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Poussez Madmoizelle  // Source : Unsplash
Poussez Madmoizelle

« J’avais l’impression que mon bassin allait exploser » : Manon raconte son accouchement

Ah, l’accouchement… Ce moment si incroyable, flippant et transformateur. Parfois rêve, parfois cauchemar, souvent un peu des deux. Une semaine sur deux, dans Poussez Madmoizelle, une personne nous raconte son accouchement. Cette semaine, c’est Manon qui nous livre le récit de la naissance de son fils, Émile, qui ne s’est pas tout à fait passé comme prévu.
  • Prénom : Manon
  • Âge au moment de l’accouchement : 30 ans
  • Bébé attendu le : 21 novembre 2021
  • Bébé arrivé le : 14 novembre 2021
  • Heure d’arrivée à l’hôpital : 20 heures le 13 novembre 2021
  • Heure d’accouchement : 23h46 le 14 novembre 2021
  • Poids et taille de l’enfant à la naissance : 3,905kg / 53cm

J’ai 31 ans, mon compagnon a 50 ans. Notre garçon, Émile, a 17 mois. Je n’ai pas d’autres enfants, mais mon compagnon a 4 filles de son précédent mariage, qui sont âgées de 22, 20, 18 et 9 ans. Notre bébé est né à une semaine du terme, le 14 novembre 2021.

À lire aussi : « Être là, seule, avec ce petit bébé que je ne connaissais pas, le soir, m’a donné le cafard » : Jeanne raconte son accouchement

Une grossesse attendue et arrivée rapidement

Avec mon compagnon, on parlait d’avoir des enfants depuis le début de notre relation. Après deux ans et demi passés ensemble, c’est devenu plus concret, vu l’âge de mon partenaire (49 ans que je suis tombée enceinte). Nous avons arrêté la contraception le 1er janvier 2021 et à la mi-février, j’avais la chance d’être enceinte

J’ai su très vite que j’étais enceinte, en faisant un test de grossesse. On était super heureux, car contrairement à beaucoup de personnes, ça a été tellement simple de tomber enceinte, quelle chance !

J’ai eu une superbe grossesse, rien à redire de particulier, quelques nausées les trois premiers mois. J’avais un ventre énorme à la fin de la grossesse, ce qui n’était pas pratique et même inconfortable. Mais à part ça tout était parfait. Une connaissance m’a parlé de son accouchement à la maison, ce qui m’a donné envie d’en savoir plus.

Un projet de naissance à la maison et de façon naturelle

Je m’étais extrêmement bien préparée à accoucher. J’avais lu beaucoup d’articles, de témoignages et de livres sur le sujet. J’avais regardé des reportages et écouté des podcasts. Je m’étais aussi entourée de personnes-ressources. Au fil de mon cheminement, j’étais sûre de vouloir un accouchement le plus naturel possible, car j’avais compris que nous, les femmes, sommes faites pour accoucher.

Dans la plupart des cas, il est possible de donner naissance naturellement, sans l’aide de la médecine. J’avais donc, bien sûr, une petite appréhension, surtout que j’avais prévu d’accoucher chez moi, à la maison, ce qui pour une première naissance est parfois plus risqué. Mais je me faisais confiance ainsi qu’à la nature, et à mon bébé qui savait ce qu’il avait à faire lui aussi. J’avais quand même rédigé un projet de naissance au cas où je ne pourrais pas accoucher chez moi : et j’ai eu raison de le faire !

Je me suis préparée à l’accouchement avec, d’une part, ma gynécologue, qui n’était pas du tout pour l’accouchement à domicile, mais qui a accepté de me suivre jusqu’au bout, après avoir précisé que son avis médical devait primer sur l’avis de ma sage-femme, ce que j’ai accepté. Et d’autre part, une sage-femme de ma région ainsi qu’une de ses collègues, spécialisées dans les accouchements à domicile (ce qui est rare !). 

Une connaissance, musicienne professionnelle, donnait entre autres des cours de chant prénatal. Étant moi-même musicienne, cette approche m’a parlé et m’a beaucoup aidé à préparer mon accouchement de façon concrète (pour gérer la douleur des contractions surtout), entourée de mamans ayant le même projet que le mien. Je chante toujours certaines berceuses apprises là-bas à mon bébé aujourd’hui. 

