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Parentalité

6 conseils pour parler du consentement aux enfants

Pas besoin d’attendre l’adolescence pour parler de sexualité et de consentement avec les enfants !

Article publié initialement le 23 janvier 2019

Pour lutter contre les violences sexuelles, rien de tel que de sensibiliser les adultes de demain (et donc les enfants d’aujourd’hui) à l’importance du consentement. Voici quelques conseils pour y parvenir.

Conseil n°1 : ne pas attendre l’adolescence

Parler de consentement (et de sexualité en général) au moment de la puberté, c’est déjà trop tard. Il est important, en tant que parent et plus globalement en tant qu’adulte, d’essayer de créer une relation de confiance et un espace de discussion sur ce sujet-là dès que possible. On peut parler très tôt de corps et de sexualité aux enfants en s’adaptant à leur âge.

« L’adolescence ça se vit entre pairs, en opposition à ses parents, donc ce n’est pas l’idéal pour démarrer un dialogue », explique Émilie Parent, coordinatrice et éducatrice de l’association PULSE qui organise des ateliers d’éducation à la sexualité pour les adultes et les enfants.

À l’adolescence, les jeunes vont spontanément se tourner vers d’autres sources d’informations que leurs géniteurs. Autant faire en sorte de leur avoir fait passer quelques messages auparavant.

En plus, les enfants sont parfois confrontés au sujet plus tôt qu’on ne le pense. Un tiers des personnes âgées de 18 à 30 ans a déjà regardé un porno à l’âge de 12 ans, selon une enquête OpinionWay de 2018.

Sans oublier, bien sûr, que l’éducation au consentement peut donner des clés aux enfants pour faire face à des situations beaucoup plus dramatiques, comme des actes pédocriminels ou des attouchements et agressions sexuelles entre enfants (oui, ça existe, et ce, dès la maternelle).

Conseil n°2 : en parler autant avec les garçons qu’avec les filles

Bon, ça tombe sous le sens, mais c’est quand même important de le rappeler. Spontanément, en tant que parent, on a naturellement tendance à vouloir protéger nos filles d’une éventuelle agression sexuelle (ou d’un viol) en leur répétant : c’est ton corps, tu peux dire “non”, etc. Accompagné parfois, d’un tas de messages anxiogènes et toxiques à base de “la nuit c’est dangereux” ou « tu ne vas pas sortir habillée comme ça » etc. (Mais on en reparlera parce que ce n’est pas le sujet de cet article…)

On oublie parfois que les garçons peuvent, eux aussi, être victimes (notamment quand ils sont mineurs) et surtout – même si c’est insupportable à imaginer – qu’ils pourront être de potentiels agresseurs plus tard.

Comme le souligne très justement Aurélia Blanc dans son livre Tu seras un homme féministe mon fils : « Nous nous inquiétons du jour où nos filles seront agressées, sans concevoir un instant que nos fils puissent être les agresseurs ».

Le mieux c’est donc d’apprendre à tout le monde à dire « oui » ou « non », et à s’enquérir du consentement de l’autre. Rien de tel que l’éducation au consentement pour lutter contre les violences sexuelles.

Conseil n°3 : adapter le vocabulaire à l’âge des enfants

La notion de consentement, qui est plutôt juridique, n’évoque évidemment rien à des pitchounes de 3 ans (et demi ! À cet âge, ça compte). Mieux vaut donc privilégier des formulations et des exemples adaptés à leur niveau de compréhension : « si on te propose de faire quelque chose, comme jouer ou faire un bisou, tu as le droit de dire oui ou non, et les autres aussi ».

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Clique sur l’image pour voir la BD d’Elise Gravel

Attention toutefois à bien choisir les mots que l’on utilise pour désigner certaines choses. Émilie Parent, par exemple, déconseille de parler de « câlins », pour répondre à un enfant qui s’interroge sur ce que « faire l’amour » veut dire. « Les adultes font aussi des câlins aux enfants, donc utiliser ce terme dans ce cadre-là, peut créer de la confusion. Moi, je préfère utiliser l’expression “s’embrasser avec tout le corps”, mais chacun peut réfléchir à la bonne formule », complète-t-elle.

Enfin, l’éducatrice recommande d’utiliser des termes exacts pour parler des organes génitaux : pénis, vulve, testicules, vagin, etc. Et pas uniquement des surnoms comme zizi ou zézette. « Pour moi, c’est vraiment la base. C’est important qu’ils connaissent ces termes-là et apprennent à en parler sans gêne ».

