Lundi, vingt heures. Après une exténuante journée de cours et/ou de travail, l’envie de se déguiser en Old el Paso dans sa couette est généralement plus forte que celle de courir un marathon. Et puis le petit écran tend ses bras, semblant susurrer « Aie confiaaaaaannnnce… ». « La télévision est le chewing-gum de l’œil », disent les vieux : en attendant, ARTE HD a des sautes d’images et je fais de l’épilepsie devant la faune sauvage… zut alors. Je vais être obligée de regarder un truc débile.
L’amour est dans le pré
Ok, c’est un classique. L’amour est dans le pré c’est un peu l’émission qui réchauffe les petits cœurs de pas mal de jeunes femmes urbaines. L’ardeur dans l’herbe fraîche, la luxure dans la fiente de vache : M6 nous fait rêver pendant deux heures. De la présentation des agriculteurs en début d’année à l’émission hebdomadaire, y a de quoi faire.
« YOUREBIOUTYFUL, YOURBIOUTYFULITSTROU »
- Pourquoi c’est addictif ?
Parce que c’est toujours mignon de voir des gens tomber amoureux. Parce que c’est toujours drôle (et vicieux) de se moquer de la fille un peu neuneu qui tient la chandelle pendant une semaine. Parce que regarder Brenda, trente ans, esthéticienne à la manucure stiletto, se promener avec ses bottes Joules dans la crotte de poule, et Jean-Pierre, quarante ans, la calvitie précoce et un trouble de la parole, vivant chez sa mère, qui la mate comme on materait un McBaguette à 13h31, eh bien c’est cruel. Mais c’est agréable, aussi.
Parce que Karine Lemarchand, elle est naturelle et jolie. Elle n’a pas peur de faire du poney. Elle fait des blagues marrantes. Des fois, même, elle pleure. Elle a l’air bien réelle, quoi.
Parce que parfois, il y a des exceptions ! Eh oui, il est possible de découvrir un beau mec dans L’Amour est dans le pré, et la production a dû s’apercevoir que ça plaisait, parce que j’ai bien l’impression que le casting se bonifie avec le temps. Comme quoi, si vous êtes une femme « qui sait cuire » possédant des casseroles avec une queue « comme les bonhommes » (ah, Thierry, poète des pâturages), ça peut valoir le coup de tenter votre chance.
Mon incroyable anniversaire (My super sweet sixteen in English, yeah, right)
Une des perles de la série d’émissions très cérébrales diffusées sur MTV. En gros, on suit, pendant quelques jours, un-e adorable (non) adolescent-e qui prépare son seizième anniversaire. Perso, pour mes seize ans, y avait mon père, ma mère, mon frère, ma meilleure koupine et mon chien. Y avait un fraisier avec des bougies en chiffres moches parce que seize ça faisait trop. On a mangé des fajitas et j’ai eu des bijoux Claire’s qui ont tenu une éternité (deux mois). J’étais contente.
Mais ça, c’était avant de me rendre compte qu’il existait des jeunes qui invitaient 600 personnes plus deux stars interplanétaires. Ceux-là vont se faire fabriquer une robe sur mesure à l’autre bout du monde (néanmoins, elle est toujours laide et ultra kitsch). Ils dégustent du caviar (moi je mange du tarama à Noël quand même) et leur gâteau est une pièce montée de trente étages. Mais surtout, suuuuuuurtout, alors que moi, à vingt ans, je conduis la Clio utilitaire blanche et toujours sale de mon paternel, eux, les saligauds, reçoivent des Hummer saumon intérieur cuir et poignées en cristal Swarowski, ou des BMW X6 noires matifiées grâce à trente-sept pots et demi de Top Coat Velvet Mat de Chanel.
Pour mes 17 ans, j’ai demandé un poney.
- Pourquoi c’est addictif ?
Assister aux crises incessantes de Sandyrella car les canapés de la boîte sont recouvert de taffetas lilas et non pourpre clair (COMME ELLE L’AVAIT EXIGÉ PUTAIN) et aux élucubrations de sa pauvre mère, c’est presque plus réconfortant que de mater Freaky Friday. Et on se rend compte que c’est pas joli d’être capricieuse. D’ailleurs, j’invite ma maman chérie à se joindre à moi pour qu’elle se rende compte que je suis tellement plus agréable, moi.
Cela dit… ça fait un peu rêver quand même. Vivre dans une villa sur la West Coast et aller faire son shopping place Vendôme. Avoir un papa créateur de vêtements sexy, pote avec Johnny Hallyday qui veut faire de nous une star. Convier Cyril Lignac pour qu’il nous fasse un buffet. Lancer des centaines d’invitations dans un raz-de-marée de boloss prêts à tuer pour pouvoir voir notre magnifique entrée sur un carrosse en platine. If I was a rich girl, nananananananana…
Hollywood Girls
Oui, quand j’ai dit « débiles », je rigolais pas. Tu te rappelles quand tu essayais inlassablement de guérir ta Mamie de sa dépendance aux Feux de l’Amour ? Quand tu tentais d’expliquer à Chloé, ta copine, que Plus belle la vie y a pas plus tarte ? Maintenant que tu regardes Hollywood Girls tu es définitivement perdue.