À lire aussi : « Je demande la péridurale et on me répond : prenez plutôt de la tisane » : Juliette nous raconte ses accouchements

« C’était une grosse déception et je craignais que mon accouchement tourne mal »

J’ai perdu le bouchon muqueux plusieurs jours avant mon accouchement et ai eu des contractions à une seule reprise pendant cette période. Un matin, le 13 février, j’ai remarqué des traces humides sur la chaise où j’étais assise : la poche des eaux était percée et de l’eau s’écoulait très très doucement. Il fallait que le travail se déclenche dans les 12 heures pour qu’un accouchement à domicile puisse se faire. Sans quoi, il était obligatoire d’aller à l’hôpital pour recevoir des antibiotiques en raison des microbes pouvant entrer par la poche percée.

Je suis allée voir ma sage-femme qui m’a dit que l’on attendrait le soir pour voir si le travail se déclenchait. Mais rien n’est arrivé… J’étais en pleurs ! J’avais tellement imaginé mon accouchement à domicile, la piscine gonflable était préparée, j’avais fait une playlist musicale (que j’ai prise à l’hôpital heureusement), préparé des bougies, etc. C’était une grosse déception et je craignais que mon accouchement tourne mal. La surmédicalisation, comme ce que j’avais parfois pu lire et entendre, m’effrayait.

J’ai eu la chance d’être accueillie dans une clinique assez portée sur la naissance naturelle et surtout qui avait été informée de mon souhait d’accoucher chez moi, et qui avait lu avec attention mon projet de naissance. Mon compagnon et moi sommes restés une nuit et une journée complète là-bas, dans une salle rien que pour nous qui nous avait été accordée.

Nous avions chacun un lit et pouvions profiter de la baignoire d’accouchement pour nous relaxer, c’était incroyable ! Le personnel médical a été patient, comme moi, le travail n’a pas été forcé, j’étais seulement sous antibiotiques et surveillée. C’est seulement à 17 heures le 14 novembre que les contractions ont commencé. 

J’ai d’abord ressenti un drôle de sentiment d’apaisement, je me balançais sur le ballon en écoutant ma playlist. Mon compagnon était allé me chercher des choses que j’aimais manger puis, peu à peu… les crampes ont commencé. D’abord, j’ai eu la diarrhée pendant plusieurs heures, j’étais scotchée sur les toilettes, je pense que cela a duré jusqu’à 22 heures. Le personnel soignant n’est quasiment pas venu pendant toute cette période, ils m’ont laissé gérer cela comme je le sentais. Je leur en suis très reconnaissante. 

À 22 heures, la douleur était trop forte, dans le bas-ventre et le bas du dos. J’étais recroquevillée sur le sol, j’essayais de trouver des positions pour me soulager. Une sage-femme est alors venue voir où en était le travail, je lui ai demandé si je pouvais encore avoir la péridurale (alors que j’avais bien spécifié dans mon projet que je n’en voulais pas… mais la douleur vous fait hésiter), elle m’a dit c’était certainement trop tard. J’ai dû m’allonger sur le dos (la douleur n’est pas supportable dans cette position, honnêtement !) afin qu’elle m’examine : j’étais déjà à 5 centimètres de dilatation !

Le chant prénatal pour gérer la douleur des contractions

Elle m’a dit : « Bravo Madame, vous avez déjà fait la moitié ! Vous allez continuer dans la baignoire… ». Une fois dans la baignoire, j’ai commencé à faire les sons gutturaux appris pendant ma grossesse afin de mieux gérer les contractions qui se suivaient très rapidement. Je n’avais que quelques secondes de répit entre chaque. Quand la douleur est devenue trop forte, j’ai supplié mon compagnon de faire avec moi ces sons, comme on l’avait appris (car il n’osait pas jusque-là). Il est venu avec moi dans la baignoire, me tenait fort les mains et prolongeait les sons que je faisais.

