Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, Elise* a accepté de décortiquer ses comptes pour nous.
- âge : 25 ans
- métier : chargée de mission dans la fonction publique
- salaire mensuel net : 2 637 €
- lieu de vie : une maison de 100 m2 au sein du village de Miquelon, à Saint-Pierre-et-Miquelon
- vit seule
Les revenus d’Elise
Après avoir fini ses études en France hexagonale en août 2022, Elise a déménagé en octobre 2022 à Miquelon-Langlade, sur l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon situé à l’est du Canada, après y avoir été embauchée en tant que contractuelle dans la fonction publique.
« Depuis, j’ai signé un contrat d’un an qui est potentiellement renouvelable pour 5 ans — le temps de la durée du programme d’action sur lequel je travaille. Mon poste a été créé pour répondre à un programme d’action lancé par la commune, en lien avec la protection et la sensibilisation des habitants sur le risque inondation. »
Elise gagne actuellement 2 637 € net par mois. Comme elle était étudiante jusqu’à l’an dernier, elle ne paye pas d’impôts et n’est donc pas encore concernée par le prélèvement à la source.
Le rapport à l’argent d’Elise et son organisation financière
« J’ai conscience que j’ai de la chance d’avoir été embauchée aussi rapidement, en ayant peu d’expériences professionnelles, et sur un poste à responsabilités. Pour un premier emploi, je m’estime bien payée mais au vu du coût de la vie insulaire, ça s’équilibre. Cependant je me situerais quand même dans la catégorie « riche » car je peux partir en vacances sans trop me poser de questions concernant le coût. Je peux aussi manger et m’habiller sans me poser la question si à la fin du mois je serai à découvert ou pas. »
Elise a toujours surveillé ses dépenses, mais cela s’est accentué depuis qu’elle vit seule, d’autant que le coût de la vie à Saint-Pierre-et-Miquelon est élevé.
« Je fais attention à avoir assez pour payer mes factures. Je vois ensuite ce que je peux épargner et ce que je peux utiliser pour mes loisirs. Depuis que j’ai déménagé en Outre-mer, j’ai fait un tableau de compte pour voir où se situent mes dépenses et ce que je peux épargner ensuite.
Globalement j’ai une tendance à économiser ce que je ne dépense pas, soit pour faire face à un imprévu, soit pour un achat plus gros plus tard, soit pour les voyages. Et, plus récemment, j’économise sur un PEL pour un futur achat immobilier à plus ou moins long terme. En général j’épargne un petit peu sur ces quatre pôles, avec des variations en fonction des mois. »
Les dépenses d’Elise
La première dépense fixe qui pèse sur le budget d’Elise est le loyer. Elle débourse chaque mois 800 euros pour une maison de 100 m2 dans le village de Miquelon.
« La maison est trop grande pour moi toute seule, mais je n’ai pas eu le choix du logement. L’offre immobilière est très réduite et il est compliqué de se loger sur l’île. »
Le chauffage, au fioul, est l’autre grosse dépense d’Elise chaque mois : elle paie 400 € pour obtenir chez elle une température ambiante de 15°C.
« La maison date des années 70 et est une méga passoire énergétique, donc le chauffage me coûte très cher pour me chauffer à peine. »
Les autres frais fixes comprennent une facture d’électricité d’environ 60 € par mois, un abonnement internet à 55 €, un abonnement pour son téléphone à 12 € et 6 € de frais bancaires. Côté assurances, elle ne paye pas de mutuelle car elle est ayant-droit sur celle de son père, mais continue de payer 25 € par mois pour sa voiture restée en métropole. Elle compte résilier cette assurance en avril.
« C’est compliqué d’avoir des produits frais car les temps de transports sont longs »
Chaque mois, Elise estime payer entre 350 et 400 € de courses alimentaires. A Miquelon, il n’existe pas de grandes enseignes de distribution. Elle fait donc ses courses dans les deux petits commerces de la ville.
« Chaque semaine, en fonction des approvisionnements par bateau, les produits changent. C’est assez compliqué d’avoir des produits frais car les temps de transports sont assez longs et si la météo ne le permet pas, la livraison peut être retardée de plusieurs jours. Nous avons aussi des produits provenant du Canada. Pour ces derniers, j’essaye de faire attention car beaucoup contiennent des OGM. »
Concernant les dépenses dites « féminines », Elise a investi il y a 3 ans dans des serviettes lavables, puis dans des culottes menstruelles.
« Cela m’a coûté entre 250 et 300 €, soit 100 € par an ou 8,30 € par mois. J’ai conscience que l’investissement de départ est très conséquent et que je suis privilégiée car je peux me permettre un tel coût. »
En tant que lesbienne, Elise ne dépense pas d’argent pour une contraception, et partage avec sa ou ses partenaires les coûts de protection contre les IST.
Les loisirs d’Elise
Outre son abonnement Netflix à 10 € par mois, Elise dépense environ 100 € par mois pour ses loisirs. Si elle n’a pas pu se réinscrire au sport d’équipe qui la passionne faute de club sur l’île, elle paie désormais une adhésion de 20 € à l’année à une association de théâtre.
« Mes loisirs, c’est plus quand je pars en vacances, que je mange au resto ou que je visite des musées. Mais lors de la saison hivernale, tout est fermé et les tentations sont peu nombreuses. »
Elise achète très peu de vêtements et estime dépenser environ 100 € par an pour s’habiller, principalement dans des friperies ou des sites responsables/durables.
« Il y a évidemment les commandes par internet, mais beaucoup de sites n’expédient pas à Saint-Pierre-et-Miquelon, où les coûts de transport sont très élevés. Il faut aussi prendre en compte les frais de douane. »
L’épargne et les projets d’avenir d’Elise
Si Elise arrivait auparavant à épargner environ 1 000 € par mois, elle a dû revoir ce montant à la baisse en raison du coût de son loyer. Son objectif est aujourd’hui de mettre de côté près de 600 €.
« Je place une partie sur un PEL, une autre dans une épargne de secours, et une autre sur une assurance-vie. Mais ces derniers mois, entre le chauffage et le financement de mes futures vacances, mon épargne est plus faible. »
A court terme, Elise espère donc partir en vacances. Dans un avenir plus lointain, elle aimerait se réorienter vers un métier qui correspond davantage à son engagement et à ses aspirations.
« J’aimerais un métier plus centré sur l’agriculture pour retrouver une connexion à la terre et agir directement via la biodynamie ou la permaculture, par la création d’un éco-lieu… Pour lancer un changement social de nos habitudes de vie. C’est une pensée qui s’inscrit plus largement dans un idéal de vie écoféministe et queer. »
Merci à Elise* d’avoir répondu à nos questions !
*Le prénom a été modifié.
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Les Commentaires
Cependaaaaaaaant !
Saint-Pierre-et-Miquelon a une autonomie fiscale et donc sa propre gestion des impôts. Le prélèvement à la source ne s'y applique pas pour les résidents et leur revenus locaux.
@abou333
entre 16k et 17k de revenu pour le déclenchement de l'impôt pour une personne seule
Par contre aucune idée d'où vient le coup de l'étudiant qui à droit à une année sans impôt après ses études