C’est marrant, les dragons ont beau être de gros lézards pas toujours sympathiques et capables de te transformer en barbecue en moins de trente secondes, personne n’est insensible à leurs charmes. Le dragon est porteur d’une iconographie très importante et d’une symbolique très affirmée (le concombre de mer, par exemple, ne peut pas en dire autant).
Les dragons nous fascinent depuis bien longtemps. Ils ont été chassés, vénérés, craints, divinisés… Beaucoup de culture ont leurs propres dragons, différents de ceux du voisin.
Alors forcément, en passant de la gravure aux séries télé, il n’est pas étonnant que le monstre squatte assez souvent ton cinéma. Donner vie à une créature fantastique est toujours un sacré challenge pour les pro des effets spéciaux, la rendre crédible l’est plus encore.
J’ai toujours eu un faible pour ces grosses bestioles un peu pataudes sur le sol et plus à l’aise qu’un avion de chasse une fois dans les airs. J’aime les voir tyranniser tout un peuple (oui, je suis comme ça) et se faire encenser à l’autre bout du globe pour quelques gouttes d’eau après des mois de sécheresse. J’aime leur physique hybride et toujours changeant. Bref, j’aime bien les dragons.
J’ai testé avec mon cochon d’Inde mais bizarrement ça rend moins bien.
Laisse-moi te guider sur un chemin d’écailles multicolores : on ne sait jamais, tu pourrais trouver de quoi remplacer ton poisson rouge qui croupit sous dix centimètres d’algues par une jolie créature volante ?
Le dragon occidental : cruel et cupide
Smaug — Le Hobbit : La désolation de Smaug
« Pas mal ton dernier tuto Halloween Virginie ! »
Le premier dragon célèbre sur lequel j’ai envie de m’arrêter est celui dont tout le monde parle en ce moment. Smaug est issu d’un livre, alors on attend forcément de voir si l’adaptation en 3D ne l’aurait pas transformé en un genre de Pokémon un peu moche.
Si tu n’as pas encore pu te jeter à corps perdu dans une salle de cinéma, je te rassure : Smaug est ce qu’il y a de mieux dans ce deuxième film de la trilogie du Hobbit. Il est la définition même du dragon occidental : c’est une créature de type reptile avec des ailes de la taille d’un immeuble et un corps de dinosaure.
Ce n’est pas pour rien que Saint Georges a préféré terrasser le dragon plutôt que de l’offrir dans une jolie cage à sa filleule : il est dangereux, sans pitié et crache des flammes gigantesques. En gros, si tu ne veux pas finir comme Pompéi, je te conseille d’en rester éloignée.
La créature de Tolkien n’a rien de sympathique. C’est une bête féroce qui aime détruire des civilisations et montrer qu’il en a sous les griffes. Comme beaucoup de dragons dans la mythologie grecque et européenne, Smaug est un peu le cerbère des richesses. En d’autres mots, ces bestioles sont en fait de grosses pies attirées par tout ce qui brille. Les dragons ont la tâche de garder or et pierres précieuses, souvent volés par eux-mêmes.
Du coup, Smaug passe tout son temps à se prélasser comme un bellâtre dans une immense montagne sous deux ou trois tonnes de joyaux. Tout ça pour en faire quoi ? Rien, sinon d’avoir la certitude qu’être plein aux as, c’est cool. C’est aussi ce qui arrive au malheureux cousin Eustache de Narnia : aveuglé par la beauté d’un trésor qu’il a bien décidé de voler, il est lui-même transformé en dragon par un mauvais sort.
En même temps c’est bien fait pour lui, il avait qu’à être un peu moins relou.
Et puis faut le dire, il est bien plus mignon comme ça.
Je ne veux pas trop t’en dire, car le spoil c’est vicieux, mais Smaug est un des plus beaux dragons que j’aie vu depuis un bon moment. Niveau réalisation, il est réussi de la pointe du museau jusqu’au bout de la queue. J’ai trouvé l’animation de sa tête assez géniale et très humaine.
