Précédemment dans #62jours : L’envie et le besoin d’apprendre, ça s’apprend ?
C’est une maxime vieille comme l’humanité qu’on m’a (trop) souvent rabâchée. Il y a toujours quelque chose à tirer d’un échec, chaque échec est une leçon, oui, je sais.
Enfin, il paraît.
Je me demande si les gens qui répètent ça se souviennent de leur dernier échec. De cette sensation brûlante et désagréable, un mélange cuisant de honte et de déception. Comme une sale odeur de transpiration refroidie qui colle à la peau.
C’est difficile de tirer des leçons d’un moment de vie qu’on préfèrerait pouvoir oublier. À défaut, on se contenterait bien de l’ignorer, faire comme si ça n’avait jamais eu lieu.
Quelles leçons tirer d’un échec ?
Je suis restée plusieurs jours bloquée sur cette question. Car quelles leçons peut-on bien tirer d’une humiliation, sinon celle de ne plus y revenir ?
Si à chaque fois que j’échoue à quelque chose, je retiens de ne plus venir m’y frotter, ce n’est pas très productif.
Dans ce cas de figure, l’échec me ferme toutes les portes que je n’arrive pas à passer du premier coup. Et ça fait beaucoup de portes, car les premières fois sont rarement des réussites éclatantes pour moi…
Deuxième effet kiss cool, une telle approche m’empêcherait carrément de tenter de nouvelles expériences.
La peur d’échouer serait nourrie par les échecs passés, que dis-je nourrie, gavée, et au lieu d’accroître mon capital confiance, la somme de mes expériences augmenterait donc le risque d’échec… Et me découragerait d’essayer.
Non, tout ceci est un mauvais calcul.
J’ai fini par trouver la réponse à ma question, quelque part au milieu d’une randonnée qui me donnait du fil à retordre.
La différence entre une humiliation et une leçon d’humilité
Premier jour de randonnée : je n’arrive pas à suivre le groupe. Ma condition physique est bien pire que ce que j’imaginais, j’ai beau avoir l’habitude de la marche en montagne, je n’arrive pas à maintenir un rythme de progression efficace dès que la pente augmente.
Résultat ? On me change de groupe, ce que je ressens comme une humiliation.
Sauf que c’est juste mon ressenti.
On m’a mise dans un groupe qui correspond à mon niveau, pour que je sois à l’aise. C’est moi qui le vis comme une humiliation, parce que j’ai échoué à accomplir une performance.
Je me suis sur-évaluée. Je n’ai pas été à la hauteur de mes attentes. Certes, c’est un échec. Mais c’est moi qui choisis de le vivre comme une humiliation, au lieu de le prendre plutôt pour ce que c’est, objectivement : une leçon d’humilité.
L’échec est toujours une leçon d’humilité
Pourquoi j’attache un ressenti aussi négatif, aussi dévalorisant à un micro-événement somme toute assez neutre ? Je me fais payer ma propre déception, mais qui m’y oblige ? Personne.
Je peux choisir d’affronter l’échec avec détachement, pour n’en retirer que ce qu’il m’apporte vraiment : une leçon d’humilité. J’ai sous-estimé la montagne. J’ai sur-estimé ma condition physique. C’est aussi simple que ça.
La montagne ne me juge pas, il n’y a que moi qui me juge, ici. Qu’est-ce que je juge, donc ? Mon erreur.
Voilà la leçon de l’échec : se rappeler qu’on n’est pas infaillible, que l’erreur a des conséquences.
Voilà comment dépasser la peur de l’échec : se rappeler que c’est une leçon d’humilité, pas une humiliation — c’est moi qui choisis comment le vivre.
Avec ce recul, je comprends enfin pourquoi « c’est pas grave » d’échouer. J’avais juste jamais trouvé l’interrupteur qui me permettait de ne pas le vivre avec gravité.
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