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J’ai testé pour vous… être éducatrice spécialisée

Louise est éducatrice spécialisée depuis trois ans. Ce métier n’est pas toujours facile, mais il est extrêmement enrichissant !

Article initialement publié le 2 mars 2015

Au collège, j’avais deux envies principales niveau métier : prof et commissaire. Oui, commissaire. Mais genre direct commissaire, sans passer par la case officier de police.

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Mon idole. 

Mais les réalités de ce métier n’étaient pas évitables, et finalement prof ne me tentait pas tellement. Quand il fut question de choisir mon orientation post-bac, je n’avais donc pas vraiment d’idée fixe.

À lire aussi : J’ai testé pour vous… être prof stagiaire

Devenir éducateur•trice spécialisé•e : une orientation un peu hasardeuse

J’ai fait le point avec la conseillère d’orientation, qui m’a fait passer des tests pour cibler les domaines qui conviendraient à ma personnalité. Et il en est ressorti que le social serait fait pour moi. Sauf qu’elle ne connaissait pas beaucoup ce milieu, et ne m’a donc pas très bien orientée. D’abord parce qu’elle m’a uniquement parlé du métier d’éducateur spécialisé, alors qu’il y en a plein d’autres : moniteur•trice éducateur•trice, conseiller•ère en économie sociale et familiale, assistant•e social•e, aide médico-psychologique, etc.

Et en plus, elle m’a fait passer les concours d’entrée en formation sans même me conseiller de faire un stage ou un séjour avec une asso spécialisée avant, histoire d’être sûre que ça me conviendrait. J’ai appris une fois arrivée en formation qu’il était fortement préférable de découvrir un peu le terrain avant de se lancer dans les trois ans d’études.

Ceci dit, ça ne m’a pas empêchée d’obtenir les concours et de réussir mes études, mais ça aurait été un plus quand même : aujourd’hui je le conseille à ceux qui veulent entrer dans le social. Si vous le pouvez, essayez de décrocher ce que l’on appelle un pré-stage : c’est un stage d’observation de quelques mois, rémunéré ou non selon les établissements. Au moins on peut se faire une idée de la réalité du terrain, qui d’ailleurs ne colle pas forcément avec la réputation de ce domaine ou ce qu’on apprend en formation !

D’après le Ministère des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits des femmes, l’éducateur•trice spécialisé•e

« concourt à l’éducation d’enfants et d’adolescents ou au soutien d’adultes présentant un handicap, des troubles du comportement ou qui ont des difficultés d’insertion.

Par le soutien qu’il apporte et par les projets qu’il élabore, il aide les personnes en difficulté à restaurer ou à préserver leur autonomie, à développer leurs capacités de socialisation, d’intégration et d’insertion.

Il favorise également les actions de prévention. Son intervention se situe aussi bien dans le champ du handicap, de la protection de l’enfance, de l’insertion sociale et professionnelle, de la prévention spécialisée. »

À lire aussi : J’ai testé pour vous… être conseillère d’orientation — psychologue

Devenir éducateur•trice spécialisé•e : les formations

Suite à cette proposition d’orientation, j’ai donc tenté les concours. Il existe deux types de cursus pour être éducateur spécialisé :

  • soit on fait un DUT carrières sociales pendant deux ans, plus une année de spécialisation pour être éduc
  • soit on fait trois ans de formation professionnelle dans une école.

Dans les deux cas, tout est financé par le conseil général. C’est ça l’avantage de ces études, on doit juste débourser des frais de dossier (500€ en moyenne par an), c’est tout ! Par contre, il est conseillé de tenter les concours à plusieurs endroits pour être sûr•e d’être admis•e au moins à l’un d’eux, car les concours sont assez difficiles.

Il y a une partie d’écrits, avec tests d’orthographe, texte à rédiger et questions de culture générale. Et une partie orale, si vous êtes admis•e à l’écrit, où vous passez un entretien avec un professionnel du métier et un formateur de l’établissement.

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Et là, il faut démontrer qu’on a vraiment très envie d’aider les gens pour un petit salaire, qu’on adore les personnes handicapées, et qu’on aimerait beaucoup aider des sans-abri à surmonter leur addiction à l’alcool. En gros.

Attention cependant : les concours sont à prévoir un an à l’avance. Les sessions d’admission sont en effet organisées principalement entre septembre et novembre, pour une rentrée en septembre de l’année suivante.

