« J’ai cru mourir ». Pour la première fois depuis les révélations sur cette affaire, la députée Sandrine Josso, qui accuse le sénateur Joël Guerriau de l’avoir droguée en vue de l’agresser sexuellement, s’est exprimée dans l’émission C à Vous lundi 20 novembre, sur France 5.
« On peut tous subir ce que j’ai subi », a estimé la députée, qui a affirmé être encore « en post-trauma » : « Je sursaute tout le temps ». Sandrine Josso affirme également souhaiter vouloir « sensibiliser » sur le « fléau » de la soumission chimique, dont « on ne peut plus détourner le regard ».
« J’avais l’impression de faire une crise cardiaque »
La députée est revenue en détail sur cette soirée. Elle dit être allée ce soir-là « en confiance » et « en toute amitié » fêter la réélection de son collègue et « ami depuis dix ans », élu du même département. Puis, elle s’étonne de « l’insistance » de l’élue pour qu’elle trinque avec lui plusieurs fois au champagne, dont le goût « sucré » la surprend. Elle affirme également que Joël Guerriau jouait avec le variateur d’éclairage du salon.
« Il mettait la lumière très fort, puis la baissait ». Une technique connue pour « augmenter l’efficacité de la drogue », comme lui ont expliqué plus tard les médecins qui l’ont examinée lors de son hospitalisation.
Prise de « palpitations » et de « sueurs », elle voit alors son hôte ranger « un sachet blanc sous le plan de travail » de sa cuisine. Il s’agit d’ecstasy, que les policiers ont retrouvé au même endroit lors d’une perquisition. Elle comprend alors la situation, mais « j’étais déjà sous l’effet de la drogue, mes jambes tremblaient », a-t-elle témoigné.
Pour fuir ce piège, Sandrine Josso commande un taxi. Mais Joël Guerriau la suit « dans l’ascenseur, dans la cour, jusqu’au taxi ». « J’étais paniquée, mon cœur battait… J’avais l’impression de faire une crise cardiaque ».
Joël Guerriau plaide « l’accident »
Selon Rémi-Pierre Drai, avocat de Joël Guerriau, le sénateur n’a jamais eu l’intention d’administrer de la drogue à Sandrine Josso. Dans une interview accordée à France Bleu Pays de la Loire, il affirme qu’il s’agit d’un accident.
Le sénateur s’était vu confier une substance euphorisante peu après les élections, une période « difficile » pour lui, car, selon son avocat, Joël Guerriau aurait perdu son chat, qu’il avait depuis 20 ans, et aurait un ami malade du cancer. Il affirme également que la députée mentirait sur le fait d’avoir vu le sénateur en possession du sachet de drogue.
Une défense indigne, selon Julia Minkowski, avocate de Sandrine Josso. « Je ne comprends pas qu’il l’accuse de mensonge sur un point objectivement vérifié par le dossier », a-t-elle déclaré au Parisien. « C’est très grave ! Vous détenez une drogue dure chez vous, aussi forte que de la MDMA, de l’ecstasy en poudre, et une amie de 10 ans en ingère à son insu. C’est d’une gravité qui à mon sens réclame une dignité, une responsabilité, y compris dans la façon dont il se défend… », s’est-elle indignée.
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