’ont pas à parti de l’université du tout ?
Que faire si, et c’est le cas dans vraiment trop d’universités, nous avons transmis le message que les violences sexuelles ne sont pas de « vraies » violences ? […]
L’expérience universitaire doit dire aux femmes qu’elles ont une valeur intellectuelle, et pas que ça : qu’elles ont leur place dans les hautes sphères.
Elle doit montrer que la sécurité des femmes, des minorités et de chaque personne qui peut être vulnérable est un droit et non un privilège. Un droit qui doit être respecté par une communauté qui croit et apporte du soutien aux survivant•es. Qui reconnaît que quand la sécurité d’une personne est en jeu, c’est la sécurité propre de tout le monde qui l’est.
Une université devrait être un endroit où se réfugier, qui met en place des actions à l’encontre de toutes les formes de violence. […] »
Le discours d’Emma Watson : le changement doit venir des universités… pour la jeunesse
Depuis 2014, Emma Watson est ambassadrice itinérante pour les Nations Unies, et promeut les droits des femmes dans le monde. Surtout, c’est une féministe. Alors dans ce discours, elle parle de son expérience et comment l’université a forgé celle qu’elle est aujourd’hui.
Elle met alors le point sur le premier point qui lui semble important : celui de la représentation des femmes dans les équipes de direction. Les dix universités ici remerciées sont présidées par des hommes.
L’actrice reste positive tout au long du discours : le changement, on peut y croire. Si l’université l’a forgée, pourquoi ce lieu n’aiderait-il pas d’autres à défendre l’égalité des genres dans le monde ?
Le discours d’Emma Watson : comment ne pas penser à l’affaire Brock Turner ?
Le discours d’Emma Watson tourne également beaucoup autour des violences, notamment sexuelles.
Impossible de ne pas faire le lien avec l’« affaire Brock Turner », aux États Unis. Pour rappel, cet étudiant avait violé en janvier 2015 une jeune femme en état d’ébriété, derrière une benne à ordures, sur un campus. Il a été condamné à six mois de prisons dans un pays qui prévoit jusqu’à 14 ans pour une agression sexuelle.
Pourquoi une peine si faible ? Afin d’éviter à ce sportif « un impact sévère » sur son avenir. C’est qu’il était promis aux Jeux Olympiques, section natation… Finalement, Brock Turner est sorti de prison après trois mois, pour bonne conduite.
Une affaire malheureusement symptomatique de la culture du viol, dont madmoiZelle vous parlait dès 2012 en ces termes :
« La culture du viol décrit un environnement social et médiatique dans lequel les violences sexuelles trouvent des justifications, des excuses, sont simplement banalisées, voire acceptées. »
Oui, le viol est grave et non, les violeurs ne sont pas tous des monstres planqués dans une ruelle. Le rôle de l’université est de protéger les victimes, pas les élèves qui s’avèrent être des criminels.
À lire aussi : Et si les soirées étudiantes étaient féministes ?
HeForShe et Impact 10x10x10, des campagnes de l’ONU contre le sexisme
En septembre 2014, celle qui reste pour beaucoup « la fille dans Harry Potter » lançait la campagne/pétition HeForShe. Elle s’adressait aux personnes qui connaissent le féminisme et changent le monde à leur échelle.
« Je vous invite à sortir de l’ombre, vous, les « féministes introverti•e•s », et à vous demander : si ce n’est pas vous, qui agira ? Si ce n’est pas maintenant, quand impulserons-nous le changement ? »
En janvier 2015, une nouvelle campagne, Impact 10x10x10, était lancée afin de faire suite à HeForShe. L’idée est devenue de trouver des solutions pour agir ! L’actrice avait prononcé un nouveau discours poussant à la mobilisation.
« C’est un projet visant à toucher les gouvernements, les entreprises, les universités et leur faire prendre des engagements concrets pour l’égalité des genres. (…) Impact 10x10x10 se penche sur les mesures concrètes à mettre en œuvre pour améliorer la visibilité de ces engagements, et leur mesurabilité également. »
Un an après son lancement, Impact 10x10x10 a eu droit à son premier bilan lors de la conférence dédiée au deuxième anniversaire de HeForShe.
La conférence commence à partir de 31 minutes
Les campagnes de l’ONU contre le sexisme, est-ce que ça marche ?
Le problème de tout mouvement tel que le féminisme, c’est que le changement, ça prend du temps. Il faut éveiller les consciences, il faut réagir puis faire de ses valeurs une norme. Le changement ne viendra peut-être pas aujourd’hui, mais j’ai espoir ! L’engouement est là, l’engagement aussi. La différence commence à se voir.
L’affaire Brock Turner a eu lieu, oui, mais a énormément choqué le public. Des milliers de personnes se sont révoltées face à cette décision de justice et le juge qui avait traité l’affaire s’est retiré des affaires criminelles pour passer au civil.
Alors, quand quelque chose nous choque, agissons. Le sexisme peut être combattu, même si c’est long !
L’égalité des genres… et la paix dans le monde
En ce 21 septembre, nous célébrons la journée internationale de la Paix. Pourtant, le monde n’est pas en pleine forme aujourd’hui, à en juger par le nombre de conflits en cours… Si l’ONU s’est attardée hier sur l’importance de l’égalité femmes-hommes dans les universités, il est bon de rappeler l’importance de l’égalité pour la paix.
Parce qu’elles sont souvent les premières victimes collatérales d’un conflit, parce qu’elles constituent la moitié des personnes qui constituent une société en reconstruction une fois l’armistice signée, il est absolument nécessaire d’inclure davantage les femmes dans les processus de résolution de conflits — d’autant plus qu’il a été démontré que ceux-ci ont davantage de chances de réussir en étant inclusifs.
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires