Qu’est-ce qu’un Visual Novel ?
Un Visual Novel est (comme son nom l’indique) un roman interactif. C’est une « histoire dont vous êtes le héros » version jeu vidéo. Ce qui veut dire, évidemment, beaucoup beaucoup de textes à lire. Et quelques choix à faire de temps en temps, qui influent positivement ou négativement sur le déroulement de votre récit (certains sont carrément évidents : si vous choisissez de retourner une mandale à ce géant que vous venez de bousculer au lieu de vous excuser platement, venez pas vous plaindre quand vous serez dans le pâté).
Et qui dit choix dit histoire qui change ! Un bon Visual Novel a au moins une demi-douzaine de fins, à la fois positives et négatives. Et pour découvrir tous ces dénouements, il faut évidemment rejouer plusieurs fois en modifiant ses choix.
Tout cela peut sembler bien ennuyeux : autant aller lire un livre, me direz-vous. Mais je vous répondrai que certains Visual Novels sont tellement bien ficelés que l’on n’a presque pas le temps de s’ennuyer ! En faire un bon, c’est cependant très compliqué, surtout que la grande majorité du genre se compose d’otome, des jeux de drague. Difficile de faire de la grande qualité en parlant séduction…
C’est pour cela que le genre du Visual Novel est très peu répandu en Occident, à quelques exceptions près (comme la série des Ace Attorney). Mais heureusement, des âmes charitables nous traduisent (en anglais) le gratin du Visual Novel !
DRAMAtical Murder : petite présentation
Et dans ce gratin, nous retrouvons le studio Nitro+CHIRAL, spécialisé dans le développement de Visual Novel yaoi (ce dernier terme indique la présence de relations homosexuelles masculines). Leurs quatre principaux jeux sont Togainu no Chi, Lamento: Beyond the Void, Sweet Pool et celui qui nous intéresse aujourd’hui, DRAMAtical Murder.
Paru en mars 2012, DRAMAtical Murder est la dernière sortie en date du studio, et il est fortement déconseillé aux moins de 18 ans. Mais rassurez-vous, il est considéré comme le moins trash des quatre.
L’histoire se passe dans le futur, sur Midorijima, une île imaginaire située au Sud-Ouest du Japon. Autrefois resplendissante de verdure, elle a été rachetée par Toue Inc., la plus grande entreprise japonaise. En conséquence, un tiers de sa superficie est désormais recouverte d’un énorme complexe de loisirs, Platinum Jail (rien qu’avec ce nom, on voit que quelque chose tourne pas rond, puisque jail veut dire… prison). Les habitants qui se sont opposés à cette restructuration sont parqués dans le District 12 (rien à voir avec Hunger Games), Old Resident District.
Deux jeux y sont extrêmement populaires parmi les jeunes : Ribsteez et Rhyme. Dans le premier, des équipes sont créées, des territoires sont délimités et… Et c’est tout. Si un joueur entre dans le territoire d’une autre équipe, il se fait démolir la gueule. Dans le second, Rhyme, le combat se passe dans le cerveau, sur un terrain virtuel créé par la matière grise des joueurs.
Vous jouerez Aoba Seragaki, un jeune homme aux cheveux bleus (c’est japonais, faut pas s’attendre à une pigmentation capillaire normale) qui vit seul avec sa grand-mère Tae-san. Comme vous vous en doutez, un évènement dramatique va venir chambouler la vie paisible de notre Schtroumpf…
NON, toutes les personnes que vous voyez ne sont pas celles que vous pouvez vous taper. C’est votre grand-mère enfin !
Le héros et son entourage hétéroclite
Étant donné que c’est un jeu yaoi, les personnages sont une part primordiale de DRAMatical Murder.
Je vous présente votre personnage, Aoba, le petit cul innocent dont vous suivrez les aventures. Bon, je dis innocent… Enfin, vous verrez.
C’est un jeune homme de vingt-trois ans travaillant au Junk Shop Heibon et vivant seul avec sa grand-mère ; il qui a la particularité d’avoir une voix envoûtante. Au sens littéral. Il possède un chien-robot nommé Ren, une petite boule de fourrure trop choupinette !
