« Faire famille autrement ». Tel est le mantra de Eun Seo-ran, sud-coréenne de 43 ans. Dans un livre paru en 2023, cette essayiste raconte comment elle a créé sa propre famille en adoptant sa colocataire et meilleure amie de 38 ans, un récit relaté dans Al-Jazeera et relayé dans Courrier International.
Une manière d’avoir un lien juridique
À 38 ans, Eo-rie, est donc devenue sa fille adoptive, elle n’a que cinq ans de moins que Eun Seo-ran. Les deux femmes sont meilleures amies et colocataires depuis sept ans. La seconde a adopté la première en mai 2022. Alors que Eun Seo-ran était hospitalisée, elle a pris conscience qu’elle avait besoin de quelqu’un à ses côtés. Pas seulement de manière personnelle mais aussi de manière juridique. Qu’elle pouvait avoir d’autres membres de sa famille que ses parents biologiques, que cette personne puisse lui rendre visite à l’hôpital en tant que membre de la famille et, le cas échéant, d’organiser ses funérailles.
Alors l’adoption constituait un ultime recours pour faire famille avec sa meilleure amie au regard du droit sud-coréen. Celui-ci ne reconnaît en effet comme membre de la même famille que les liens biologiques. Le mariage entre personnes de même sexe et l’union libre ne sont pas reconnus et la famille traditionnelle reste la norme.
Les femmes célibataires encourent un danger
Car en Corée du Sud, les stéréotypes de genre et le modèle familial nucléaire classique et hétéronormé sont encore très ancrés dans la société. Néanmoins, des choses bougent tout doucement, certains individus interpellant l’État afin d’étendre la définition de la famille, par exemple aux couples non mariés ou à des amis vivant ensemble, et revendiquent les droits et les services accessibles aux familles nucléaires conventionnelles.
Et pour cause, Seo-ran a maintes fois été questionnée de manière quotidienne sur sa vie amoureuse et son célibat. Elle rapporte que son propriétaire a même déjà essayé de s’introduire chez elle. Comme l’analyse Courrier International, en Corée du Sud, les célibataires habitent souvent avec leurs parents, et les jeunes femmes qui vivent seules sont presque comme en danger, car considérées comme vulnérables. Comme le rappellent toujours nos confrères, les célibataires ont par ailleurs onze fois plus de risques d’être victimes d’effraction que les hommes.
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