La première année d’existence du ministère des Droits des femmes a été focalisée sur la consolidation du droit existant : la loi pour l’égalité entre les hommes et les femmes a d’ores et déjà été présentée et adoptée par le Sénat, elle devrait être examinée par l’Assemblée Nationale dans les prochains semaines, en vue d’une entrée en vigueur avant l’été.
Afin que l’action du ministère soit effectivement intégrée et répercutée dans toutes les politiques publiques, les autres ministères sont informés des réformes en cours, à l’occasion notamment des Comités Interministériels aux droits des femmes, dont le 2ème s’est tenu le 6 janvier dernier.
Najat Vallaud-Belkacem est donc notre ministre, à nous, les jeunes femmes françaises. L’égalité professionnelle et la lutte contre les stéréotypes sexistes sont les priorités de cette année, mais quelles sont les vôtres, chères lectrices ?
Lutte contre les stéréotypes dans les médias à l’école, dès le plus jeune âge
N’en déplaise aux plus fervents défenseurs de La Manif Pour Tous, les stéréotypes de genre doivent disparaître, et c’est une bonne nouvelle. Plusieurs centaines de classes d’écoles primaires expérimentent l’ABCD de l’égalité, un programme visant à sensibiliser les plus jeunes aux stéréotypes de genre. Najat Vallaud-Belkacem et Vincent Peillon étaient cette semaine en déplacement à Lyon, dans des classes-témoins.
La lutte contre les stéréotypes doit aussi se poursuivre dans les médias. Pour un Guillaume Pley qui se fait épingler, combien continuent de diffuser des clichés franchement misogynes ? Et les clichés, franchement, ça devient lourd.
Dans les grandes écoles, dans le sport, chez les geeks, la lutte contre le sexisme est loin d’être gagnée.
Information et accès à la contraception
On a beaucoup parlé de la pilule en 2013, notamment des pilules de 3ème et 4ème génération. Diane 35, soupçonnée d’aggraver les risques d’accidents cardio-vasculaires chez certaines femmes, a été interdite en France avant d’être réintroduite ce mois-ci. Et quand on apprenait récemment que la pilule du lendemain Norlevo n’était pas efficace au-delà de 80 kg, ce qu’apparemment tout le monde savait sauf les utilisatrices, on a vraiment l’impression d’être prises pour des idiotes.
, c’est essentiel, mais ce n’est possible que si l’accès à l’information est ouvert sur tous les moyens de contraception : trop de tabous persistent sur les moyens autres que la pilule.
On ne peut pas dire que les gynécos font une promotion folle du stérilet pour les nullipares, de l’anneau vaginal et de l’implant contraceptif. Et pourtant, il paraît que ça peut te changer la vie !
« J’ai demandé à ma gynéco de Cannes. Non. À un gynéco à Lille. Non. Je suis allée à Bruxelles. Non toujours. Pourtant, j’étais informée, je connaissais les risques, j’étais prête à les prendre et plus important que tout le reste : c’était mon choix.
Le risque, c’était, pour un utérus n’ayant encore jamais accueilli d’embryon, et donc « sain », d’encourager une infection par l’introduction d’un corps étranger. C’était noté. Mais franchement, comparé à mon combo tabagisme plus qu’actif/hormones, ça me semblait presque anecdotique. »
Défense du droit et de l’accès à l’avortement
Quand on voit que l’Espagne restreint l’accès à l’avortement, on est en droit de s’inquiéter. Le droit des femmes à disposer librement de leur corps ne devrait pas être à la merci des changements de majorité au pouvoir.
Le droit à l’avortement est trop important pour pouvoir être restreint aussi facilement. L’inscrire dans le droit européen permettrait de le protéger des changements d’humeur du législateur, mais les députés européens l’ont refusé. Ils ont rejeté, en décembre dernier, un texte qui aurait garanti aux femmes un droit à l’avortement et à la contraception (et ce n’était même pas un texte contraignant, c’était juste un texte d’orientation, « de principe » !).
Pour mémoire, on votera pour élire nos députés européens le 25 mai prochain. À bon entendeur…
Le projet de loi égalité hommes-femmes prévoit d’aggraver le délit d’entrave à l’avortement. Tant mieux, parce qu’on ne veut vraiment, vraiment plus jamais lire ce genre de témoignages, pas en France, en 2014 :
- J’ai testé pour vous…me retrouver dans un centre anti-IVG
- Un jour, j’ai voulu avorter… et (spoiler alert), mon gynéco m’a menti.
Et pour qu’à l’avenir, on puisse éviter ça, ce serait bien d’avoir les moyens de poursuivre en justice les associations et les cliniques qui font de la propagande anti-avortement.
On ne veut plus de professionnel•le•s de santé qui font de la désinformation, qui culpabilisent ou infantilisent les femmes qui veulent avorter (et surtout les jeunes femmes). Qu’on en finisse avec « le traumatisme » de l’avortement, pour toutes celles qui vont bien, merci.
L’accès à la stérilisation volontaire ?
Le recours à la stérilisation volontaire est loin d’être acquis pour les femmes, encore moins pour les jeunes femmes nullipares :
« L’article d’Offensive Libertaire pointe alors plusieurs problèmes :
- Il n’existe pas de service spécialisé dans la stérilisation pour les femmes (alors qu’il y a des services pour la fécondité),
- Le corps médical s’accorde le droit de ne pas accepter de mener l’opération – malgré la décision de l’individu – en s’appuyant sur le code de déontologie ou sur leur droit de retrait,
- Il semblerait qu’il soit encore plus difficile pour une femme de trouver un chirurgien qui veut bien lui ligaturer les trompes que pour un homme qui cherche à subir une vasectomie »
– Extrait de « Je ne veux pas d’enfants », la lettre ouverte pour le droit à la stérilisation
Égalité professionnelle et discriminations
Nous sommes en 2014, et le plafond de verre est toujours une réalité. Les hommes sont toujours payés environ 25% de plus que leurs homologues féminines, à postes et compétences égales (faites le test sur Le Pariteur !).
En France en 2014, on continue à recevoir des témoignages de discrimination à l’embauche, dignes d’un épisode de Mad Men, dont cette perle : Moi, mes compétences et… mon utérus.
Il était temps qu’un ministère soit dédié aux droits des femmes, compte tenu du chemin qu’il reste à parcourir…
Parmi ces thèmes (et en-dehors de cette liste), quels sont ceux qui vous tiennent particulièrement à coeur ? Qui vous semblent essentiels ? Quels sont les engagements que vous attendez de la part de la ministre des Droits des femmes ? Quelles questions lui poseriez-vous si vous étiez face à elle ?
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