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Eloïse, 25 ans : « L’idée d’être en couple est devenue moins forte depuis que j’ai appris à m’aimer »

Chaque semaine dans Célib, des personnes de tous genres nous racontent les joies et les questionnements de leur célibat, qu’il soit choisi ou subi. Aujourd’hui, c’est Eloïse qui après avoir longtemps que l’amour d’un·e autre était essentiel à son bonheur, apprécie désormais sa propre compagnie.
  • Prénom : Eloïse
  • Âge : 25 ans
  • Lieu de vie : Paris
  • Orientation sexuelle et/ou romantique : plutôt hétéro en ce moment

Depuis combien de temps êtes-vous célibataire ? 

Je suis célibataire depuis toujours. Enfin, j’ai eu un amoureux en primaire pendant deux ans mais ça ne compte pas vraiment. Pourtant, je suis sûre d’avoir été très amoureuse. À l’inverse j’ai été « en couple » lorsque j’étais en première pendant un mois, mais c’était totalement platonique. Je considère donc avoir toujours été célibataire.

Comment décririez-vous votre célibat ? 

Pendant longtemps j’ai subi ce célibat, je me disais tout le temps : « Quand tu iras mieux (j’ai eu des TCA pendant des années), tu trouveras quelqu’un ». Je commençais chaque nouvelle année et nouveau chapitre en me disant que cette fois, ça allait m’arriver. Franchement, j’étais un peu obsédée avec l’idée d’être amoureuse, de vivre enfin ça moi aussi. J’écrivais beaucoup sur ce sujet dans mes journaux intimes, c’était une question qui revenait tout le temps : pourquoi pas moi ? Qu’est-ce qui va mal chez moi pour que ça ne me tombe pas dessus ? Je pensais très fort que c’était l’amour d’un·e autre qui allait me « réparer », me donner finalement confiance en moi, que ça allait me guérir.

Et puis petit à petit, j’ai appris à m’aimer sans l’aide des autres et l’idée d’être en couple est devenue moins constante. Je pense aussi qu’en grandissant je me suis plus ouverte aux autres et à l’amour que je pouvais recevoir de la part de mes ami·es. 

Maintenant je dirais que je vis très bien mon célibat. Je suis bien seule. J’ai du temps, j’ai le sentiment d’avoir une relation avec moi-même. J’apprends à me connaître, je prends soin de moi, je me respecte, je découvre mes limites – choses que j’ignorais avant parce que justement, je n’ai jamais été en relation. Bien sûr, j’ai des moments où j’ai des petits pincements au coeur quand, par exemple, je vois des couples dans la rue, le métro, et ils ont des petits gestes automatiques qui paraissent anodins et insignifiants et pourtant dans ces moments-là, je me dis que j’aimerais bien vivre ça, moi aussi. 

Mais bien qu’il y ait des moments où il pique un peu, je dirais que mon célibat est heureux. Je suis en paix avec ça, contrairement à avant. 

Votre célibat a-t-il une incidence sur votre vie amicale ou familiale ?  

Mon célibat n’a pas d’incidence sur ma vie familiale. Mes parents ne me mettent pas du tout de pression. Je leur ai même dit que je ne souhaitais pas avoir d’enfants donc c’est assez chill

Pour ce qui est de ma vie amicale, c’est un peu différent. J’ai eu des moments où j’avais le sentiment de ne pas être en mesure de comprendre complètement mes ami·es et ce qu’iels ressentaient à cause de leur relation. Je n’ai pas l’impression d’être légitime quand j’essaye de les aider pendant les ruptures ou les moments difficiles qui ponctuent le quotidien d’un couple. Et parfois je me sens un peu seule quand personne n’est dispo car iels sont avec leur partenaires. 

Avec les années qui avancent, les relations amoureuses de mes ami·es prennent un rythme différent. Plusieurs fois lors de périodes où je me sentais très seule, j’avais le sentiment de n’être la « priorité » de personne. Car quand on a une famille, pas forcément des enfants mais des frères et sœurs, cousins, parents…, et un·e partenaire et un boulot à plein temps, alors forcément il y a des relations qui sont moins prioritaires. Et j’ai de plus en plus l’impression que quand tu es célibataire, ça devient en quelque sorte ta responsabilité de maintenir le lien avec tes potes qui sont en couple. Et ça peut être un peu isolant par périodes.

