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1% de la population détiendra bientôt 50% des richesses mondiales

80 milliardaires se partagent aujourd’hui les mêmes richesses que 3,5 milliards de personnes sur Terre : les inégalités de répartition atteignent des proportions surréalistes.

Triste nouvelle pour les milliardaires de ce monde : leur nombre a considérablement chuté depuis 2010 ! Ils étaient 388 à compter leur patrimoine à base de 9 zéros, ils ne sont plus que 80 en 2014.

Mais ces 80 milliardaires se portent très bien, merci pour eux. En effet, ils détiennent désormais autant de richesses que les 3,5 milliards d’êtres humains les plus pauvres du monde.

Ces chiffres sont extraits d’un rapport de l’Oxfam, réalisés grâce aux données du Crédit Suisse. En utilisant ces informations, l’association humanitaire a établi une projection de l’évolution de la répartition des richesses dans le monde, et l’écart de ces inégalités atteignent des proportions vertigineuses. En effet, selon l’Oxfam et les chiffres du Crédit Suisse, les 1% des plus riches détiendront bientôt plus de richesses que 99% de la population mondiale.

oxfam-credit-suisse-2014

« En 2014, les 1 % les plus riches détenaient 48 % des richesses mondiales, laissant 52 % aux 99 % restants. La quasi-totalité de ces 52 % sont aux mains des 20 % les plus riches. Au final, 80 % de la population mondiale doit se contenter de seulement 5,5 % des richesses. Si cette tendance de concentration des richesses pour les plus riches se poursuit, ces 1 % les plus riches détiendront plus de richesses que les 99% restants d’ici seulement deux ans (voir la Figure 2, qui estime que la part des richesses détenues par les 1 % les plus riches dépassera 50 % d’ici 2016). »

Comment devenir et rester riche ?

C’est déjà mal parti si vous êtes née femme, ailleurs qu’aux États-Unis. (Si vous n’êtes pas blanc•he, laissez tomber. Vous ne faites vraiment aucun effort, ma parole).

« Environ 30 % (492 personnes) sont des citoyens américains. Plus d’un tiers des milliardaires sont issus d’une famille riche, 34 % d’entre eux ayant hérité d’une partie ou de la totalité de leur fortune. Ce groupe se compose à 90 % d’hommes et à 85 % de personnes de plus de 50 ans. »

Et oui, la fortune s’hérite davantage qu’elle ne se gagne. Qui est surpris•e ?

Je suis (partiellement) de mauvaise foi : il est possible de faire fortune dans ce monde, certains secteurs d’activités sont plus propices que d’autres à générer des revenus gargantuesques. Je vous les donne en mille :

« Quelques secteurs économiques importants ont contribué à l’accumulation des richesses de ces milliardaires. Selon les chiffres de mars 2014, 20 % d’entre eux (soit 321 personnes) auraient des intérêts ou des activités dans les secteurs de la finance et de l’assurance […]

Entre 2013 et 2014, c’est la fortune cumulée des milliardaires ayant des intérêts ou des activités dans les secteurs pharmaceutique et des soins de santé qui a le plus augmenté. »

Le problème n’est pas seulement que les richesses soient majoritairement détenues par un groupe aussi restreint, c’est aussi et surtout que ce groupe oeuvre activement à influer sur les politiques publiques pour préserver sa mainmise sur les ressources. C’est ainsi que les dépenses investies dans le lobbying par ce groupuscule oligarque sont considérables (le mot est faible).

« Les multinationales les plus prospères des secteurs de la finance et de l’assurance et du secteur pharmaceutique et des soins de santé dégagent d’énormes bénéfices. Elles gèrent d’importantes ressources qu’elles utilisent pour rétribuer leurs propriétaires et leurs investisseurs, gonflant ainsi leur fortune personnelle.

Ces ressources peuvent également être utilisées pour exercer une influence économique et politique. Ces entreprises utilisent par exemple explicitement leurs ressources pour exercer directement un lobby sur les États, surtout sur les questions et les politiques affectant leurs intérêts commerciaux.

En 2013, le secteur de la finance a dépensé plus de 400 millions de dollars dans des activités de lobbying aux États-Unis, soit 12 % du montant total consacré aux activités de lobbying dans le pays cette même année, tous secteurs confondus. Par ailleurs, dans le cadre des élections de 2012, les entreprises de ce secteur ont dépensé 571 millions de dollars pour financer certaines campagnes électorales. »

C’est le jeu, ma pauvre Lucette. Ceux qui contrôlent les ressources contrôlent également la façon dont elles sont utilisées. Et quelle utilisation plus rationnelle que celle qui consiste à alimenter le cercle vertueux de l’enrichissement personnel ?

Cette logique me fait penser à une partie de Monopoly, qui continuerait à l’infini. Je veux dire, en général, lorsque mon père arrivait à construire un hôtel rue de la Paix, et qu’il avait des maisons sur chaque côté de la planche, il ne se passait que quelques tours avant que nous ne soyons tou•te•s ruiné•e•s.

On arrêtait alors la partie, et on redistribuait les ressources en vue d’en commencer une nouvelle. Ces données sur les milliardaires me font penser à une partie de Monopoly qu’on n’arrêterait pas alors qu’un des joueurs saigne tous les autres à blanc. Et quand on ne peut plus payer, on emprunte à la banque. Que le joueur-propriétaire aurait depuis rachetée, parce que pourquoi se priver ?

Et on paierait à l’infini des loyers, des redevances, des intérêts à un seul joueur, qui transmettrait son patrimoine à ses descendant•e•s. Alors qu’au départ, tout est parti d’une répartition des richesses aléatoire, mais que le cours du jeu a été influencé par les cartes chances, les cartes destin, et bien entendu, les décisions individuelles prises par les joueurs. (On va pas se mentir, mon père était meilleur investisseur que moi. En même temps, j’avais 8 ans.)

