« Drama », c’est le petit nom que les japonais donnent à leurs séries. Et contrairement à ce que cette dénomination pourrait laisser entendre, il ne s’agit pas tant de drame que d’humour, de romance ou de fantastique.
Mais commençons par le commencement : que sont exactement les dramas ? Quelles différences avec nos séries occidentales ? Ce sont des séries courtes d’une dizaine d’épisodes de 45 minutes, généralement destinées à un public d’adolescents ou de jeunes adultes. Format oblige, les intrigues sont rarement très complexes, mais peuvent aborder toutes sortes de sujets. Chaque année au Pays du Soleil Levant, des dizaines de dramas débarquent sur les chaînes qui se lancent alors dans une course à l’audimat. Et pour attirer le maximum de téléspectateurs, tous les moyens sont bons. Adapter un livre ou un manga à succès en drama permet d’attirer au moins une base de fans, aussi ce procédé est régulièrement utilisé, avec ses qualités comme ses défauts : si les personnages sont parfois plus caricaturaux ou moins cohérents, ils sont aussi plus attachants, et pour peu que le support original soit de bonne qualité scénaristique, la dynamique de l’histoire en profite largement.
Au casting, on retrouve de façon récurrente des « idols« , tant masculines que féminines. Concept qui pourrait mériter un article à lui tout seul, les idols japonaises sont des sortes de stars à tout faire : chanteurs, danseurs, acteurs, présentateurs, mannequins, ils sont d’autant plus rentables qu’ils sont multitâches, et les dramas constituent pour eux un excellent moyen de promotion. Choisis pour leur belle gueule et/ou leur popularité plus que pour leurs talents d’acteurs, plus habitués aux plateaux-télés qu’aux décors de cinéma, ce type de sélection peut faire craindre le pire. Mais le statut d’idol n’empêche pas le talent, j’en veux pour preuve Ninomiya Kazunari. Chanteur dans un boys-band à succès (concluez-en ce que vous voulez sur l’intérêt musical de sa carrière) (tenez, je vais vous aider), dont chaque membre a joué dans une dizaine de dramas, le petit Nino s’est tout de même payé un rôle majeur dans Les Lettres d’Iwo Jima de Clint Eastwood. Dans la mesure où il y a autant d’écart entre un drama et un Clint Eastwood qu’entre Plus Belle la Vie et un Tarantino, avouez qu’un tel choix n’était pas forcément évident. S’il est le seul à avoir jamais joué dans une grosse production américaine, le monde des idols est suffisamment vaste pour contenir son lot d’acteurs plus que corrects. Peut-être certaines d’entre vous connaissent-elles Shun Oguri, l’acteur principal de Crows Zero, ou Erika Toda, qu’on a pu voir dans les films Death Note ?
Un drama, d’accord, mais lequel ?
Comme je suis absolument convaincue que vous ne désirez maintenant qu’une chose : vous faire votre propre opinion sur le sujet, laissez-moi vous aider avec quelques suggestions.
Si vous avez envie de vous marrer et que l’humour déjanté ne vous dérange pas, foncez sur Hanazakari no Kimitachi e : adapté du manga du même nom, toutes les ficelles humoristiques du support papier sont utilisées à l’écran pour un résultat parfois loufoque mais très réussi. Le casting vaut son pesant de cacahuètes, avec Shun Oguri, Horikita Maki et surtout Ikuta Toma, excellent dans le rôle de Nakatsu. Attention cependant si vous décidez de regarder ce drama, une autre version est récemment sortie sous le nom de « Hanazakari no Kimitachi e 2011 » : même histoire, même réalisateur, mêmes décors, même titre, seuls les acteurs changent. Mais étant donnée la qualité du casting de la première version, je ne m’aventurerais pas à vous conseiller la seconde.
Au rayon romance, Hana Yori Dango est une valeur sûre. Manga culte pour un drama qui l’est presque tout autant, Hana Yori Dango
revisite le triangle amoureux. Si Jun Matsumoto et Shun Oguri sont très bons dans leur rôle, le point fort de ce drama est la place laissée aux personnages secondaires, tout aussi travaillés, et aux relations qui les unissent les uns aux autres. Sur ce point, la version coréenne du drama est selon moi clairement un cran au-dessus, mais la réalisation japonaise n’a pas non plus à rougir. Étonnamment prenante, la série s’est même payée le luxe d’une deuxième saison et d’un film.