Estimez-vous que le célibat a un impact sur votre moral, au quotidien ? 

C’est assez nouveau pour moi, mais j’ai commencé à me sentir seule dernièrement. Ce n’est pas une conséquence directe du célibat, puisqu’on peut se sentir seule alors qu’on est en relation mais ça y participe. Le manque de réconfort, de contact physique quotidien, d’une présence… Certains jours ça me touche plus que d’autres. Mais je sais qu’il suffit que j’envoie un message à mon groupe de potes en disant « help je me sens seule » et ça va enclencher une vague de soutien et d’organisation de plans donc rien de terrible !

Pensez-vous qu’être célibataire vous permet des choses que vous ne pourriez pas faire en couple ? 

Oui, c’est sûr. Je suis hyper libre dans mes décisions. Je n’ai pas à consulter qui que ce soit. Mais n’ayant jamais été en couple, j’ai un peu de mal à comparer avec des exemples concrets. 

En tout cas, ce qui est certain, c’est qu’être célibataire me donne le temps et l’espace de me consacrer réellement à moi-même. Depuis quelques temps, je prends le temps et la peine de me découvrir et c’est un vrai engagement qui demande beaucoup de travail. Je ne pense pas que j’aurais eu le temps de faire cela, ni même le désir, si j’avais été en relation type « couple ». 

Quand on est célibataire et que nos potes les sont aussi, c’est juste magnifique les liens qui peuvent se tisser entre nous. Parce que justement, il y a de l’espace mental disponible à une connexion réellement profonde et riche en émotions, de l’énergie, du temps… Je pense que lorsqu’on est en couple, il y a forcément moins de disponibilités, et beaucoup de besoins sont déjà satisfaits par une personne alors ça laisse un peu moins de place aux autres.

À l’inverse, pensez-vous qu’être célibataire vous empêche de faire des choses que vous pourriez faire si vous étiez en couple ? 

Je pense que oui même si je n’ai pas beaucoup d’exemples qui me viennent en tête. Le seul auquel je pense, c’est que si j’étais en couple, j’aurais l’occasion de me découvrir sexuellement, ce que je n’arrive pas à faire avec des inconnu·es. 

Le lieu géographique où vous vivez a-t-il un impact sur votre rapport aux relations amoureuses ?

Oui définitivement. Quand je suis à Paris, j’ai très souvent envie de dater, de rencontrer des gens nouveaux. Dans les grandes villes, il y a tellement d’activités à faire. C’est non-stop. Et je pense que je me projette un peu. Je m’imagine faire toutes ces sorties en couple. L’autre jour, j’étais à un concert et les émotions étaient tellement fortes que je me suis surprise à penser que j’aimerais bien avoir une personne à aimer très fort et à embrasser.

Quand je suis dans ma maison de vacances, cette envie me passe complètement. Je ne regarde même pas les gens autour de moi. 

Cherchez-vous activement à trouver une relation amoureuse ? 

Honnêtement, je ne sais pas si je cherche une relation amoureuse. J’ai du mal à savoir ce que je cherche mais oui, je cherche à vivre quelque chose de palpitant et qui se rapproche de l’amour en tout cas. Mais pas forcément une relation conventionnelle. Il y a plein de côtés du couple traditionnel qui ne me plaisent pas. Ça fait quelque temps que je déconstruis ça et maintenant, j’ai un peu de mal avec l’idée du couple. Mais je ne dirai pas que je cherche « activement ». Je souhaite faire des rencontres donc je suis sur une app mais ce n’est pas dans le but de trouver une personne avec laquelle avoir une relation amoureuse. 

J’ai commencé les applications de rencontre lorsque j’étais à l’Université en Angleterre, il y a à peu près quatre ans. J’ai été on and off sur Bumble. J’avais des périodes où je ressentais l’envie de rencontrer des gens, surtout en soirée et lorsque je m’ennuyais et ressentais un manque. Très vite, j‘ai réalisé que c’était en quelque sorte devenu une habitude. J’allais sur Bumble comme j’allais sur instagram.