Une ou deux sages-femmes étaient près de nous, je les faisais rire, car entre chaque contraction, je disais : « Mais pourquoi j’ai choisi d’accoucher comme ça ??? Plus jamais je ne le referai ! ». Je riais de moi-même dans ces moments-là, avant la contraction suivante. J’avais l’impression que mon bassin allait exploser, je ne voyais pas comment un bébé allait pouvoir sortir de mon entre-jambe qui, vu d’en haut, me semblait très étroit !

Poussée, expulsion et première rencontre

Je n’ai pas pu accoucher dans la piscine, j’ai dû m’allonger pour l’expulsion, mais à ce moment-là, j’étais totalement ouverte donc la douleur était moindre. Une gynécologue, que je ne connaissais pas, mais qui était très bien, est venue à ce moment-là. Elle et les sages-femmes m’ont bien expliqué ce que je devais faire, quand je devais pousser et cela m’a aidée. J’ai eu une légère déchirure naturelle. Elles m’ont fait toucher la tête de mon bébé qui arrivait, c’était magique. Elles l’ont posé directement sur mon ventre, il a crié puis a grimpé jusqu’à mon sein pour téter, très calmement. Peu après, j’ai encore dû pousser un peu pour le placenta. 

Je me souviens d’avoir dit « Bonjour Émile, tu es là, comme tu es beau. On t’attendait… ». Je crois qu’on a versé quelques larmes et après un petit moment, mon compagnon a pu le prendre dans ses bras.

Émile est resté sur nous en peau à peau très longtemps, soit sur moi, soit sur mon compagnon. C’était une sensation magique que de sentir ce petit être contre moi. 

Un retour rapide à la maison

Nous sommes ensuite rentrés rapidement à la maison, on n’avait pas envie de rester à l’hôpital. Nous étions dans une chambre partagée et avions envie d’être chez nous. Il n’y a pas eu de complication, l’allaitement s’est bien passé, mais ce n’était pas simple, malgré tout. Mon compagnon faisait tout ce qu’il pouvait, mais il a dû retravailler très vite, étant indépendant. Nous étions surtout épuisés ! Nous ne dormions quasiment plus à la fin de la grossesse (je bougeais tout le temps dans le lit) et le pré-travail avait été très long, nous n’avons pas pu dormir à l’hôpital ni avant ni après la naissance. Nous étions trop excités, mais étions vraiment au bout du rouleau et les trois premiers mois de vie d’Émile ont été difficiles (il pleurait beaucoup, se réveillait énormément les nuits…).

Je pensais que mon accouchement naturel rendrait mon bébé plus « calme » après sa naissance, mais ça n’a pas été le cas. Il a fallu trois mois pour qu’Émile accepte sa nouvelle vie avec nous, accepte ce nouveau monde dans lequel il était tombé. Je n’étais pas déprimée du tout, j’étais super heureuse de mon accouchement et d’avoir mon bébé, mais j’étais vraiment épuisée.

Portage, cododo, peau à peau… Des débuts difficiles et épuisants

J’ai fait de mon mieux pour rassurer Émile au maximum : portage, cododo, allaitement, peau à peau, mais c’était crevant. Enfin, après trois mois, presque du jour au lendemain, mon bébé est devenu un charme et il l’est toujours ! Je crois qu’il nous faisait passer des tests de qualification pendant les trois premiers mois, mais, ouf : on a réussi !

Globalement, je garde un bon souvenir de mon accouchement. Je pense que si c’était à refaire, je souhaiterais accoucher dans une structure spécialisée et pas à la maison, comme c’était mon souhait de départ, parce que cela m’a rassurée de savoir que nous étions à l’hôpital s’il se passait quelque chose. Donc, j’accoucherais, par exemple, dans une bulle de naissance ou quelque chose comme ça. Je referai un accouchement naturel bien sûr. 

De cette expérience, je voudrais dire aux femmes enceintes de penser leur accouchement, de ne pas croire que quelqu’un fera tout pour elles (médecins, anti-douleur, sages-femmes, etc.) mais de se rendre actrice de leur accouchement.

C’est un événement unique dont les deux acteurs principaux sont, vous et votre bébé, et dans un second rôle le partenaire bien sûr. Tellement de femmes sont déçues de leur accouchement, je trouve cela dommage alors. Préparez-vous, renseignez-vous, soyez prêtes, vous en êtes capables !

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