C’est la polémique du jour et un nouveau « bad buzz » pour le journaliste et romancier Patrick Besson. Aujourd’hui, dans un éditorial trollesque pour Le Point intitulé Pourquoi attendre avant de se fâcher avec le nouveau pouvoir ?, il a décidé de s’en prendre à la parité dans le gouvernement Ayrault avec des arguments tout à fait discutables.
Après avoir écrit sur le nouveau Président qui « ne semble pas croire qu’il existe » et « regarde sans cesse autour de lui avec un petit sourire triste, égaré, penaud, enfantin« , il a décidé de fustiger la parité du nouveau gouvernement. Je vous laisse vous délecter de ces mots à ce sujet, mais je préfère vous prévenir tout de suite : si vous avez ne serait-ce qu’une once de valeurs féministes en vous, vous risquez de vous mettre à sauter contre les murs de votre chambre en émettant des râles à la manière d’un chat qui veut se débarrasser d’une boule de poils incrustée dans sa gorge :
« La parité, ça fait un peu partouze straight. Dix-sept femmes pour dix-sept hommes. Un homme par femme. Et donc une femme par homme. Du coup, personne ne se retrouve sans personne. Il était déjà comme ça à l’ENA, François Hollande : bon camarade. Avant, les épouses de ministres étaient tranquilles : il n’y avait presque que des hommes dans le gouvernement. Maintenant, elles ont du souci à se faire, surtout avec les canons dont s’est entouré Jean-Marc Ayrault : l’ingénue libertaire Najat Vallaud-Belkacem, la séductrice culturelle Aurélie Filippetti, l’associative hitchkcockienne Delphine Batho, la radicale chic Sylvia Pinel, le tanagra guyanais Christiane Taubira, la geisha intellectuelle Fleur Pellerin, la shéhérazade cinématographique Yamina Benguigi. »
« Mais qu’est-ce que ce ramassis de clichés ?« , vous demandez-vous en faisant la position du lotus pour calmer vos nerfs puisque :
- Patrick Besson semble penser que la présence des femmes impliquerait forcément une tension sexuelle lors des Conseils des Ministres (il est bien sûr absolument évident qu’en présence d’un homme, une femme ne peut s’empêcher d’être dans la séduction et vice versa)
- Les femmes des ministres doivent s’inquiéter de la présence dans le même gouvernement que leurs époux des « canons dont s’est entouré Jean-Marc Ayrault« . On retombe dans le cliché biblique de la Femme tentatrice,
- Relever la beauté des femmes qui occupent des postes à responsabilité, c’est à mes yeux une façon – volontaire ou pas – de ne pas parler de leurs capacités de travail et de leur talent. Se contenter de ne parler que de leur physique et de leur charme, c’est carrément les prendre pour des plantes vertes
- Fleur Pellerin est une « geisha » puisqu’elle a des traits asiatiques, Yamina Benguigui est une « shéhérazade« , rapport à sa double nationalité franco-algérienne, Delphine Batho est qualifiée d’hitchkcockienne puisqu’elle a des reflets blonds. Dans la qualification de la beauté des femmes, Patrick Besson ne va pas chercher bien loin.
Et là vous me direz, « Mais il en a oublié, en plus !« . Exclamation à laquelle je vous répondrais qu’il en a oublié, certes, mais qu’il a en revanche pensé à attaquer Cécile Duflot. Devinez sur quel argument ? Son physique. Tranquille. Ainsi écrit-il :
« Il ne manquerait pas grand-chose à Cécile Duflot pour être au niveau de ses consoeurs du gouvernement. Un nouveau couturier ? Ce n’est pas le tout de trier les ordures, il faut faire pareil avec les vêtements. »
Patrick Besson qui fustige Cécile Duflot pour son soi-disant manque d’élégance avec si peu d’élégance, c’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité, la boulette d’Avesnes qui dit « Tu pues » à la Vache qui rit. Et ne parlons même pas du principe réducteur qui voudrait qu’une femme soit toujours tirée à quatre épingles… En 2012, c’est un tel anachronisme qu’il ne mérite même pas qu’on prenne le temps d’y répondre.
L‘homme qui avait déjà créé la polémique en raillant l’accent d’Eva Joly dans une de ses chroniques risque de continuer à faire parler de lui pour encore un moment.
Les Commentaires
j'ai trouvé cet édito assez drôle, comme beaucoup d'autres de ses écrits (oui celui sur Eva Joly m'avait beaucoup fait rire !). Comme l'a dit Maryoko, c'est, je trouve, ôter tout le sens de l'édito que de couper la dernière partie, qui devient plutôt féministe : "Les ministres importants, ce sont ceux qui ont leur photo en grand dans les journaux. Cinq hommes : Ayrault, Fabius, Valls, Sapin, Moscovici. Hollande d'accord pour faire la parité, mais pas trop près de son bureau."