Être marié ou non ne fera bientôt plus partie du calcul pour l’allocation aux adultes handicapées (AAH). C’est ce qu’a annoncé, le 6 juillet 2022, Elisabeth Borne, lors de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée Nationale.
La Première ministre a assuré devant les députés que son gouvernement « réformera avec vous, avec les associations, l’allocation aux adultes handicapées » en partant bien « du principe de la déconjugalisation ». Est-ce une première victoire pour les associations spécialisées qui réclament cette mesure depuis des années ?
1,2 million de Français bénéficie de l’AHH
Pour rappel, l’AAH a vu le jour en 1975 et elle est destinée à compenser l’incapacité de travailler. Elle est calculée sur divers critères médico-sociaux et peut s’élever jusqu’à 904 euros par mois. Plus de 1,2 million de Français en bénéficie aujourd’hui, dont 270 000 couples, d’après les chiffres 2022 de l’Aide sociale.
Mais l’année dernière, vingt-deux organisations et association, dont APF France Handicap, avaient alerté sur la précarité des personnes handicapées, et appelé à « une réforme historique ». Ces dernières voulaient une mesure forte : que l’Etat « considère cette allocation avant tout comme un revenu individuel d’existence ».
L’accessibilité universelle pour les handicapées attendue depuis… 50 ans !
La question du handicap serait-elle enfin prise au sérieux par la politique macroniste, malgré la récente sortie validiste de Borne à une auditrice de France Bleu ? La Première ministre a assuré devant les députés, la mise en place d’une « conférence nationale du handicap » au début de l’année 2023.
Élisabeth Borne a également affirmé que le gouvernement agirait pour « l’autonomie des personnes handicapées » et de la « transformation des structures médico-sociales ». Un grand chantier donc en perspective.
Mais, les associations restent prudentes. Le Collectif Handicaps rappelle dans les colonnes du Monde, que l’accessibilité universelle pour les personnes à mobilité réduite, évoquée par Elisabeth Borne est « attendue depuis plus de cinquante ans » ! Le collectif ajoute qu’il se « réjouit de leur volonté à déconjugaliser l’AAH » mais qu’il restera « très vigilant à ce qu’il n’y ait aucun perdant après la réforme annoncée. » Affaire à suivre.
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Image en Une : © Marcus Aurelius – Pexels
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Les Commentaires
Maintenant qu'on en a deux manifestations assez claires (inscription du droit à l'avortement dans la Constitution et déconjugalisation de l'AAH), on reproche au gouvernement de faire preuve d'hypocrisie ou de démagogie. Il faut rester cohérent.