Benedict Cumberbatch (si c’est bien lui sous toute cette couche d’effets vocaux) a réussi à donner une dimension glaciale à ce monstre de feu — à côté, Bane de The Dark Knight Rises c’est du pipi d’chat (en même temps, c’était plutôt difficile de faire pire). Bref, Smaug a de quoi être le maître de la Terre du Milieu, il a pas l’air de vouloir battre de l’aile (ha ha).
En même temps, quand on voit cette image, on se doute que ça sera forcément exceptionnel.
Les dragons d’Harry Potter
Dans le genre grosses bestioles qui vous veulent pas que du bien, les dragons d’Harry Potter sont plutôt pas mal non plus. Dans le monde des Sorciers, ils ne courent pas les rues, mais on en croise quand même deux ou trois.
L’un d’entre eux garde les coffres de la banque de Gringotts. Celui-ci a beau avoir l’air d’être un dragon albinos et totalement bigleux, il n’en n’est pas moins dangereux. La pauvre bête a été détenue par les Gobelins pendant plusieurs années ; il ne crache donc pas sur l’idée de sortir de sa prison, même s’il faut pour ça trimballer deux ou trois insectes avec des bouts de bois dans les mains sur son dos.
Les autres dragons du monde d’Harry Potter sont visibles dans l’épisode de la Coupe de Feu. Survivre à une de ces bestioles est une des épreuves les plus dures du challenge (l’idée étant de ne pas finir estropié ou brûlé comme une merguez).
Affronter un dragon est généralement une épreuve symbolique. C’est une bête apocalyptique, souvent associée à Satan. Combattre un dragon c’est combattre le mal. Terrasser la bête, c’est passer du côté des vainqueurs en prouvant qu’on est fort et pur. C’est un thème largement repris dans l’art et dont J.K. Rowling s’est sans doute inspirée pour Harry Potter.
En taille jouet Kinder c’est quand même plus sympathique.
En tout cas, je laisse ce genre de bestioles aux sorciers et aux hommes aux pieds poilus. Car, encore heureux, il existe des dragons un peu plus sympathiques.
Le dragon hybride, partenaire de bataille Au bout d’un moment, les gens en ont eu marre de voir tout le monde faire la chasse aux dragons. Certes, l’Hydre de l’Erne est un monstre qui a dû traumatiser un maximum de jeunes gens, mais est-ce que toutes ces créatures sont mauvaises pour autant ? Je ne pense pas.
« Ouh, la gentille Titite »
Certains ont donc décidé de créer un nouveau type de dragon. D’apparence occidental, il n’en a pourtant pas le comportement : c’est un bon partenaire de baston qui ne te laissera jamais tomber. Je serais toi, je parierais sur lui, c’est une bonne alternative au métro.
Dragonne — Shrek
Bon, avec Shrek, Dreamworks a décidé de prendre les codes traditionnels des contes et de les écraser à pieds joints. C’est donc tout naturel que le dragon de cette longue suite sans fin de films franchise soit un peu WTF sur les bords.
Tout commence normalement car la bête est censée garder une tour dotée d’un fabuleux trésor : une princesse. Sauf que le dragon est en fait une dragonne, qu’elle tombe amoureuse d’un âne, qu’elle se sent seule et triste et qu’elle est plutôt du genre à kiffer le combo « fleurs/missionnaire » au premier rendez-vous.
Faut pas s’étonner si après on se retrouve avec ce genre de trucs.
N’empêche que Dragonne se révèle être super courageuse et toujours prête à aider les ogres mal en point. Elle est gentille (et un peu peu bedonnante) et surtout, c’est une briseuse de stéréotypes. C’est pour ça que je l’aime bien.
Saphira — Eragon
Dans un style un peu plus classieux, Saphira fait pas mal le boulot. Eragon (premier tome de L’Héritage) et son adaptation au cinéma, c’est l’histoire d’un jeune paysan qui apprend qu’il va devenir dragonnier (alors qu’on en a pas vu depuis un bail), et qu’il va sauver le monde (alors que pour l’instant il a surtout eu les mains dans le purin).