Conseil n°4 : savoir saisir les occasions d’aborder le sujet

Pour sensibiliser les enfants au consentement, on peut profiter d’occasions comme le bain pour parler du corps de l’enfant, en nommant à voix haute les différentes parties. Et en l’informant, voire en lui demandant l’autorisation (selon son âge) avant de faire quelque chose. « Est-ce que je peux te laver le pénis maintenant ? »

D’une manière générale, on peut tout à fait transposer la question du consentement à des situations de la vie quotidienne. Quand il ou elle ne veut pas faire de câlin, ou a envie de jouer avec un autre enfant qui refuse, etc.

Chacun a ensuite sa méthode pour faire réfléchir les mômes : poser des questions, expliquer ce qu’ils ou elles peuvent ressentir, s’appuyer sur des petites histoires, etc.

J’en profite pour aborder un point parfois épineux avec les grands-parents ou le reste du monde : le fameux bisou. En tant que parent, c’est normal d’avoir envie que son enfant soit poli·e et dise bonjour aux gens.

Mais c’est une mauvaise idée d’insister si l’enfant ne veut pas faire de bisou à tonton-qui-pique. Globalement, le forcer à avoir un contact physique non désiré n’envoie pas le bon message sur le consentement.

Tu peux donc lui expliquer qu’il est incontournable de dire bonjour, mais qu’il ou elle peut choisir sa méthode : un bisou, un câlin, un signe de la main, de la tête, un bonjour, un baise-main, une révérence, la liste est infinie…

Avec un peu de pédagogie, l’entourage finit aussi par comprendre la démarche (et sinon, tant pis pour eux).

Conseil n°5 : faire preuve de calme, de bienveillance, de chaleur

Bon, là, je ne veux pas ajouter d’injonctions supplémentaires aux parents – chacun fait bien ce qu’il peut avec son niveau de fatigue et de stress. Mais avoir réfléchi à certains sujets et situations en amont permet de ne pas paniquer lorsque l’on voit par exemple son enfant se toucher le sexe en public.

(Tout en sachant que même si on réagit mal sur le moment, il est toujours possible de revenir après coup, plus calme, pour en rediscuter avec les petit·es).

Lui faire passer le message que c’est une activité qu’on fait plutôt tout·e seul·e dans sa chambre, c’est déjà super. En profiter pour donner une petite leçon sur le consentement, c’est encore mieux.

« On peut lui dire : ça t’appartient à toi, c’est ton intimité. Tu peux le faire dans ta chambre, dans la salle de bains, quand tu es seul. Ça peut se partager, mais uniquement si tout le monde est d’accord (et si on a le même âge) », détaille Émilie Parent.

L’occasion d’enchaîner ensuite sur des questions du style : « comment on vérifie que tout le monde est d’accord ? Si toi tu as envie, mais pas ton ami·e, qu’est-ce qu’on fait ? Etc. »

Bien sûr, il y a des sujets en tant que parent avec lesquels on va être plus ou moins à l’aise (notamment, parce qu’on peut avoir ses propres blocages avec la sexualité). Il faut être conscient de ses propres limites et ne pas hésiter à s’appuyer sur d’autres personnes ou ressources (livres, vidéos, BD, ateliers, etc).

Conseil n°6 : Et avec des enfants un peu plus grands ?

Je ferai un article tourné vers les adolescent·es plus tard. Mais je peux déjà vous donner quelques conseils pour aborder le sujet (outre les envoyer lire – à partir de 12-13 ans – certains articles sexe de madmoiZelle.com ou leur mettre dans les oreilles le podcast d’éducation sexuelle Coucou le Q).

On peut par exemple les prévenir qu’ils ou elles peuvent tomber sur des images qui peuvent les choquer en surfant sur internet. Parler du porno comme de quelque chose de fictionnel, et pas de réaliste, est aussi une bonne idée.

Enfin, on peut aussi décortiquer ensemble la pop culture pour analyser justement les scènes où le consentement est nié. Et ça, ça peut même démarrer très jeune, puisque les dessins animés sont loin d’être tous parfaits sur ce point.

Pour aller plus loin :

À lire aussi : Message aux gens gênants qui inventent des « amoureux » à ma fille de dix mois


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.

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