Elles étaient quatre à brandir leur pilule abortive devant la Cour suprême en clamant haut et fort que rien ni personne ne les empêchera d’avorter. Amelia Bonow, Alana Edmondson, Aiyana Knauer et Erin Jorgensen ont gobé devant les caméras leur petit cachet en signe de défiance : « Vous ne nous arrêterez jamais. Nous continuerons toujours à prendre la pilule abortive » ont-elles clamé.
Les militantes appartiennent à l’organisation Shout Your Abortion qui défend l’accès à l’IVG aux États-Unis.
Pourquoi étaient-elles devant la Cour suprême en ce 1er décembre ?
Une remise en question de l’arrêt historique Roe v. Wade
Les neuf juges y ont présenté leurs plaidoiries dans le cas Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization, qui pourrait gravement remettre en cause le droit à l’avortement aux États-Unis. L’affaire pourrait aboutir à l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade rendu en 1973 — une décision majeure qui garantit le droit à l’avortement aux États-Unis.
Cet arrêt a régulièrement été remis en question, mais avec une Cour suprême actuellement à majorité conservatrice, les organisations de défense des droits des femmes craignent le pire. C’est notamment la présence de celle qui a succédé à Ruth Bader Ginsburg, Amy Coney Barrett, nommée par Donald Trump et connue pour ses positions hostiles aux droits sexuels et reproductifs des femmes, qui laisse présager une issue catastrophique.
Face à elle, Sonia Sotomayor, une des trois juges libérales de la cour, n’a pas hésité à faire part de son inquiétude :
« Cette institution survivra-t-elle à la puanteur que créerait dans la perception publique l’idée que la Constitution et sa lecture ne sont que des actes politiques ? Si les gens croient que tout est politique, comme allons-nous survivre ? Cette Cour survivra-t-elle ? »
Un tournant inquiétant
La décision de la Cour suprême ne sera pas rendue avant le mois de juin 2022. La remise en question de la constitutionnalité du droit à l’avortement aurait un impact dramatique : faire sauter le rempart que constitue Roe v. Wade serait l’occasion pour 26 États d’interdire le droit à l’avortement, selon l’Institut Guttmacher.
Le cas de la loi anti-IVG au Texas adoptée il y a quelques moins nous avait déjà laissé voir un tournant sévèrement inquiétant pour la sauvegarde des droits sexuels et reproductifs. Nul doute que les prochains mois seront cruciaux pour les féministes américaines.
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Crédit photo : Lorie Shaull via Flickr
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