Mise à jour du 26 janvier 2017 — Le mouvement irlandais Strike 4 Repeal a adressé un ultimatum au gouvernement ce 23 janvier : qu’il y ait un référendum pour abroger le huitième amendement d’ici le 8 mars, ou bien il y aura une grève générale en Irlande.
https://twitter.com/Strike_4_Repeal/status/823515810262118400
Dans cette vidéo, plusieurs femmes se succèdent dans des rues irlandaises pour expliquer que le gouvernement a stratégiquement constitué une assemblée de citoyen•nes pour décaler un référendum sur le 8ème amendement, pendant que des personnes continuent d’être en danger.
Martelant qu’elles n’attendront plus, les Irlandaises demandent de faire grève le 8 mars pour protester contre l’absence de référendum et demander l’abrogation de l’amendement :
« Prenez un jour de congé, ne faites pas de tâches domestiques, portez du noir pour montrer votre soutien. Nous n’attendrons pas. Faites grève pour l’abrogation. »
Si cela ne sera pas vraiment une grève industrielle, le mouvement propose également aux entreprises de fermer pour montrer leur soutien, et propose des façons inclusives de faire grève — comme de se rassembler à midi en hommage aux douze femmes irlandaises qui doivent en moyenne partir avorter à l’étranger tous les jours.
Strike 4 Repeal s’inspire ainsi de la mobilisation des Polonaises en octobre dernier, qui avaient manifesté pour conserver leur droit à l’avortement, avec succès.
Article du 20 janvier 2017 — Heartbreak : tel est le titre d’une vidéo postée en ligne et qui rappelle avec amertume à ses habitants que l’Irlande demeure un des derniers pays européens à ne pas légaliser l’accès à l’avortement. Une situation qui dégoûte ou ravit certain•es, mais qui inspire avant tout.
(Sous-titres en anglais disponibles)
Artistes en tout genre lèvent ainsi leur plume et agrippent leur micro pour s’unir face à un amendement considéré comme dépassé, faisant de la vieille capitale industrielle aujourd’hui reine des start-ups une mère de créativité.
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L’Irlande, une façade joviale qui cache une plaie béante
L’Irlande, c’est une terre boostée à la chlorophylle dont le coquet surnom d’Ile d’émeraude a le don de cultiver fascination et mystère. C’est une contrée qui mêle paysages saisissants et scènes pittoresques avec brio, où la bière est tellement abondante que l’on se demande même si le pays ne possède pas ses gisements.
Pourtant, derrière cette image enivrante dont les touristes raffolent, se cache une réalité dont beaucoup de ses habitant•es ne sont pas fier•es.
En 1821, le pays condamne l’avortement sous toute ses formes. Mais c’est véritablement en 1983 que le Eight Amendment to the Irish Constitution sera voté, et ce pour ne jamais être changé, faisant de l’Irlande un des dernier pays d’Europe à condamner l’avortement. Y est notamment dit :
« L’État a connaissance du droit de vie du non-né et, tout comme le droit de vie de la mère, la loi garantit de respecter ce droit, dans la mesure du possible, et de le défendre. »
Il faudra attendre mai 2015, peu de temps après la légalisation du mariage pour tou•tes, pour que le Taoiseach (Premier Ministre) décide de remettre en cause l’amendement. Il passera en appel et demeurera inchangé.
Mais les Irlandais•es ne seront plus jamais les mêmes.
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Repeal The 8th, comme un vent de révolte
C’est de cette situation instable que le mouvement Repeal The 8th vient au monde, insufflé par une jeunesse indépendante et fougueuse, avide de découverte et de liberté.
Les Irlandais•es descendent dans la rue, brandissent des pancartes, et arborent fièrement leur sweat Repeal The 8Th tel un étendard.
Le mouvement a doucement commencé en octobre 2013, mais c’est véritablement en 2015 qu’il a explosé : Dublin prend peu à peu les couleurs de la résistance.
Des artistes commencent alors à puiser leur inspiration dans ce paysage en pleine mutation, dénonçant les problèmes que l’absence d’accès à l’avortement est en train de causer à un pays encore profondément catholique.
Photographes, illustrateurs, graffeurs mais aussi musiciens… Les créatifs se bousculent et le résultat est aussi douloureux que criant de vérité.
https://twitter.com/AmnestyIreland/status/818417578775379968
Une performance de Will St Léger représentant les femmes qui doivent aller avorter en Angleterre chaque année.
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L’art versus la politique
À ce jour, le gouvernement ne souhaite pas remettre en cause le 8ème Amendement, et ce afin de respecter des croyances encore profondément ancrées dans les moeurs tout comme dans le système politique.
En effet, si on parle d’un potentiel vote au Daìl (l’Assemblée Générale) pour proposer un référendum prochainement sur la question, les avis restent encore extrêmement partagés.
Il n’y a plus qu’à espérer qu’Einstein disait vrai avec son :
« La créativité est contagieuse, faites-la tourner ! »
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