Finalement j’ai réalisé, après plusieurs chances accordées à cette app et aux gens qui l’utilisent, que ce n’était vraiment pas pour moi. Plusieurs fois, je commençais à parler à des gens et puis la discussion s’éteignait. Ou alors je m’emballais et puis la personne me ghostait. Après plusieurs expériences de ghosting, j’ai commencé moi aussi à ghoster alors que c’est un comportement que je trouve vraiment minable. Mais je sais pas, après un temps, j’ai commencé à moins voir les gens comme des individus et plus comme des scénarios qui se répétaient constamment. 

J’ai eu quelques rendez-vous via mes rencontres sur Bumble mais rien de mémorable. Et puis finalement, j’étais tellement blasée et déçue de ne pas trouver des gens qui m’intéressaient que je me suis inscrite sur une autre application, plus ouverte, plus authentique. Et là, j’ai fait de très belles rencontres. Parfois je discute juste avec des gens pendant quelques jours, parfois plus longtemps. Parfois on se dit qu’on va se rencontrer mais finalement ça ne se fait pas, et parfois je les rencontre.

Comment décririez-vous votre rapport aux rencontres ? 

J’ai désormais un rapport assez sain aux rencontres. Je suis assez décontractée et j’ai fait suffisamment de dates pour connaître mes limites dans ce contexte. Je rencontre seulement quand je le désire vraiment, je ne me force à rien.

Le célibat amoureux a-t-il un impact sur votre vie sexuelle ? 

Oui. N’ayant jamais été en couple, je n’ai pas vraiment développé une sexualité à deux où la confiance est le maître mot. Et j’ai un vrai blocage maintenant quand je rencontre des partenaires sexuel.les. Je ne ressens rien. C’est comme si mon corps se mettait en veille. Pendant un temps, je cherchais activement des partenaires sexuels et je pensais être à l’aise avec quelque chose de ponctuel. Finalement, j’ai appris que pour ressentir même le minimum, il fallait que ça soit avec un·e partenaire régulier·e.

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Crédit : Midjourney

Ressentez-vous une forme d’injonction à être en couple ? 

Pas vraiment. Ou plutôt, pas encore. J’ai 25 ans donc pour le moment, je n’ai pas encore eu de commentaires désobligeants qui me confronteraient au fait qu’être célibataire ce n’est pas « normal ». 

Avez-vous un budget « dating » ? 

Je suppose que oui. Lorsque je rencontre des personnes, je paie mes verres. Mais c’est si peu régulier que ce n’est pas un budget très élevé. Il y a quand même le fait que je vais chez l’esthéticienne me faire épiler alors que j’ai si mal ! Ça c’est le pire, payer pour avoir mal mais finalement le refaire le mois suivant.

Quels sont vos projets pour le futur ? 

Franchement, quand je pense à mon avenir je ne me vois pas avec une famille nucléaire. Je me vois avec mon chien, avec mes ami·es, avec les enfants de mon frère et ma soeur, occasionnellement avec un·e partenaire, mais ce n’est pas ce qui va définir mon bonheur dans le futur. J’ai plein de belles choses à vivre avec les gens qui sont déjà dans ma vie et dont je ressens l’amour chaque jour. Alors oui, si je rencontre une personne avec laquelle je souhaite rester sur le long terme c’est bien, mais c’est du bonus. Ma vie sera tout aussi belle et agréable et réussie si je suis célibataire.

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Les Commentaires

3
Avatar de LisaouasiL
3 novembre 2023 à 22h11
LisaouasiL
J’ai beaucoup aimé ce témoignage, je m’y retrouve pas mal aussi ayant eu plusieurs expériences mais jamais vraiment de relations suivies. J’ai aussi ressenti l’envie d’être en couple dans des périodes difficiles durant lesquelles je me disais que c’était ce qui me manquait et me permettrait de me sentir mieux mais en fait je pense que c’était juste un leurre parce que c’est plus concret que de retrouver confiance en soi.
Je suis aussi curieuse de savoir à quelle application elle fait référence quand elle parle d’une plus ouverte et humaine, c’est pas du tout pour une amie haha !
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