Questions environnementales et luttes pour l’égalité des genres sont des sujets qui se retrouvent autour d’un thème : l’urgence. Dans ce contexte, le terme « écoféminisme » émerge comme un phare à l’intersection de ces combats cruciaux.
Dans les années 70, l’essor du féminisme a vu émerger le terme en France, tandis que les mouvements environnementaux naissaient. Comment ces luttes se sont-elles naturellement unies pour l’égalité hommes-femmes et la préservation de la nature ?
Qu’est-ce que l’« écoféminisme » ?
Aujourd’hui, l’« écoféminisme » est partout. Le terme est utilisé en politique, il se retrouve dans les librairies et dans les débats féministes. Popularisé par la féministe et écrivaine Françoise d’Eaubonne, le mot est apparu en France en 1974, dans son essai intitulé « Le féminisme ou la mort ».
Cofondatrice du mouvement MLF (Mouvement de libération des femmes), elle est convaincue qu’il faut réunir sur un même front, le féminisme, l’écologie et la lutte des classes. Pour cela, il faut destituer le patriarcat qui exploite la nature et oppresse les femmes.
L’expression « écoféminisme » est fluide et en constante évolution. Elle est dépourvue d’une idéologie rigide, à l’exception de son appel à réinventer le système actuel. L’« écoféminisme » s’attaque à deux formes d’exploitation : celle des femmes par les hommes et celle de la nature par les êtres humains. Tel que l’a décrit Jeanne Burgart-Goutal, auteure de « Être écoféministe : théories et pratiques », elle est souvent qualifiée de « joyeux désordre ». Éclairage.
Quel est le lien entre écologie et féminisme ?
Alors que les mouvements féministes prennent place dans les années 70 en France, c’est en 1992 que se concrétise la réelle prise de conscience sur le climat, avec le Sommet de la Terre organisé par les Nations Unies à Rio de Janeiro et qui préfigure déjà ce que seront les COP – la première aura lieu à Berlin en 1995.
Le lien entre les femmes et la nature ne serait pas inné, mais plus une conséquence impulsée par les rôles genrés qu’on leur a donnés dans la société où elles sont davantage concernées par les sujets liés à l’environnement. Dans le podcast sur le thème de l’ « écoféminisme » de Radio France, la journaliste Jeanne Burgart Goutal, nous explique que c’est plus qu’une convergence des luttes.
« Dans l’écoféminisme, il y a un pas de plus qui est franchi. C’est l’idée qu’il ne s’agit pas de luttes séparées qu’on fait converger de façon un peu artificielle, mais qu’en réalité, toutes ces luttes sont déjà foncièrement convergentes ou déjà reliées ».
Jeanne Burgart Goutal, journaliste et auteure de « Être écoféministe : théories et pratiques »
Ces combats cherchent à comprendre comment la domination basée sur le genre, la race, la classe, ainsi que la domination sur la nature, sont toutes liées dans un même système, comme des pièces interconnectées d’un ensemble plus vaste.
« L’idée d’allier ces deux combats, c’était surtout de gagner en efficacité, pour travailler sur les systèmes d’oppression patriarcaux ».
Solène Ducretot, activiste et reporter d’image, dans une interview à 20 minutes.
Est-ce que l’écologie est le combat des femmes ?
Alors qu’elles sont les premières victimes des effets des changements climatiques, l’écologie ne devrait pas être un combat réservé aux femmes, même si elles jouent un rôle crucial dans cette lutte et dans la construction sociétale actuelle. Par exemple, sur le continent africain, les femmes produisent environ 70 % de la nourriture, selon CARE France.
À cause des dérèglements climatiques (sécheresses, cyclones, inondations), leur charge de travail est également amplifiée. Elles doivent parcourir de plus grandes distances pour effectuer des tâches comme aller chercher de l’eau ou du bois, elles doivent travailler plus pour essayer de faire face aux baisses des récoltes agricoles.
C’est un cercle vicieux, bien qu’elles cultivent les terres, elles ne possèdent que moins d’1 % des terres à l’échelle mondiale, selon un article de The Good Goods. C’est pourquoi l’association CARE France soutient les agricultrices partout dans le monde, comme à Madagascar, au Vietnam ou en Équateur, à défendre leurs droits et à avoir accès aux mêmes outils, formations et pratiques que les hommes. CARE les aide à utiliser des méthodes de production agricoles durables, respectueuses de l’environnement et plus résistantes face aux impacts climatiques.
Les femmes sont encore plus impactées par les conséquences du changement climatique et de la dégradation de l’environnement à cause des inégalités de genre. Le changement climatique est sexiste.
« La crise climatique mondiale affecte le plus durement les populations les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre, et en premier lieu les femmes qui font déjà face à de nombreuses discriminations sexistes. »
CARE France
« Le réchauffement climatique est une double peine pour les femmes », selon Fanny Petitbon, responsable du pôle plaidoyer de l’ONG CARE France.
« Lorsqu’il agit en prédateur, l’homme se comporte avec les femmes comme avec la nature », explique Marie Christina Kolo, militante pour le climat, écoféministe et entrepreneuse sociale malgache. Elle fait partie des figures emblématiques de la lutte contre le changement climatique.
Grâce à la libération de la parole autour des sujets écoféministes comme #Metoo ou les marches pour le climat, l’écologie et le féminisme occupent une place de plus en plus importante dans les débats politiques. Cette lutte sociale concerne tout le monde, même si beaucoup d’hommes ont peur de se revendiquer féministes, et fait sursauter quelques masculinistes.
Pour rejoindre le mouvement écoféministe, CARE France vous aide à relayer les témoignages des femmes qui doivent être entendues, vous pouvez les retrouver et les aider sur leur page.
- CARE France est une ONG qui lutte contre les inégalités dans le monde, depuis 75 ans. Un engagement solidaire qui agit contre les grands défis de notre époque comme les inégalités hommes-femmes, les changements climatiques et les crises humanitaires.
- Présente dans 111 pays, CARE France a aidé plus de 174 millions de personnes à travers le monde en 2022. L’ONG s’attaque aux différentes causes des inégalités, qu’elles soient sociales, environnementales, juridiques, économiques ou médicales, main dans la main avec les populations locales.
- Dès novembre 2023 et en amont de la COP28, CARE France souhaite attirer l’attention sur la manière dont le dérèglement climatique impacte principalement les femmes avec la campagne : Climate change is sexist.
Les Commentaires
Du coup pour ne pas rester sur un post ronchon : si vous connaissez des assos ou projets écoféministes qui bossent avec des ressources scientifiques et activistes et pas seulement avec leur chakra du coeur, je prends.