Emily Dickinson, une icône pour la Gen Z ? Non, vos yeux ne vous jouent pas des tours, nous sommes bien en train de parler d’une poétesse américaine qui a vécu au 19e siècle ! Plus de 130 ans après sa mort, elle s’est imposée comme l’adolescente la plus en vue du moment, et beaucoup d’entre nous rêvent de l’avoir comme amie.
Comment est-ce possible ? La série Apple TV+, Dickinson, joue beaucoup dans ce regain d’intérêt. Et les trois premiers épisodes de sa deuxième saison viennent tout juste de sortir sur la plateforme ! Mais avant d’en arriver là, un retour en arrière est nécessaire…
Qui était la poétesse Emily Dickinson ?
Emily Dickinson est née en 1830, dans la ville d’Amherst (Massachusetts), et y meurt en 1886 à 55 ans. À part quelques voyages à Boston ou Washington et un court séjour dans un séminaire féminin au mont Holyoke (également dans le Massachusetts), la poétesse n’aurait pas beaucoup quitté sa ville natale.
Elle n’a aussi pas eu la chance de connaître le succès de son vivant : 10 de ses 1800 poèmes (environ) furent publiés avant sa mort. Son premier recueil sort de manière posthume en 1890, après que sa famille a mis la main sur son œuvre. De nos jours, Emily Dickinson est considérée comme l’une des plus grandes poétesses américaines.
Mais pendant des siècles, elle reste une figure mystérieuse. Plus que cela, une image de vieille fille marginale lui a longtemps collé à la peau. De nombreuses biographies expliquent son habitude de s’habiller tout en blanc, ses manies casanières… Bref, une déviante qui n’aimait pas trop sortir de chez elle. En plus, elle est restée célibataire à vie, on ne fait pas plus excentrique !
Emily Dickinson, modèle pour les adolescentes timides ?
Il faut attendre de longues années avant que des universitaires ne s’intéressent à Emily Dickinson sous un autre angle que celui de la pure poésie. Dans les années 1970, des féministes de la deuxième vague analysent son oeuvre sous le prisme militant (comme Adrienne Rich), mais son image de recluse perdure.
En 2017, à l’occasion de la sortie du film A Quiet Passion, la BBC publie un article titré Pourquoi les adolescents maussades adorent Emily Dickinson. La poétesse y est décrite par l’actrice Cynthia Nixon comme la « patronne des gens timides » :
« L’idée que de tels poèmes auraient pu être écrits par une vieille fille isolée et solitaire s’est révélée irrésistible, en particulier pour des générations d’adolescents gauches et surmenés. »
Les jeunes y voient la preuve qu’on peut être antisociale et brillante. Pourtant, la vraie Emily Dickinson n’était pas une femme solitaire qui fuyait les relations sociales ! Dans le même article, l’universitaire Cassandra Atherton affirme :
« Loin d’être emprisonnée dans la maison de son père, elle était une poétesse brillante et subversive dont la rébellion se voit dans sa bataille contre le patriarcat. »
Une poétesse féministe en pleine rébellion, cela ne vous rappelle pas quelque chose ? C’est exactement la marque de fabrique de la série Dickinson, sortie en novembre 2019.
https://www.youtube.com/watch?v=g7KKbNuoPis
Emily Dickinson, icône queer et féministe en phase avec notre temps
Dans la série, la réalisatrice Alena Smith s’intéresse à la jeunesse d’Emily Dickinson, incarnée par la talentueuse Hailee Steinfeld. Dickinson joue sur une atmosphère pop, des situations absurdes et surtout de nombreux anachronismes. Des jeunes adultes du 19e siècle qui twerkent sur du Lizzo et déclarent « What’s up ? I’m chillin’ »? Très peu probable mais hilarant à l’écran !
Emily habite avec son père qui se veut cool (mais est misogyne) et sa mère coincée qui se plie aux normes genrées de l’époque. Rajoutez à cela un frère un peu égocentrique et une sœur qui suit les traces de sa mère, et vous avez l’idée.
Il devient facile de s’identifier à cette Emily adolescente. Elle déteste les tâches ménagères (après tout, pourquoi sont-elles réservées aux femmes ?), s’enferme dans sa chambre pour déverser son âme dans ses poèmes et fait des soirées quand ses parents sont absents. C’est une cool kid, terriblement dramatique et un peu égoïste. Une adolescente, quoi !
La recluse timide s’est transformée en jeune féministe qui se déguise en homme pour assister à des conférences interdites aux femmes. Elle est aussi dépeinte comme une icône queer qui entretient une relation passionnée avec sa meilleure amie et future belle-sœur Sue (des rumeurs existent réellement sur cette potentielle romance).
Dickinson a modernisé l’image de la poétesse et surtout a permis à une nouvelle génération de découvrir son œuvre. Alors pour la saison 2, on a hâte de voir ce que la plus cool des ados rebelles du 19e siècle nous prépare !
À voir sur Apple TV+ (7 jours gratuits puis 4,99€ par mois).
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