Mardi 9 janvier, dans la cour de Matignon, Élisabeth Borne a laissé sa place au nouveau chef du gouvernement, Gabriel Attal. Celle qui était la deuxième femme de l’histoire de la Vᵉ République à occuper ce poste (depuis Édith Cresson en 1991), a adressé son discours de départ « à toutes les femmes », comme elle l’avait fait lors de son investiture :
« En prenant mes fonctions, j’avais adressé un message à toutes les petites filles, en leur disant d’aller au bout de leurs rêves. Je pense que mon parcours démontre que quelle que soit son histoire, tout est possible. Mais, j’ai aussi pu mesurer qu’il reste du chemin pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Alors, je le dis à toutes les femmes : tenez bon. L’avenir vous appartient. »
Plus tard sur X, l’ancienne Première ministre a réitéré ses propos, affirmant « continuer le combat » au côté des français•es. Pourtant, le passage d’Élisabeth Borne au gouvernement a aussi été synonyme de recul pour l’égalité femmes-hommes, comme n’ont pas tardé à le faire remarquer plusieurs internautes. Si la ministre, qui a eu 23 fois recours à l’article 49.3, a défendu cette année une centaine de mesures autour de l’égalité femmes-hommes, elle a aussi porté des réformes d’ampleur qui ont pénalisé et précarisé des milliers de Françaises. Liste non-exhaustive.
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La réforme des retraites
Ce fut sans conteste le dossier inflammable du début d’année 2023. Porté par Élisabeth Borne, la réforme des retraites a été passée de force par voie de 49.3 mi-mars.
Interrogée par Madmoizelle, Christiane Marty, ingénieure et membre du Conseil scientifique d’Attac et de la Fondation Copernic, décryptait alors pourquoi allonger la durée de cotisation à 64 ans affecterait davantage les femmes : « Elles ont déjà des carrières en moyenne plus courtes. Elles auront encore plus de mal à réunir la durée de cotisation nécessaire, et leur pension en sera diminuée, puisqu’elle est calculée au prorata de la durée de carrière. » Comme nous l’expliquait Christiane Marty, ce sont les inégalités femmes-hommes dans l’emploi qui vont avoir une conséquence directe sur l’accès à la retraite, du fait de l’écart de salaire pré-existant et de leur surreprésentation dans les carrières plus courtes.
La loi asile et immigration
La loi immigration, dénoncée par les associations comme « la plus répressive élaborée sur le sujet ces 40 derniers années », était un coup de massue supplémentaire pour les droits des femmes. Comme l’expliquait à Madmoizelle Me Elodie Journeau, une fois de plus, cette réforme aura des conséquences désastreuses pour les femmes.
« Si on stigmatise les personnes sans papiers, et que le délit de séjour irrégulier est rétabli, alors une femme victime de violences conjugales, ou de violences sexuelles, en situation irrégulière, y réfléchira à deux fois avant d’aller déposer plainte. Et de fait, si on refuse de prendre en charge l’hébergement et la mise à l’abri des personnes en situation irrégulière, alors, forcément, les personnes les plus vulnérables seront les premières touchées. Et ce sera le cas particulièrement pour ces femmes ».
Elodie Journeau
La réforme de l’assurance-chômage
De juillet 2020 à mai 2022, Élisabeth Borne occupe le poste de ministre du Travail. Sept moi avant d’être nommée Première ministre, elle porte une réforme profondément dévastatrice, celle de l’assurance-chômage. Cette réforme entraîne une baisse importante des allocations pour de nombreux demandeurs d’emploi, et notamment les plus précaires. Comme l’expliquait alors l’avocate Élise Fabing à nos consoeurs de ELLE, « statistiquement, les femmes sont bien plus nombreuses à exercer à temps partiel, ce qui impactera nécessairement à la baisse leurs allocations chômage en application de ce nouveau mode de calcul […]. Je pense à des jobs très précaires et essentiellement féminins comme baby-sitter, caissière, femme de ménages… ». Début 2023, la première ministre annonce alors revenir sur une des mesures controversées du texte : la diminution de 40 % l’indemnisation en cas de faible chômage. « Depuis le 1er février 2023, une autre réforme a adapté la durée d’indemnisation à l’état du marché du travail. De nouvelles règles devraient entrer en vigueur en 2024 », précise le site de vie-publique.
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