Une fois que j’ai eu mes concours (et mon bac, accessoirement), je suis entrée en formation professionnelle, à l’IRTS (Institut Régional du Travail Social). C’est l’établissement le plus connu et étendu, il y en a dans toute la France. Pendant trois ans, on alterne cours et stages.

J’ai pu réaliser trois stages différents : le premier avec des personnes handicapées, le deuxième avec des sans-abri, et le troisième dans un quartier difficile, auprès de jeunes délinquant•e•s.

La formation est vraiment enrichissante : on a différents formateurs et intervenants extérieurs, on partage notre temps entre le terrain et les cours, et les examens de fin d’année ne sont pas insurmontables. Il y a des dossiers d’étude à réaliser durant les trois ans, ainsi que des oraux et des écrits à passer en fin de parcours. Par contre, il faut aimer le côté scolaire de l’IRTS.

Les formateurs sont ainsi très présents, autant pour suivre nos écrits que pour vérifier que l’on va bien en cours. Et parfois ça peut poser problème quand la moyenne d’âge de la promo est de trente ans : j’étais l’une des plus jeunes du haut de mes 19 ans, rapport au fait que tous les autres avaient eu la bonne idée de se faire une expérience avant la formation, comme conseillé.

Devenir éducateur•trice spécialisé•e : différents stages pour un métier pluriel

Il faut faire un stage par an, d’une durée d’entre six et onze mois selon les écoles. Et il faut qu’ils soient variés : on ne peut pas aller uniquement travailler avec les enfants par exemple ! Il faut diversifier les lieux, et c’est d’ailleurs l’une des principales raisons qui font que j’aime ce métier : le social est aussi varié que le nombre de personnes qui y sont accompagnées.

Concrètement, il existe trois grands domaines : la protection de l’enfance, le handicap et l’exclusion. Et dans chacun d’eux existe une multitude d’établissements. On ne dirait pas, mais dans chaque ville se cachent des associations dont vous ne soupçonniez même pas l’existence !

Être éduc, c’est savoir travailler à la fois dans un foyer qui s’occupe d’enfants placés, dans la rue auprès des sans-abri, dans un établissement qui accueille des personnes toxicomanes pour la nuit, ou encore dans les prisons.

Et tout ça, on l’apprend en formation et en stages. Le contenu des études est très varié, et un éduc doit être capable de travailler partout une fois diplômé•e. Évidemment, on ne sait pas tout après trois ans, mais on sort avec une bonne base et on passe notre vie professionnelle à en apprendre tous les jours.

Et c’est là que vient la deuxième raison principale pour laquelle j’aime le social : travailler avec l’humain, c’est accepter de se renouveler au quotidien.

Quand on a l’opportunité de travailler en tant qu’éduc, tout comme dans tout autre métier du social, on a sous notre responsabilité des personnes de tous âges, de toutes origines, avec chacune leur propre parcours. Ça nécessite donc d’être constamment vigilant pour être pertinent•e dans notre accompagnement. Il faut être capable de s’adapter à chaque individu, et de proposer un suivi éducatif qui soit en adéquation avec son histoire de vie, sa personnalité et son projet d’avenir.

Clairement, si tu bosses avec une personne psychotique qui ne supporte pas de ne pas avoir un planning précis de ses activités, tu ne vas pas lui dire « Aller à la piscine demain ? Ouais, nan, je sais pas, on verra ! ». Ou alors, si un ado est en crise très conflictuelle avec sa mère, tu ne proposes pas une semaine en tête-à-tête, elle plus son fils, dans le Jura à faire du camping. Donc, tu ne fais pas comme Pascal, le grand frère en fait.

Ce qui m’amène à un point très important : non, Pascal, le grand frère n’est pas un modèle d’éducateur à prendre.

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Ceci est le Mal.

Je vous parlais de la réputation du social : eh bien ce cher Pascal ne représente pas du tout ce qu’est le métier d’éduc, ni à quoi ressemble le social aujourd’hui. Non, tout ne se résout pas en faisant de la boxe. Non, l’éducateur n’est pas au centre du projet, c’est la personne qui doit l’être ! On ne dit donc pas des phrases comme « tu me déçois », ou « pourquoi tu me fais ça alors que je t’avais dit de faire autrement ».

Devenir éducateur•trice spécialisé•e : des spécialisations

Généralement, chaque éduc a un domaine de prédilection. C’est-à-dire un type de public qu’il préfère accompagner, parce qu’il s’y sent à l’aise, parce que ça l’épanouit. En l’occurrence, moi j’ai eu ce que j’ai appelé « un coup de cœur professionnel » lors de mon deuxième stage. Comme je n’avais aucune expérience à mon entrée en formation, j’ai en effet fait en sorte de varier mes stages, et j’ai réalisé celui de deuxième année dans un CHRS (Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale) (ouais, on aime les sigles dans le social).

