En France, en Belgique et dans la plupart des pays occidentaux, les enfants sont aujourd’hui élevés principalement par leurs deux parents (et parfois même par un seul – force et courage aux mères célibataires !). Bien sûr, il y a souvent d’autres adultes dans l’entourage qui peuvent filer un coup de main et offrir une grasse mat’ aux parents fatigués, mais l’essentiel du boulot éducatif repose sur les mères et les pères (quand ils s’impliquent).
Avec la pandémie, c’est encore pire : fermeture des crèches et des écoles, limitation voire suppression des visites aux grands-parents ou aux amis… (Vous aussi vous attendez la vaccination comme le Père Noël ?!) Bref, en 2021, les parents n’ont jamais été aussi seuls pour élever leurs marmots.
Le burn-out parental touche plus les pays occidentaux
Ce repli sur la famille nucléaire est un terreau fertile pour les burn-out parentaux, selon une récente étude menée par deux chercheuses de l’Université Catholique de Louvain en Belgique. Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak ont interrogé 17.000 parents dans 42 pays différents avec l’aide de partenaires pour vérifier si tous les pays du monde étaient touchés de la même manière par le burn-out parental. Sans surprise, ce n’est pas du tout le cas.
Voici la définition donnée par les deux chercheuses dans la revue Trends in Cognitive Sciences : « Beyond job burnout: parental burnout ! ».
« Le burn-out parental est un trouble survenant lorsqu’un parent est soumis à un excès de stress parental sans disposer de suffisamment de ressources pour en compenser l’effet. Le parent s’épuise alors dans sa parentalité, jusqu’à devenir l’ombre de lui-même puis l’opposé du parent qu’il était et voulait être. Les conséquences du burn-out parental peuvent être dramatiques, tant sur le parent lui-même (problèmes de santé, augmentation drastique des idées suicidaires) que sur ses enfants (augmentation nette du risque de comportements de négligence et de violence parentale, verbale et/ou physique).
Les pays occidentaux riches et individualistes
, dans lesquels les parents font en moyenne peu d’enfants, sont les plus touchés par le phénomène du burn-out parental. Ainsi, les cinq pays ayant le plus fort taux de burn-out parental sont la Belgique, la Pologne, le Canada, les États-Unis et l’Égypte (qui fait ici figure d’exception). La Finlande, la Suisse et la France viennent juste après.
Dans ces pays, entre 5 et 8% des parents interrogés seraient en situation de burn-out à la maison, contre 1 à 2% dans de nombreux pays d’Amérique du Sud, d’Afrique ou d’Asie. La Thaïlande étant, de loin, le pays le moins touché par le phénomène.
Burn-out parental, individualisme et perfectionnisme
Pour expliquer ce décalage, les deux chercheuses avancent des arguments culturels plutôt que des différences en matière d’indicateurs socioéconomiques ou démographiques. Plus un pays a une culture individualiste, plus le taux de burn-out parental est élevé.
Voici ce qu’en dit Isabelle Roskam, spécialiste du burn-out parental à l’UCLouvain :
« Nos pays individualistes cultivent le culte de la performance et du perfectionnisme. La parentalité y est une activité très solitaire, contrairement aux pays d’Afrique par exemple où tout un village se sent concerné par l’éducation des enfants ».
Une analyse sans doute inspirée de l’adage populaire : « il faut tout un village pour élever un enfant ». Et une piste intéressante pour tenter d’enrayer le phénomène. Le burn-out parental n’est pas qu’un phénomène individuel, il s’inscrit dans un contexte culturel global sur lequel on peut tenter d’agir pour offrir un meilleur réseau de soutien aux parents.
C’est d’ailleurs ce que préconisent les deux chercheuses ayant mené l’étude lorsqu’on leur demande quelles mesures pourraient être adoptées pour prévenir les burn-out parentaux :
« La première serait de raviver dans nos cultures la dimension de partage et d’entraide entre parents au sein d’une communauté. Et aussi, sortir du culte du parent parfait. Prendre de la distance, s’approprier les multiples recommandations liées à l’éducation pour en faire quelque chose de raisonnable et de bon pour soi, chacun à son niveau ».
Reste maintenant à savoir comment se recréer un « village » autour de soi en tant que parent, lorsqu’on vit loin de sa famille et/ou belle-famille. Et comment contrebalancer au quotidien les injonctions à être un meilleur parent et à suivre tel ou tel dogme éducatif sous peine de ruiner à tout jamais les connexions neuronales de son tout-petit. Mais ça fera certainement l’objet d’un futur article…
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Les Commentaires
De plus, le village en question peut-être toxique pour les parents ou l'enfant en question. Combien de fois j'ai vu des grands-parents critiquer leurs enfants au niveau de l'éducation qu'ils donnaient à leurs petits et tentaient de s'approprier leurs petits enfants ? Combien de couple parental s'engueulent et n'arrivent pas à se mettre d'accord (mais reste ensemble pour les gosses...) ? Combien de parents se déchaînent contre la baby-sitter, les profs et autres parce qu'ils ont une autre méthode éducative qu'eux (ou l'inverse) ?
Je pense que le problème, c'est surtout que dans une société individualiste, on a beaucoup de problèmes à travailler en équipe et à faire confiance aux autres. Si tu es parent, plus tu auras de personnes qui vont prendre en charge tes enfants, plus tu vas t'exposer à la critique, voir au conflit. Et je pense que beaucoup n'y sont pas prêts, car ils prennent toute critique constructive trop personnellement.