Koujaku, de quatre ans votre aîné, est votre ami d’enfance. Et comme le montrent sa gigantesque épée et son kimono rouge, il est coiffeur. Oui, vous avez bien lu. C’est connu que les coiffeurs se baladent avec une épée aussi grande qu’eux. Ce sera peut-être comme ça dans le futur ?
C’est également un véritable tombeur avec un fanclub digne d’un boys band (même s’il est bien plus classe que les R5). Jusqu’à ce qu’il vous rencontre, héhéhé.
Vous rencontrez pour la première fois Noiz alors qu’il est entré par effraction dans votre chambre. Votre relation commence extrêmement bien, puisqu’il tente de vous casser le bras pour vous obliger à l’affronter dans Rhyme alors que vous ne voulez que vivre paisiblement dans ce monde de brutes (mais ceci n’est pas une option valable).
Il est le seul à posséder trois fins différentes, avec une fin neutre (particulièrement drôle) en plus d’un dénouement heureux et d’un autre malheureux.
Vous le sentez bien là, le personnage ? Mink est le leader d’un gang de prisonniers évadés, et possède un MAGNIFIQUE cacatoès rose. Qui fume le cigare.
Ce personnage est carrément détestable : il vous kidnappe et ordonne à ses subalternes de vous violer, rien que ça. Si vous prenez sa route, votre personnage sera l’incarnation même du syndrome de Stockholm. Vous êtes prévenu-e-s.
Pour finir, voici le personnage le plus étrange du jeu, Clear. Vous le rencontrez (si je peux m’exprimer ainsi) devant votre lieu de travail, alors qu’il est tombé littéralement du ciel. Il porte un masque à gaz et vous appelle « Master ». Certes, son apparence est peu engageante, mais dès que vous entendrez sa voix, cette barrière sera très probablement brisée.
Sa route est divisée en deux parties : celle où il garde son masque (qui m’a fait mourir de rire plusieurs fois) et celle qui se déroule après la découverte de son visage (à partir de là, l’histoire devient émouvante : oui, j’ai pleuré).
Il y a bien sûr d’autres personnages, comme Haga-san (votre patron), votre grand-mère, les trois mioches, Mizuki (votre pote) ou les boss de la mafia du coin, Virus et Trip (sérieusement ?).
DRAMatical Murder, un petit bijou
DRAMatical Murder fait désormais partie de mon top 3 en jeux vidéo (avec Okami et Skyrim) et je le recommande fortement !
Les graphismes sont très beaux (même s’ils sont fixes), les doublages sont d’une très grande qualité, ainsi que la traduction anglaise, et le scénario, qui peut sembler banal, est très prenant.
La bande-son est électro et colle bien à l’atmosphère du jeu, même si elle est un peu pauvre. Toutefois, chaque personnage possède sa propre chanson, qui vous sera dévoilée lors de sa fin « triste ». Et il y en a de très belles.
Le jeu est vraiment pour un public averti : pour certaines fins ou même certaines routes, il faudra avoir le cœur bien accroché. De plus, on s’attache très vite aux personnages, ce qui rend les fins tristes encore plus horribles… et les happy ends bien plus belles.
Et, bien entendu, il ne faut pas perdre de vue que c’est un jeu yaoi. Et donc qu’il y aura des scènes de sexe. Même si les armes du crime sont pixellisées, le tout est assez explicite. Au point que je me demande comment font les doubleurs !
La rédac de madmoiZelle est tombée sur cette image en préparant cet article et il était tout simplement impossible de ne PAS l’inclure. Derien.
J’ai envie de recommander fortement ce jeu, même si je dois bien admettre que le côté Visual Novel et yaoi explicite peut en rebuter beaucoup. Mais je vous incite malgré tout à l’essayer si vous en avez l’occasion ! DRAMatical Murder n’est pas disponible en France, malheureusement… Que font les distributeurs ?
Last but not least, si le scénario vous intéresse mais pas le yaoi, sachez qu’une version en anime plus édulcorée est prévue pour cet été ! Alors, tenté-e-s ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
La plupart de ces jeux sont disponibles sur pc et consoles. Et il existe même des patchs de langues pour certains jeux japonais.