En Espagne en décembre 2013, le droit à l’avortement est remis en cause par le gouvernement lui-même dans un projet de loi limitant ce droit. En septembre 2014, face à la mobilisation nationale et internationale — mais c’est tout juste — le droit à l’Interruption Volontaire de Grossesse pour tou•te•s est sauvé et le projet de loi abandonné.
En février 2015, le gouvernement espagnol remet ça en tentant de le limiter l’accès à l’IVG pour les mineur•e•s et les handicapé•e•s. Et en septembre 2015, la loi passe. Désormais tou•te•s les mineur•e•s espagnol•e•s doivent demander la permission d’avorter à leurs parents.
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En France non plus, ce droit n’est pas acquis
Mais si je vous parle de l’Espagne, c’est pour mieux vous faire comprendre à quel point, en France non plus, ce droit n’est pas acquis. À quel point il faudra toujours se battre pour le préserver. Cela fait 40 ans que la loi Veil a été adoptée (le 17 janvier 1975), mais elle est encore et toujours en danger…
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Un webdocumentaire à propos de l’IVG en France
Je vous fais donc la promotion d’un excellent webdocumentaire sur les dangers qui menacent encore le droit à l’IVG en France, intitulé Je ne suis pas acquis. Il a été réalisé par Emeline Piucco, une étudiante en master de journalisme à l’Université de Lorraine. Vous pouvez également accéder à sa page Facebook. Emeline, que j’ai pu contacter, m’a raconté que ce webdocumentaire revêtait pour elle un caractère particulièrement personnel, en écho à son histoire. C’est donc un peu d’elle-même que la jeune femme vous offre dans cette oeuvre, et une autre raison de penser que ce webdocumentaire mérite le coup d’oeil.
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Dans Je ne suis pas acquis, qui se présente sous la forme d’une plateforme interactive, des textes de présentation et des slides accompagnent plusieurs courtes vidéos, dont des interviews de différent•e•s professionnel•le•s (militant anti-choix, gynécologues obstétriciens, militante pro-avortement…) donnant leurs points de vue respectifs.
Éducatif, plein d’informations diverses et très clair, ce webdocumentaire référence aussi les sites utiles pour les personnes souhaitant s’informer sur l’IVG, et précise enfin les dernières avancées en France, mais aussi en Europe.
Un webdoc qui donne la parole à toutes les parties
Le webdocumentaire est divisé en trois chapitres traitant chacun d’un aspect particulier du droit à l’avortement en France :
- D’abord, il rappelle l’existence des militant•E•s anti-choix et détaille leurs arguments, donnant ainsi sincèrement la parole au point de vue opposé
- Ensuite, il liste les problèmes entourant l’accès à l’IVG, notamment les délais d’attente et l’inégalité de la prise en charge sur le territoire français
- Enfin, il traite des dernières avancées en France, des solutions possibles et parfois déjà entreprises, et finit donc sur une note d’espoir.
Je ne suis pas acquis est une piqûre de rappel nécessaire: non, le droit à l’avortement en France n’est pas, ne sera jamais, un droit acquis pour de bon dont on n’a plus besoin de se préoccuper.
Qui veut avorter trouvera un moyen
Emeline Piucco n’en fait pas non plus un acte anodin, mais elle explique clairement qu’il s’agit d’une nécessité, d’une réalité : qui veut avorter trouvera un moyen. Et en France, on a depuis 40 ans décidé qu’il s’agissait d’une mesure de protection de la santé publique.
La question du délai de réflexion
À la fin sont listés les progrès qu’Emeline attend encore pour que le droit à l’avortement soit complet en France ; et parmi ces progrès, on trouve « la suppression du délai de réflexion obligatoire ». Il faut savoir que l’Assemblée l’a supprimé en mars 2015. La question ne se pose donc plus vraiment !
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Je suis pour l’avortement : c’est une réalité. Qui veut se faire avorter avortera, quelles que soient les conditions, quel que soit le danger. Alors il faut donner aux personnes concernées la possibilité de le faire en toute sûreté et en leur offrant la possibilité d’un suivi psychologique. Certaines (pas toutes) peuvent en effet mal le vivre : il est du devoir de l’État de leur offrir la possibilité d’une aide psychologique, disponible pour ceux et celles qui en ressentent le besoin.
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Emeline m’a répondu sur ce point : pour elle, il est essentiel que ce délai de réflexion reste possible pour les gens qui en ressentent le besoin, mais son caractère obligatoire devait effectivement disparaître pour donner à tou•te•s la chance d’un avortement choisi et non subi. Pour Emeline, la question du délai est importante : en effet, au-delà d’un certain nombre de jours de grossesse, il n’est par exemple plus possible d’accéder à une IVG médicamenteuse et il faut en passer par la méthode d’aspiration…
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Les Commentaires
Qui n'assassine pas les pro-vies, montre ce que sont leurs arguments, merci à celui qui a bien voulu répondre !
J'adore c'est engagé et réaliste en même temps !!
Un outil pour en parler sans tabou et autre complexe !