Le 9 juin 2024, les français étaient appelés à voter pour élire les députés qui siègeront en leur nom au Parlement européen. Avec un score de 31,4%, c’est le Rassemblement national qui est ressorti largement vainqueur du scrutin, décrochant 30 sièges. Le parti, dont la liste était menée par Jordan Bardella, signe une progression fulgurante, gagnant douze sièges supplémentaires. Comme le montrent les chiffres du scrutin, relayés notamment par Le Parisien, le vote RN est quasi-paritaire : 30 % des femmes ont donné leur voix à Jordan Bardella, contre 32 % des hommes.
Une réalité désolante, quand on sait à quel point le RN peut être destructeur pour les droits des femmes (et ceux des minorités). En mai dernier, Grève féministe alertait d’ailleurs sur le pouvoir de nuisance du RN. Le collectif dénonçait dans une tribune publiée sur Libération « l’instrumentalisation du droit des femmes par le Rassemblement national à des fins électorales », rappelant « qu’au Parlement européen, le parti d’extrême droite s’abstient ou vote contre systématiquement à chaque avancée féministe ». La preuve avec cette liste (non-exhaustive) de mesures auxquelles se sont opposés les eurodéputés RN lors de la dernière mandature.
Contre la protection de l’accès à l’avortement
Le 4 mars dernier, Jordan Bardella déclarait, auprès de TF1, « nous devons refuser qu’une seule femme en France puisse un jour s’inquiéter de voir un de ses droits reculer ». Mais, derrière les grandes phrases et les effets d’annonce, il y a la réalité historique d’un parti qui s’est toujours opposé à l’IVG. Ne serait-ce qu’au cours de la dernière mandature, rappelle Grève Féministe. « Le 26 novembre 2020 et en novembre 2021 les élu·es RN se sont opposé·es à une résolution condamnant la Pologne qui interdisait quasiment totalement l’avortement. Le 11 avril dernier, ils et elles se sont abstenu·es sur l’introduction du droit à l’avortement dans la Charte européenne des droits fondamentaux ».
Contre l’égalité professionnelle
En mai 2023, le RN s’est abstenu sur la directive européenne « sur la transparence et l’égalité des rémunérations » dont le but était d’appliquer l’égalité de salaires entre femmes et hommes pour un travail identique ou de même valeur. Une abstention dans la continuité de son désintérêt pour l’égalité professionnelle. En effet, l’année précédente, le Parlement européen avait été appelé à voter « pour un salaire minimum européen, fondé sur un « niveau de vie décent » pour chaque État membre. Cette avancée concerne en grande majorité des femmes, les plus nombreuses parmi les bas et très bas salaires. Parmi l’ensemble des eurodéputé·e·s français·e·s, seul le RN vote contre, au prétexte que cette question relève d’une compétence nationale », rappelle la Maîtresse de conférences Rachel Silvera, dans un billet publié sur le site d’Alternatives Économiques.
Contre la lutte anti-violences sexistes et sexuelles
En 2021, rappelle Grève Féministe, « les député·es européen·nes RN ont voté contre une résolution prévoyant des formations contre le harcèlement sexuel au sein des institutions de l’Union européenne ». L’eurodéputée RN Annika Bruna avait déclaré s’opposer à cette mesure puisque « les hommes ne sont pas tous des coupables en puissance nécessitant d’être rééduqués par les féministes ».
Fidèle à ses convictions rétrogrades, le parti s’abstient lors de la ratification par le Parlement européen en 2023 de la Convention d’Istanbul, sur « la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique ».
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