Si le film Barbie, réalisé par Greta Gerwig avec Margot Robbie et Ryan Gosling n’est même pas encore sorti (c’est prévu pour le 20 juillet 2023), son imaginaire infuse déjà partout dans la culture populaire. Sur Instagram et TikTok, on parle de barbiecore pour désigner cette esthétique rose bonbon qui flirte avec la bimbofication. Alors que ce jeu d’enfant qui inspire beaucoup l’hypersexualisation est sur tous les moodboards, c’est en toute logique que la popstar Dua Lipa co-signe avec Donatella Versace une collection inspirée par Barbie.
Pourquoi Versace co-signe une collection très Barbie avec Dua Lipa ?
L’artiste qui correspond à tous les critères de beauté dominants et sert régulièrement de poupée grandeur nature à tous les créateurs en vue du moment, chante dans la bande-originale de Barbie et même à l’écran en tant que sirène de plastique. Alors histoire de capitaliser sur sa popularité, décuplée par ce blockbuster très attendu, la directrice artistique de Versace a choisi celle qui était déjà son égérie pour cosigner une collection barbiecore.
Présentée le 23 mai 2023 à Cannes histoire de bénéficier de l’hypermédiatisation de ce festival hautement controversé cette année, la collection Dua Lipa x Versace baptisée « La Vacanza » avait tout pour plaire aux fans de la chanteuse et/ou de Barbie : beaucoup de couleurs vives et pastels, des ensembles tailleurs-jupes, et beaucoup d’imprimés naïfs dont énormément de papillons. Tout semblait exagéré, faux, comme si on jouait à la working girl, jouait à la cowgirl, ou encore jouait à faire un cours d’aérobic dans les années 1980. Même la scénographie et le maquillage des mannequins donnaient l’impression qu’il s’agissait d’un défilé de petites poupées de silicone.
Avec Dua Lipa, Versace nous emmène au vent
Volontairement superficielle, cette mise en scène peut paraître amusante et camp à souhait (notamment théorisée par l’intellectuelle Susan Sontag, la notion de camp désigne une forme d’expression ironique par rapport aux conventions de genre et de sexualités, de la part des personnes queer, originellement). Mais elle peut aussi nous interroger sur la débauche de moyens mise en œuvre pour une telle collection qui mise tant sur un moment de culture populaire particulièrement éphémère.
Car Barbie n’est même pas encore sorti qu’on peut déjà avoir l’impression d’en avoir énormément soupé (en ligne, en tout cas). Si la sortie de ce film marquera peut-être un pinacle d’engouement pour la tendance barbiecore, cela correspondra également au début de la fin de cette tendance. Versace doit en avoir conscience puisque les produits, à peine présentés à Cannes, sont déjà disponibles sur l’eshop de la marque. On parle alors de mode de vente en « see now, buy now » pour désigner cette pratique qui va à l’encontre des habitudes du luxe consistant à défiler six mois avant la mise en rayon des vêtements, justement pour donner le temps aux acheteurs de miser sur des pièces plutôt que d’autres, et donc de produire une quantité relativement juste.
Le choix de cette stratégie digne de la fast-fashion de la part de Dua Lipa x Versace illustre combien cette collection capitalise sur l’éphémère pour nous vendre cette collection qui n’a rien d’éternel, mais bien tout d’artificiel. Bref, Versace nous emmène au vent.
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