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Un seul milliardaire pourrait financer la sortie de la crise Ebola

Après tout, où le problème ? Oui, le monde est injuste, il y a des inégalités… Mais l’argent ne fait pas le bonheur, et personne ne m’oblige à jouer au Monopoly. Dans l’absolu, je pourrais vivre ma vie dans mon petit coin du plateau de jeu, sans lancer les dés à tout bout de champ, sans passer par la case départ et sans toucher 20 000$.

Le problème, c’est que les fortunes détenues par ces milliardaires pourraient permettre de résoudre bien des crises. Ainsi, (accrochez-vous à votre écran), la crise sanitaire qui saigne l’Afrique avec le virus Ebola pourrait être résolue si ces grandes fortunes mettaient la main au porte-monnaie, et choisissaient d’investir franchement dans le soutien médical aux zones touchées. Au lieu de ça, ils investissent certes, mais préfèrent la rentabilité d’un potentiel vaccin (qui ne sera pas gratuit, vous pensez bien).

« Alors que des millions sont dépensés dans des activités de lobbying par les entreprises pharmaceutiques et des soins de santé, et que les principaux acteurs de ces entreprises engrangent des milliards, une crise sanitaire frappe l’Afrique de l’Ouest. Le virus Ebola menace les vies et les moyens de subsistance de millions de personnes en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia.

Les entreprises ont bien répondu à la crise Ebola : certaines investissent dans la recherche pour trouver un vaccin, dont le coût total n’est pas encore connu. Trois entreprises pharmaceutiques membres de la Fédération internationale de l’Industrie du Médicament (FIIM) et qui ont le plus contribué à la lutte contre Ebola ont ensemble donné plus de 3 millions de dollars en espèces et en produits médicaux.

Toutefois, les montants dépensés pour soutenir la lutte contre Ebola et d’autres activités bénéficiant plus largement à la société doivent être considérés à la lumière des dépenses qu’elles consacrent aux activités de lobbying pour servir leurs propres intérêts, à savoir plus de 18 millions de dollars aux États-Unis en 2013.

Pour mettre le financement de la crise Ebola en perspective, la Banque mondiale estime que les coûts pour la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone représentaient un manque à gagner de 356 millions de dollars en 2014, et de 815 millions supplémentaires en 2015 si l’épidémie ne peut pas être contenue rapidement.

La plus forte hausse des revenus d’un seul milliardaire opérant dans le secteur pharmaceutique entre 2013 et 2014 pourrait suffire à payer trois fois le coût total estimé à 1,17 milliard de dollars pour la période 2014–2015. »

Et le rapport Oxfam cite le milliardaire Stefano Pessina, dont la fortune nette a augmenté de 4 milliards en un an. Tandis qu’il faudrait moins d’un milliard pour aider l’Afrique à sortir de la crise.

Sans commentaire.

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Les inégalités ne sont pas une fatalité

Le rapport de l’Oxfam ne se borne pas à présenter un constat tragique et préoccupant des inégalités de richesses, il avance également des pistes de réaction :

  • Faire travailler les États pour les citoyens et lutter contre les inégalités extrêmes, où il est notamment question de publiciser davantage les actions de lobbying, histoire de mieux informer les citoyen•nes de leur existence, et des buts qu’elles poursuivent…
  • Promouvoir l’égalité économique et les droits des femmes
  • Verser aux travailleurs un salaire décent et combler le fossé avec les primes vertigineuses des dirigeants
  • Partager équitablement le fardeau fiscal pour uniformiser les règles du jeu, où il est notamment question de transférer la charge fiscale vers « les possédants » plutôt que vers les consommateurs (moins de TVA, plus d’impôt sur la fortune).
  • Supprimer les échappatoires fiscales internationales et combler les lacunes en matière de gouvernance fiscale
  • Rendre les services publics gratuits et universels d’ici 2020 (et lutter notamment contre les « services publics privés », subventionnés et concurrentiels des services publics, comme par exemple l’enseignement privé).
  • Modifier le système international de R&D et la tarification des médicaments, de manière à ce que l’ensemble de la population ait accès à des médicaments adaptés et abordables
  • Mettre en place un socle de protection sociale universelle
  • Cibler le financement du développement afin de réduire les inégalités et la pauvreté et de renforcer les relations entre les citoyens et leur gouvernement.

– À lire aussi, le rapport de l’Oxfam pour lutter contre les inégalités

Suis-je angélique, de penser qu’il ne s’agit ici en grande partie d’une question de volonté ? Est-ce utopique, de considérer qu’il est de notre devoir de partager les ressources afin de réduire les inégalités de richesses dans le monde ? Qu’en penses-tu ? Viens en débattre dans les commentaires ! 

Moi, milliardaire, je consacrerais mon temps, ma fortune et ma vie à financer le développement des pays qui ont été pillés par la colonisation, ravagés par les guerres et les catastrophes naturelles et climatiques. (D’abord j’irais faire le tour du monde pour aller à la rencontre des gens, repérer les acteurs locaux. Puis j’enverrais des chèques. Beaucoup de chèques. Des très gros chèques).

Pour en savoir plus, vous pouvez lire le rapport de l’Oxfam dans son intégralité, et sa synthèse sur Le Monde.

À lire aussi : Les femmes et la pauvreté : à la rencontre des « mères courageuses »


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Les Commentaires

4
Avatar de KhiroOo
27 septembre 2016 à 15h09
KhiroOo
@Clemence Bodoc, j'arrive un peu en retard et comme un cheveu sur la soupe, mais on dit "Oxfam", pas "l'Oxfam".
0
Voir les 4 commentaires

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