Depuis plusieurs années, je regarde mes vidéos YouTube et j’écoute mes podcasts… en accéléré.
Chaque fois que je le mentionne, les foules s’animent autour de moi pour dire pourquoi c’est stylé ou, au contraire, une trahison envers les créatrices et créateurs.
Ça s’appelle le « speed watching » ou « speed listening » et certaines personnes le font même pour des séries et des films.
Alors, j’ai mené une enquête très poussée auprès de… l’équipe de madmoiZelle pour savoir quelles étaient les pratiques de la rédac.
Écouter ou regarder en accéléré, c’est mort !
Mymy te parle de son point de vue de créatrice de podcast (si t’as jamais écouté The Boys Club, it’s time) :
« J’estime que les silences, les respirations, bref le rythme fait partie intégrante de l’expérience et j’aurais l’impression de « trahir » le discours que j’écoute si je le forçais à aller plus vite !
En plus, j’écoute beaucoup de podcasts en anglais et dès que j’accélère, le mélange langue étrangère et accent parfois marqué rend la compréhension ardue. »
Clémence, la rédac cheffe de Rockie est aussi de cet avis :
« Ce que j’aime dans les podcasts c’est avoir l’impression que les personnes me racontent des trucs rien que pour moi à l’oreille. Du coup, les silences et les respirations font partie du plaisir.
J’ai pas particulièrement envie que quelqu’un me parle de manière ultra speed dans les oreilles. »
Je vois tout à fait où les filles veulent en venir.
Moi-même qui suis une habituée de l’écoute en accéléré, j’ai parfois du mal sur certains contenus.
Il y a quelques formats que je consomme en vitesse normale — comme des émissions qui passent de la musique ou des vidéos de fictions/arty.
Mais bon, je vais être franche, ça reste assez rare.
Pourquoi j’écoute et regarde en accéléré ?
Je me souviens du jour où j’ai découvert qu’on pouvait changer la vitesse des vidéos sur YouTube : ma vie a CHAN-GÉ.
Depuis quatre ou cinq ans, je passe beaucoup de temps à regarder les vidéos du YouTube game. Je suis abonnée à près de 200 chaînes… Oui, je sais à ce niveau, c’est carrément une drogue.
Tu te doutes donc que ma liste de vidéos à voir ne fait que s’allonger. Le fait de pouvoir regarder des vidéos en x1,5 ou x1,75, c’est une révolution dans mon monde.
Je fais exactement pareil avec les podcasts, bien entendu — ce qui fait que je n’ai jamais entendu le générique d’À Bientôt de Te Revoir à son tempo original (oups).
À la quantité de contenus que je veux consommer, s’ajoute parfois la lenteur d’élocution des gens. Je pense que, parce que moi-même je parle vite, j’ai besoin que les gens aillent à mon rythme — et pour ça, il faut les mettre en accéléré.
Et ça me permet aussi de voir à quel point je me suis améliorée à comprendre les accents anglophones. Sur certains contenus en anglais, je peux écouter/regarder en accéléré sans problèmes de compréhension.
Bien sûr, parfois ça me paraît impossible, mais dès que je peux accélérer rien qu’un peu, je me dis que mon cerveau a enfin capté un nouvel accent anglophone.
Lucie, quant à elle, regarde souvent des vidéos en accéléré :
« Je suis des youtubeuses dont je n’aime pas trop la voix, mais dont le contenu est intéressant. Ça m’évite de péter un câble au bout de 40 minutes.
Quand les vidéos sont longues du cul aussi, ça me donne envie d’accélérer pour moins perdre de temps dans ma vie. »
Une alternative à l’écoute en accéléré
D’ailleurs, Mymy explique que sur son appli de podcast, elle a une option qui s’appelle le « smart speed » :
« Sans gommer les silences, ça les réduit légèrement et fluidifie la conversation de façon imperceptible. Je l’admets, elle est activée en permanence mais ça donne au max 1,1x de vitesse, donc rien de dramatique. »
Bon, cette fonction n’existe que pour les podcasts, car ça serait compliqué de couper les silences d’une vidéo.
Quand tu regardes en accéléré, tu ne profites pas ?
Une des principales remarques qui revient quand j’explique que je passe mon temps à voir et écouter des gens qui ont l’air d’avoir pris du speed, c’est que je ne profite pas pleinement du contenu.
Mymy explique :
« En fait, le but quand j’écoute des podcasts (je ne regarde pas vraiment de vidéos YouTube), ce n’est pas d’aller le plus vite possible, d’en avoir vite fini.
Au contraire, j’écoute des formats longs et je suis ravie quand je vois qu’un épisode fait 3h12 (oui oui, vraiment). Je n’ai aucun intérêt à speeder et à me finir plus tôt que prévu : je savoure ! »
Bien sûr, j’entends complètement cette envie de profiter du contenu, d’avoir envie de respecter la manière dont il a été fait, imaginé, rythmé.
Je suis consciente que ma consommation de contenus sur Internet est une sorte de « déformation sociétale » (laissez-moi créer des concepts).
Dans une vie où tu as autant de choses à lire, voir, écouter et accessible si facilement, ma curiosité me donne envie d’en consommer un maximum.
Quitte à « sacrifier » (même si c’est pas du tout l’impression que j’en ai quand je le fais) l’essence-même du contenu que j’écoute ou regarde.
Mais comme réfléchir à ça me donne l’impression de déjà vivre dans un épisode de Black Mirror, parlons plutôt de ce que tu en penses toi.
Est-ce que tu regardes des vidéos ou écoutes des podcasts en accéléré ? Qu’est-ce que tu penses du « speed watching » ?
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