Si vous trouvez que l’humour ne s’apprécie qu’à petite dose ou que les histoires d’amour manquent d’action, peut-être que Ryuusei no Kizuna saura mieux vous convaincre. Un casting impeccable, où Ninomiya Kazunari (le fameux Nino des Lettre d’Iwo Jima), Nishikido Ryo et Erika Toda campent trois frères et sœurs recherchant le meurtrier de leurs parents. Tiré d’un roman, ce drama des plus réussis mélange les genres sans peine et dose à la perfection humour, enquête, romance et drame.
Bon nombres de sujets ne sont que trop rarement abordés dans les dramas. Ovni du genre, Last Friends semble se faire un devoir de combler ce vide : homosexualité, violence conjugale, peur du sexe opposé… Le tout traité avec délicatesse, sans exhibitionnisme ni dénonciation grandiloquente. Les acteurs sont tous très bons, avec une mention particulière à Ueno Juri qui montre enfin son talent après son rôle agaçant et horriblement surjoué dans Nodame Cantabile.
Je terminerai par Nobuta wo produce. Dernier de la liste mais premier dans mon cœur, c’est selon moi LE drama culte, celui qu’il faut avoir vu. Le fait que ce soit le premier drama qu’il m’ait été donné de voir ne joue évidemment pas le moins du monde. Derrière une bonne dose d’humour et de répliques cultes se cachent des personnages travaillés, pas forcément réalistes mais loin des habituelles caricatures. Ils n’en sont pas moins attachants et l’air de rien, sans y toucher, ce drama aborde de façon inhabituelle l’amitié et le rapport aux autres. Kame et Yamapi y forment un duo très bien assorti, autour d’une Horikita Maki qu’on a du mal à reconnaître dans le rôle de la timide maladive.
Quel drama pour qui ?
Les personnes regardant ces séries sont généralement les mêmes qui lisent des mangas ou regardent des animes. Je n’ai donc aucun moyen de savoir si les dramas peuvent potentiellement plaire à des personnes qui ne connaissent ni les uns ni les autres. J’ai pris le pari que oui, et j’ai établi ma liste en partant de ce principe. Elle est cependant loin d’être exhaustive, d’autant que j’ai délibérément choisi de ne pas évoquer certains types de dramas, parfois par goût personnel, parfois pour d’autres raisons. Life par exemple m’a semblé trop « nippo-centré », puisqu’il traite uniquement de l’ijime, phénomène de société tabou au Japon de persécution d’un élève dans une classe. Je n’ai pas évoqué non plus les dramas coréens, pourtant de plus en plus populaires. J’ai fait ce choix non pas parce que les dramas japonais sont meilleurs, mais parce qu’ils me semblent par certains côtés moins éloignés des séries occidentales. Les coréens ont une tendance bien plus marquée à surjouer leur rôle, ce qui peut rebuter.
De plus, outre le fait que leurs dramas sont bien plus longs (15 épisodes minimum, d’une heure chacun), contrairement à leurs homologues japonais, ils sont licenciés en France et sont donc quasiment impossible à trouver gratuitement avec les sous-titres français. Cela dit, les intrigues sont généralement assez simplistes pour que même les anglophobes en comprennent la teneur. Leur format plus long permet aux dramas coréens de mieux développer les personnages. Le rythme est ainsi beaucoup plus lent, mais les personnages et les relations qu’ils entretiennent gagnent en subtilité. Si certains personnes préfèrent tenter l’aventure à la coréenne, je conseillerais donc You’re beautiful, Boys over Flower (version coréenne de Hana Yori Dango, exemple parfait de ce dont je parlais sur le développement des personnages) ou bien, dans un tout autre registre, Iljimae.
Alors, convaincues ? Et pour celles qui sont déjà consommatrices de dramas, quels sont vos préférés et quels sont ceux que vous recommanderiez aux débutantes ?
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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