Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, Emma a accepté d’éplucher ses comptes pour nous.
- Prénom : Emma
- Âge : 26 ans
- Métiers : fleuriste
- Allocation chômage : 900 € net mensuel
- Vit avec : sa mère et deux chats
- Lieu de vie : Un appartement dont sa mère est locataire, à Paris
Les revenus d’Emma
Emma a récemment créé une entreprise dans le domaine de la fleuristerie. Son activité ne lui permet pas encore de se verser un salaire, et elle vit actuellement de son allocation chômage.
« Je touche 900 € par mois d’allocation chômage. Ma situation financière est particulière, car j’ai reçu un héritage l’année dernière, une grosse somme d’argent. J’en ai injecté une partie dans ma société, l’autre partie est censée me faire tenir le temps de pouvoir me sortir un salaire.
Si je n’avais pas cet argent, je vivrais clairement sous le seuil de pauvreté. »
Elle n’a pas d’autre source de revenus.
Le rapport à l’argent d’Emma
Emma se décrit comme extrêmement dépensière et constamment à découvert. Elle aime se faire plaisir, et a du mal à se refuser les petites dépenses qui lui apportent de la joie :
« Si on me donne de l’argent, je le dépense. Je n’arrive pas à me canaliser et je dépense sans me soucier des prix alors que je ne peux pas me le permettre. J’ai du mal à résister aux petits plaisirs comme aller au restau ou boire des verres… Je suis souvent dehors et je vis pour les petits plaisirs. Je me dis toujours que ce sont des petites dépenses, mais mises bout à bout, ça fait beaucoup ! »
Elle a un découvert autorisé de 200 €, qu’elle utilise chaque mois. Pour elle, être à découvert n’est pas une situation stressante :
« Il ne faut pas dramatiser le découvert : être à moins 200 € tous les mois, ce n’est pas non plus être endetté sur 20 ans ! Pour moi, c’est une prestation bancaire comme une autre, elle fait partie du package. Par contre, quand j’atteins ce plafond, ma carte se bloque et je disparais de la circulation. Je ne dépense pas l’argent que je n’ai pas ! »
Son rapport aux dépenses n’est pas sans lien avec celui de sa mère qui a connu des périodes difficiles à cause de crédits :
« Ma mère a un rapport catastrophique à l’argent. Elle a toujours eu un très petit salaire pour subvenir à ses besoins et elle a contracté des crédits à la consommation ce qui l’a mise dans une situation financière très pénible par la suite. Aujourd’hui encore, elle a quelques dettes, et ses pensions ne lui permettent pas de subvenir à la totalité de ses besoins, mais par moments, elle fait de grosses dépenses.
Je sais à quel point on peut vite se retrouver dans la merde quand on dépense de l’argent qu’on n’a pas. Donc personnellement, j’évite les crédits à tout prix et je ne dépense que l’argent que j’ai… dans la limite de mon découvert. »
Les dépenses d’Emma
Chaque mois, Emma dépense environ 310 € en loyers. Elle paie un box de stockage pour ses affaires de 200 €, et 110 € de loyer à sa mère qui l’héberge dans son appartement de 55 m² à Paris.
Ses charges fixes mensuelles comprennent aussi un abonnement à la salle de sport (35 €), son téléphone (15 €) et Spotify (10 €). Ses frais bancaires lui coûtent 10 € par mois, et elle paie 46 € de complémentaire santé, ainsi que 75 € pour son abonnement aux transports en commun (depuis janvier 2023, ce tarif correspondant à un abonnement passe Navigo pour l’Île-de-France est passé à 84,10 €…).
Elle compte environ 150 € de courses alimentaires par mois, qui lui coûtent souvent assez cher.
« J’essaie d’aller au marché pour les légumes et au supermarché au quotidien. Je fais des petites courses très souvent au supermarché le plus proche sans me soucier du prix, mais au final, ça me revient assez cher. »
Enfin, les croquettes et la litière pour ses deux chats lui reviennent à 90 € mensuels.
Les dépenses loisir d’Emma
Le plus gros poste de dépense d’Emma se trouve dans ses loisirs. Ils lui coûtent 700 € par mois en moyenne, dans lesquels elle compte des sorties au cinéma, au musée ou au restaurant, mais aussi des boissons chaudes en extérieur et de la livraison de nourriture :
« Mon poste de dépense le plus élevé est celui des sorties (verres, restaurants) ainsi que mon addiction aux boissons chaudes. En septembre, par exemple, j’ai acheté 16 café latte. Je suis accro ! J’ai un rythme de sortie assez intense, je dirais que je sors au moins six fois par semaine entre les verres, les restaus et les sandwichs pris sur le pouce. Je vis pour ces petits plaisirs et je me dis que ce sont toujours des petites sommes. Mais mises bout à bout, ça fait un vrai budget.
Je n’arrive pas à me canaliser et je dépense sans me soucier des prix alors que je ne peux pas me le permettre. »
Elle explique qu’il est plus important pour elle d’être libre de faire ce dont elle a envie à l’instant T que de se restreindre et de budgétiser.
« J’essaie d’utiliser des applis pour budgéter et assigner des sommes à des dépenses, mais finalement, je dépense plus que prévu et ça me déprime. Je n’ai pas envie de me restreindre au moindre truc, mais c’est vite sournois…
Le mois dernier par exemple, j’ai fait des extras en me disant que j’allais épargner tout ce que j’avais touché. Un soir, je suis sortie et entre le fait de payer des verres, rentrer en VTC et me prendre un truc à manger à emporter sur le retour, j’ai dépensé 100 € en une soirée. »
Elle compte en moyenne 70 € par mois de dépenses dites « féminines » — celles qui sont souvent attendues des personnes perçues comme femmes pour répondre à des critères esthétiques patriarcaux. Ce budget varie selon ses envies et ses besoins :
« Je dépense entre 10 et 100 € suivant les mois. Tout dépend de mes protections hygiéniques, de si je vais aller chez le coiffeur, chez l’esthéticienne ou me faire les ongles… »
Elle estime dépenser environ 150 € par mois en vêtements, une moyenne à l’année qui varie énormément entre les mois où elle n’achète rien et ceux où elle peut faire de grosses dépenses à cet effet. De manière générale, elle essaie de consommer moins par éthique et pour son portefeuille.
L’épargne d’Emma
Si l’on additionne tous ces frais, Emma dépense plus ou moins 500 € de plus que ce qu’elle touche en allocation chômage. Pour pouvoir subvenir à ses besoins, elle se fait régulièrement des virements depuis son compte épargne sur lequel se trouve la somme dont elle a hérité.
« Je me dis que je n’ai pas été stratégique de devoir me faire autant de virements alors que j’ai un projet d’entreprise en parallèle. Mais je ne m’inquiète pas : je sais que je pourrai toujours me débrouiller pour m’en sortir. »
Elle économise 95 € par mois, 50 qu’elle place sur une assurance-vie et 45 € sur un PEL.
« Ces économies constituent de l’argent que je ne peux pas toucher et qui me servira plus tard à peut-être avoir des projets un peu plus solides, comme investir pour agrandir mon entreprise. »
À l’avenir, elle aimerait faire plus d’économies bloquées et mieux gérer son budget pour investir dans son entreprise, et faire de beaux voyages.
Crédit photo de Une : Caleb George
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