La mannequin, actrice et autrice Emily Ratajkowski donnait naissance le 8 mars dernier – journée dédiée à la lutte pour les droits des femmes, ça ne s’invente pas ! – à son fils Sylvester Apollo, son premier enfant.
Alors qu’elle souhaitait au départ avoir une fille, Emily Ratajkowski se dit soulagée d’avoir eu un fils. En effet, elle ne souhaite pas à son enfant ce qu’elle a vécu, en tant que fille puis en tant que femme.
L’on apprenait récemment qu’elle avait été harcelée sexuellement par Robin Thicke lors du tournage du clip Blurred Lines. Ce qu’elle détaille dans son livre, My Body, qui va paraître dans quelques jours aux États-Unis.
En 2019, elle décrivait dans son texte Buying Myself Back son expérience avec le photographe Jonathan Leder, qui l’avait shootée nue alors qu’elle avait 21 ans, et qui l’avait lui aussi agressée sexuellement.
Une hypersexualisation inquiétante
Emily Ratajkowski explique aussi avoir senti son corps « sexualisé » bien avant la puberté. Le regard porté sur les filles, dès leur plus jeune âge, est dévastateur. Elle précise cela dans une interview au Elle américain :
« J’avais intériorisé le male gaze sans même m’en rendre compte. La maturité et une thérapie m’ont aidée à le comprendre. Eh bah putain, je ne veux plus de cela ! Il n’y a rien à perdre en se détachant de ça. Il faudrait que toutes les jeunes filles se départissent de ce conditionnement, et même les femmes de façon plus générale. »
Cette déclaration n’a donc rien à voir avec des présupposés essentialistes sur la nature des filles et des garçons, comme on peut encore trop souvent le lire dans des articles d’éducation dans des médias sur la parentalité mais bien d’un constat sur le traitement réservé aux filles dans une société patriarcale.
Les féministes, depuis peu, prennent à bras le corps le sujet de l’éducation et notamment celle réservée aux garçons, que l’on encourage à exprimer leurs émotions, à intégrer dès le plus jeune âge la notion de consentement. Le livre d’Aurélia Blanc : Tu seras un homme –féministe – mon fils ! est très intéressant à ce sujet !
Exprimer une préférence sur le sexe de son futur enfant : un sujet tabou
Il est délicat d’annoncer une préférence pour le sexe de son futur enfant. Emily Ratajkowski exprime d’ailleurs son soulagement… a posteriori.
Mais lorsque l’on est conscientisée sur les problématiques féministes et qu’on a déconstruit – un mininum – les biais sexistes de la société, on peut redouter, avec raisons, de mettre au monde une fille, qui va très certainement subir des discriminations. C’est en effet une crainte, peu exprimée, mais tout à fait légitime. Le journaliste Thomas Messias, dans un article de Slate, reconnaît avoir toujours eu le désir d’avoir des filles et l’exprime ainsi :
« J’ai réalisé qu’entre grandir fille ou grandir garçon, le fossé était grand. Les premières ne tardent généralement pas à apprendre qu’elles devront se battre pour avoir droit à autant de considération et de sécurité que les seconds, qui se vautrent dans des privilèges dont ils n’ont pas conscience. »
Par ailleurs, de plus en plus de couples font le choix de ne pas savoir le sexe avant l’accouchement, afin de ne projeter et plaquer aucun stéréotype de genre, avant même la naissance. C’est tant mieux !
La maternité encourage l’engagement
Pour contrer les stéréotypes de genre et la binarité imposée dès le plus âge, Emily Ratajkowski avait annoncé pendant sa grossesse qu’elle allait inculquer une éducation non genrée à son enfant. Elle anticipait alors « des possibilités qui sont beaucoup plus complexes que les organes génitaux avec lesquels notre enfant pourrait naître », comme elle l’annonçait sur les réseaux sociaux.
Emily Ratajkowski déclare également dans Elle qu’elle souhaiterait avoir d’autres d’enfants et qu’elle devra donc composer avec le fait d’avoir peut-être une fille.
Elle réfléchit en tout cas à ce qu’implique la maternité, interroge ses convictions féministes, mais déteste « l’idée selon laquelle, lorsque tu deviens mère, tout est bouleversé ».
Nous avons en tout cas bien hâte de lire son livre où il est beaucoup question de sa condition toute récente de jeune mère.
À lire aussi : Être une femme sexy et féministe selon Emily Ratajkowski
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Tout le monde ne le comprend pas, mais une personne handicapée passe sa vie à être dénigrée, souvent en premier lieu par sa famille et ses parents, donc l'idée qu'un papa d'un fils handicapé se réjouit spécifiquement de la "bonne santé" de son second enfant, ça tape là ou ça fait mal. Est-ce qu'on aurait pu avoir un débat au lieu d'une réaction émotionelle? Sûrement. Est-ce que c'est sorti de nul part? Non.