Mais zut alors, y a pas de mal à se DÉTENDRE UN PEU DU SLIP. Ce n’est pas parce que tu es capable de t’émouvoir pour Ayem (ex-candidate sexy de Secret Story) que tu n’es pas capable d’aller voir un film d’auteur en V.O.
- Pourquoi c’est addictif ?
Parce que les actrices sont sublimes (et jouent diaboliquement bien). La série marque le retour de Shauna Sand, ex-star du porno qui a par exemple réalisé ce clip très WTF. Notre chère Nabinabila nationale montre également ses multiples facettes. En gros, le recyclage de télé-réalité est parfaitement maîtrisé. Ça joue aussi bien que ça parle français, mais bon, c’est rigolo.
Et c’est surtout un bel hommage à nos copains suédois ! Les scènes extérieures sont tournées aux États-Unis, certes, mais la magie de la télévision va plus loin en filmant les plans intérieurs en studio, directement chez nous. Et on remarquera que le mobilier est étrangement similaire à celui de bien des appartements français : Ikea a frappé ! La table Lack a encore de beaux jours devant elle. Et nous, on peut s’inspirer des décors pour notre propre déco.
Master Chef / Top Chef
Bon, c’est vrai, ces émissions ne sont pas si bêtes. On apprend des recettes de fifou en un temps record, on stresse (« Oh putain, je savais qu’il aurait dû mettre la tuile de Parmigiano Reggiano à côté du fagot de haricots sautés. Voilà, son dressage est foiré maintenant ! ») et pour finir, nous voici entrain de délaisser le hachis William Saurin pour en préparer un maison.
Bref, c’est bien, c’est beau, c’est bon. Je n’ai pas grand-chose à en dire du coup.
Tellement Vrai
Du lourd, c’est la règle d’or. Dans la lignée de Confessions Intimes, Tellement Vrai donne la parole à ceux qui l’ont trop peu. Parfois on se demande si on vit sur la même planète, mais en direct ou en replay, c’est l’émission qui marche toujours pour détendre une atmosphère un peu trop pincée.
Probablement une infirmière venue donner un éclairage professionnel sur un reportage.
- Pourquoi c’est addictif ?
On se maaaaarre ! La population humaine compte des spécimens bien divers, de l’éjaculateur précoce au sosie de Justin Bieber (mais en brun, moche et illettré) en passant par la couguar gonflée et la jalouse maladive. Ouais, y a de quoi faire et Mathieu Delormeau s’arrange toujours pour trouver la perle rare. Mais quand le reportage se passe à 10km de chez nous, ça fait un peu peur.
Cela dit, c’est pas si drôle. Parfois, ce sont tout de même de beaux reportages, bien qu’un peu tire-larmes : une mère de quadruplés, des enfants gravement handicapés qui se battent chaque jour pour vivre leur vie… Bref, les monteurs de l’émission doivent pas toujours être pétés de rire en ajoutant les synthés.
Surtout, Tellement Vrai, c’est l’occasion de te remettre à la page niveau musique actuelle. La production semble avoir été claire sur ce point : avec l’intégrale de la programmation de Virgin Radio, les oreilles des téléspectateurs tu accableras. En gros, si tu étais dans une grotte quand Carly Rae Jepsen a demandé qu’on la rappelle pour la première fois, voilà de quoi combler l’immense vide entre toi et le monde vivant. De plus, je note l’utilisation du pianiste Ludovico Einaudi et de Damien Rice dans les moments les plus tragiques. C’est pas un motif de main courante ça ? Merde alors.
Relooking Extrême (Extreme Makeover)
Oui, déjà « Ma chéri tou est manifayke parce que tou es un hache » c’est pas mal. Mais là on va plus loin. Alors que Nouveau look pour une nouvelle vie maquille, relooke et recoiffe des gens en mal de confiance en eux, dans Relooking Extrême, la chirurgie esthétique est un passage obligé. C’est un véritable ravalement de façade qui est offert aux participant-es.
- Pourquoi c’est addictif ?
PARCE QUE C’EST OUF. Ils arrivent à transformer des nanas vraiment pas très canons (genre, comme si tu créais un Sims et que tu mettais tout les boutons au maximum) en des bombes au moins dignes du casting d’Hollywood Girls.
En plus de ça, l’émission offre une grosse dose de kitsch américain : les robes meringues rose bonbon serties de strass, le sourire White Now, le générique en incrustation, les chirurgiens esthétiques momifiés, une révélation à la famille digne de Sissi l’impératrice… La magie des States.
Mais c’est également une belle métaphore filée de 30 minutes sur le classique « il faut souffrir pour être belle ». Lifting + liposuccion + régime drastique + ravalement complet de la dentition, c’est le minimum. Une bien belle leçon de vie, en somme.
Et vous, quel est votre petit plaisir coupable en matière de télévision ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
La seule et unique raison pour laquelle on reste kéblo devant cette émission c'est lui
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