Ébénisterie, kezako ?
Non, ce n’est pas un mot d’ancien français pêché au hasard du dictionnaire par la mamie de l’oncle Norbert (mon cousin par alliance).
Cela consiste à faire d’une bûche d’arbre un joli meuble pour aménager ton chez-toi. On coupe, on usine, on assemble, on ponce (« je ponce donc je suis » qu’il disait), on vernit et le tour est joué.
C’est intéressant, c’est varié, et c’est VRAIMENT VRAIMENT passionnant. L’idée (sans trop trop rentrer dans les détails) c’est de faire des meubles avec différentes essences de bois en utilisant des techniques d’assemblage et de finition plus ou moins traditionnelles (parce que les traditions c’est bien mais faut quand même se mettre à jour). Ces choix sont généralement décidés en fonctions des envies du client (en partie aussi, malheureusement, en fonction de son porte-feuille).
« C’est beau que des jeunes perpétuent ce métier »
Pour avoir déjà entendu cette phrase 500 fois, je la trouve de moins en moins flatteuse. C’est vrai, au début, on est tout fier qu’un ancien nous dise ça. Et très vite on se rend compte qu’il se cache derrière ces mots un vrai danger de disparition de la profession.
Un des gros problème de ce métier, somme toute artisanal, est en effet le prix de vente des meubles. Les ébénistes savent s’adapter, vous en trouverez qui font des copies d’ancien mais aussi certains qui se lancent dans le création de pièces uniques, ce n’est jamais du travail à la chaîne, au mieux du mieux de la petite série.
Le hic c’est donc que même si cette table achetée chez ton ébéniste préféré ne te lâchera pas au premier déménagement, les tarifs sont souvent loin d’être aussi attractifs que chez Ikea.
Alors les jeunes qui se lancent dans ce métier doivent ruser, bien choisir leur clientèle. Quand certains enchaîneront les concours internationaux de jeunes créateurs, d’autres se constitueront un carnet de contact de châtelains ou travailleront pour les ateliers de restauration du mobilier de France.
Il y a des avantages à être ébéniste, quand même ?
OUI, triple, quadruple, quintuple OUI.
Les gens sont chaleureux, les collaborateurs (collègues, patrons, fournisseurs et même clients) sont très souvent des passionnés férus d’histoire, d’art et moult autres choses merveilleuses.
Tu apprendras des techniques de travail propres à l’ébénisterie
avec des noms barbares comme les assemblages à tenon et mortaise, la marqueterie géométrique ou encore (la crème de la crème) le vernis au tampon (petite technique maîtrisée au fil des expériences qui permet à ton meuble de refléter comme un miroir).
Tu pourras travailler dans la création de mobilier, te spécialiser dans la restauration de meubles anciens, de pièces de musée ou encore du mobilier de France (c’est pas la classe ça ?).
Tu pourras aussi faire des formations complémentaires en tournage sur bois, en marqueterie et même en sculpture. Certains finissent même menuisiers en siège ! Bref, c’est l’éventail des métiers de l’artisanat d’art qui s’ouvre à toi !
Et puis il y a plein de beaux garçons, si c’est ton truc (et un point bonus, un !) — mais attention aux idées reçues : il y a de plus en plus de filles. Bien sûr, en entreprise, il faut se faire sa place, mais il n’est plus rare de voir un tiers de filles dans les classes.
L’ébénisterie, ça t’intéresse ?
Alors toi aussi, passe ton Brevet des Métiers d’Art (BMA). Comme il y a à peu près trente-six mille deux cent façon d’y arriver je peux te donner le chemin le plus court : le CAP Ébénisterie en sortie de troisième, soit en lycée, soit en alternance.
Sinon je peux t’expliquer mon parcours. C’est qu’il est un peu biscornu. Je serais plutôt du genre à faire exprès de me perdre dans le labyrinthe de Pan pour savourer le plaisir de chercher la sortie.
Petite ébéniste est devenue grande
J’ai commencé par passer le bac ES (merci papa, merci maman). Au final, j’ai adoré la socio et j’ai progressé comme une fofolle en anglais. Et puis j’ai hésité. Beaucoup. Je ne savais pas quelle orientation choisir (si toi aussi tu as envie d’étudier chacune des disciplines que l’on te propose, tu comprends ma douleur).
Du coup, j’ai tenté cette voie parce que « Y en a marre des études et puis finir ma vie derrière un bureau, non merci, ce n’est pas pour moi ». J’ai fouillé un peu et j’ai appris qu’il me faudrait faire un CAP avant de passer le BMA (niveau bac). Grâce à mes trois années d’études, j’ai été dispensée des matières générales et j’ai pu passer mon CAP en un an au lieu de deux. J’ai poursuivi avec deux années de BMA.
Une fois arrivé-e là, tu peux soit te trouver un patron et te mettre à voler de tes propres ailes, soit continuer :
- en DMA (Diplôme des Métiers d’Art, niveau bac +2) orienté vers la création, en lycée ou alternance
- en BTMS (Brevet de Technicien des Métiers Supérieur, bac +2) plus orienté technique, en alternance.
Et voilà que maintenant, je me suis éprise de cette merveilleuse discipline : l’histoire de l’art. Alors l’année prochaine, je réamorce un virage dans mes études avec en tête l’idée qu’il n’y a plus complet que d’étudier l’histoire de l’art, du mobilier et de la sculpture quand on en connaît les secrets de polichinelle !
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Les Commentaires
On peut dire que j'ai fait un boulot de paléontologue pour déterrer cet article, et j'espère qu'il y aura quelqu'un ici pour me répondre.
J'ai 25 ans, je suis ingénieure et je souhaite me reconvertir dans un métier manuel et créatif. Je suis très attirée par l'ébénisterie, et j'aurais besoin d'informations (et d'encouragements) pour sauter le pas.
Est-ce que ce serait possible de contacter la madz qui a écrit ce témoignage ?
Merci d'avance à toi qui me lis !