Qu’on se mette d’accord tout de suite : nous sommes beaucoup trop à détester le dimanche. Quoique nous puissions faire, nous – dimanche haters – finissons par nous sentir submergées par le blues inhérent à ce jour inutile et pourtant ô combien nécessaire. Personnellement, la déprime dominicale, je la subis toute la journée. Toute la journée excepté de 10h à 11h, plage horaire de diffusion de l’émission Eclektik, présentée et produite par Rébecca Manzoni.
En quelques mots
Eclectik le dimanche est une émission d’entretien avec des acteurs, chanteurs, auteurs ou journalistes. Jusque là, rien de bien original. Mais la particularité de l’émission est de mener ces interviews en extérieur. De ne pas faire se déplacer les célébrités pour entrer dans un studio, mais l’inverse. C’est Rébecca Manzoni, présentatrice et productrice de l’émission, qui les rejoint (chez eux, dans leur bureau, dans leur studio d’enregistrement, dans un café…). Est-ce pour cette raison que l’interview devient complice et intimiste ? Sûrement, mais pas que. En tout cas, j’ai presque toujours l’impression d’entendre deux personnes qui discutent ensemble pour la première fois plutôt qu’un échange traditionnel entre intervieweur et interviewé.
Pour finir de vous convaincre de jeter une ou deux oreilles sur cette émission, laissez-moi revenir sur l’émission en trois petits points.
Le portrait
Avant chaque interview, Rébecca Manzoni enregistre une petite présentation de son invité (ou plutôt de la personne qui l’invite (faut suivre)). Se focalisant sur des menus détails de son hôte, elle écrit quelques lignes d’une plume ma foi pas dégueu pour le/la présenter de manière originale, décalée et – si j’en crois mon simple ressenti – très juste.
Parfois, quand j’écoute l’émission un lendemain de soirée avec des restes d’alcool-à-consommer-avec-modération dans le sang, je m’imagine écrire un tel portrait pour me présenter. Du genre :
« Triturant la kératose folliculaire qui décore ses bras d’une main, Sophie-Pierre Pernaut fume une cigarette en reniflant les déchets organiques qui encombrent son nez légèrement asymétrique avant de répondre « bah j’sais pas. J’me la touche » pour meubler la conversation. »
On est bien d’accord, c’est tout pourri. Je vais garder ma bio actuelle sur Twitter pour l’instant.
Des entretiens en terrain conquis
En terrain apprivoisé – que dis-je : conquis – les interviewés font tomber le masque plus vite
. Peu pressés par le temps ils ne semblent pas s’inquiéter de la réactivité de leur réponse, ce qui amène à quelques hésitations, quelques flottements dans la conversation. Ces silences, qui sont parfois agrémentés d’un raclement de gorge ou du bruit d’un briquet et d’une cigarette qu’on allume (je pense ici tout particulièrement à l’émission consacrée à Anna Karina il y a plus d’un an, une de mes préférées), confèrent à la conversation une atmosphère aussi intimiste que détendue.
Rencontrée dans un bar, c’est une Cécile de France sous antibiotique à cause d’une crève carabinée qui finissait très légèrement ivre après avoir bu une bière et racontait son émerveillement d’avoir été choisie par Clint Eastwood pour jouer dans Au-delà (et on s’en fiche si c’est le moins bon film qu’a jamais réalisé le nonagénaire le plus charismatique du monde : on est juste content pour elle).
Interviewé dans son appartement, Etienne Daho passait des vinyles et répondait aux questions de la voix voilée qu’on lui connaît.
Et c’est justement ce côté détendu du slip qui donne à Eclectik toute sa particularité ; au final, les interviewés oublient très vite qu’ils sont en promo et se livrent précisément sur ce qu’ils ont envie de livrer, Rebecca Manzoni n’étant pas le penchant France Interien de Jean-Jacques Bourdin qui pousse ses invités dans leurs retranchements (l’enjeu n’est pas le même me direz-vous à juste titre).
La voix de Rebecca Manzoni
En soi, la voix de la présentatrice d’Eclectik est une raison suffisante pour écouter l’émission. Mets-toi un peu en condition : on est dimanche, tu as trop festoyé la veille et as tellement mal à la tête que tu n’arrives plus à dormir. Ecouter de la musique ? Impossible, avec ta souffrance intra-crânienne. A mes tympans, Eclectik est un bon compromis : la voix de Rebecca Manzoni est tellement douce et apaisante que je me rendors sitôt l’émission finie. Elle aurait été institutrice d’école maternelle ou chanteuse de comptines pour enfants dans une autre vie que cela ne m’étonnerait même pas.
Eclectik, c’est le dimanche de 10h à 11h sur France Inter.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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