En gros, c’est un foyer d’accueil pour sans-abri ; les éducs sont là pour aider les personnes à retrouver un travail, un logement et une santé. J’ai débarqué là-dedans à 20 ans, en étant la seule femme de la structure (on accueillait que des hommes, et l’équipe n’était faite que d’hommes également).

J’ai galéré, je ne connaissais rien à leurs problématiques, je me suis pris des mains au fesses, j’ai dû gérer des conflits dangereux, me faire entendre, etc. Mais j’ai adoré ! Pour moi, c’est un public vraiment intéressant : on y croise toutes sortes de parcours de vie, d’origines et de projets de vie. Ça a été le lieu de stage qui m’a le plus appris, et j’avais hâte de retourner travailler avec ce type de personnes une fois diplômée.

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À lire aussi : Je travaille dans un foyer d’hébergement pour S.D.F. — Témoignage

Devenir éducateur•trice spécialisé•e : un métier enrichissant mais difficile

Aujourd’hui ça fait plus de trois ans que je suis diplômée. Et la description de ces dernières années va m’amener à un point un peu négatif, mais important à savoir : il n’y a pas beaucoup d’opportunités de travail actuellement dans le social. En gros, ça fait trois ans que j’alterne les périodes de chômage, avec CDD de remplacement dans diverses assos.

L’aspect positif, c’est que je varie mes expériences et que je me suis créé un petit réseau de contacts. Mais c’est une réalité à ne pas négliger : le manque de moyens et le peu de départ en retraite font qu’il y a très peu de postes à pourvoir. Les propositions de CDI sont rares, et quand elles apparaissent, elles sont très vite attribuées.

Ceci dit, j’encourage quand même ceux et celles qui veulent se lancer à le faire, parce que ça reste un métier vraiment enrichissant. Malgré les galères financières, je continue de m’accrocher et je fais ce métier avec un réel épanouissement !

Mon parcours a fait que j’ai pris les offres d’emploi qui se présentaient, et au début j’ai travaillé essentiellement avec des enfants placés en instituts. Ça n’est que récemment que j’ai pu retourner accompagner des sans-abri : je viens de faire six mois de remplacement dans un CHRS. Et j’ai retrouvé cet intérêt que j’avais eu en stage, ça a confirmé que le domaine de l’exclusion était ce qui me convient le mieux. J’espère avoir l’opportunité de retourner y travailler !

Pour conclure, je dirais qu’être éduc aujourd’hui, ce n’est pas facile mais qu’il faut le faire si on en ressent l’envie. C’est dificile parce qu’il y a peu d’emploi actuellement (mais ça va remonter, ça marche par vagues) et qu’on est peu payé (1200€-1500€ nets en début de carrière, 2200€-2500€ nets à la fin) (ça par contre, ça ne va pas remonter, ne rêvez pas). Mais c’est un métier tellement enrichissant humainement !

On oublie vite la fatigue et la galère face au sourire d’un enfant qui a adoré la balade au parc que vous lui avez proposé, face au « merci » sincère d’une personne que vous avez aidée à sortir de la rue, ou à contrôler ses addictions… Ou quand un parent vous dit qu’il est prêt à se remettre en question pour s’occuper de son enfant.

Être éduc, ça vous change, ça rend plus ouvert•e d’esprit, plus réfléchi•e sur le rapports aux autres, on se remet en question et on évolue tous les jours. On encaisse des coups durs pour mieux affronter les suivants, on apprend à être tenace et sûr de soi, et surtout on peut faire beaucoup avec pas grand-chose !

À lire aussi : La maraude auprès des sans-abri, ça se passe comment ?

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Les Commentaires

44
Avatar de Lowrained
17 février 2016 à 21h02
Lowrained
Pour les coups les formations du social dépende principalement des régions. Sur Paris faut aller voir le lien de @CrystalEnki en général au minimum ils remboursent les frais de scolarité. En ayant jamais était boursière c'est ce que j'avais eu le remboursement de mes inscriptions sur les 3 années ce qui n'est pas négligeable. Par contre faut être patient ça met entre 2 et 3 mois ...
Après surtout ne pas hésiter à se renseigner auprès de son école, ils doivent bien savoir ça.
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