Quand le film est sorti en 2006, la critique et les fans ont crié au scandale. Apparemment, l’adaptation était vraiment trop éloignée de l’univers du livre. Du coup, on a jamais vu de suite. J’ai trouvé ça dommage. Je n’ai pas lu les livres, et ce doit être pour ça, mais j’ai vraiment bien aimé ce premier film — j’étais en pleine crise d’ado et de recherche de moi-même, ça a dû jouer UN PEU.
Surtout pour son dragon principal, celui qui m’a donné envie de traverser le monde à dos de bête volante : Saphira.
Bon et puis elle a cette petite tête aussi.
J’ai bien aimé le fait que le dressage du dragon soit une tâche difficile pour les humains (contrairement aux elfes, chez qui cette compétence est innée) (je me demande toujours pourquoi je suis née de ce côté de l’espèce). Pour que ton dragon t’obéisse, tu as intérêt à t’accrocher (dans tous les sens du terme). Une fois qu’il te respecte et t’adopte, fais-y gaffe car il fera tout ce que tu lui demanderas — et surtout, si tu meurs, il mourra aussi.
« VA CHERCHER UNE SALADE CHEZ FRANPRIX, JOLI COEUR ! »
La relation entre homme et bête est totalement différente chez cette sorte de dragon. Un lien fort existe entre eux. Ce n’est plus une menace à éradiquer mais un animal à apprivoiser. C’est également le thème du film d’animation Dragons : Krokmou est aussi une super monture de combat, et un ami (plus ou moins) dévoué.
Le dragon oriental, ou l’équilibre parfait
Le dragon a une symbolique bien plus positive dans les civilisations orientales. Il y est une représentation de la nature et de ses éléments.
Mushu — Mulan
Forcément, quand on me parle de dragons chinois, je pense à Mulan ! Inutile de te présenter Mushu, le dragon qui passe son temps à râler et à faire style qu’il est grand et fort, alors qu’il doit à peine faire la taille d’un yorkshire.
On dirait pas comme ça, mais c’est plutôt cool d’en avoir un avec soi.
N’empêche que Mushu et ses confrères sont censés repousser les démons. Ils sont apparentés au feu et à la chaleur, mais pas dans un sens péjoratif. Ils sont protecteurs (des ancêtres et des vivants). Ce sont des dragons plutôt du côté yang de la force.
Falcor — L’Histoire sans fin
Toute ressemblance avec Victoria Beckham est fortuite.
Falcor n’a peut-être pas la morphologie du dragon oriental idéal, mais il en a le sens. Si tu n’as jamais vu la trilogie L’Histoire sans Fin, je ne sais pas quoi te conseiller : une partie de moi a envie de te hurler de te jeter dessus, une autre sait que les effets spéciaux ont vieilli et veulent préserver ta pauvre rétine… N’empêche que c’est une oeuvre culte (le premier de la série, surtout) qui est dans le top 5 de mes films préférés de tous les temps. Ça fait réfléchir.
Falcor est cet espèce de dragon/chien volant que tu vois souvent traîner sur Tumblr. Son corps est recouvert d’écailles nacrées et il peut voler même s’il est dépourvu d’ailes. Falcor est un dragon qui porte bonheur : il suffit de l’apercevoir pour que la chance te sourie !
Dans le film, il aide Atreyu à trouver un remède pour l’Impératrice et le royaume fantastique qu’elle gouverne, Fantasia. Rongée par Le Néant, maladie causée par le fait que les gens ne croient plus en rien, Fantasia se meurt. Falcor est donc là pour faire la navette et servir de grosse peluche pour les jours où tout va mal.
Et puis bon, qui n’a jamais eu envie de faire ça ?
Haku — Le Voyage de Chihiro
Pour le côté Yin j’ai choisi le dragon qui est, à mon sens, le plus intéressant de cette sélection (en même temps quand il s’agit de Miyazaki je ne suis plus très objective).
Mais bon, il en jette.
Haku est la parfaite incarnation du dragon asiatique. Sa morphologie est idéale : un corps de serpent, une tête moustachue, des bois et des pattes griffues d’aigle. Haku est assimilé à l’eau, un élément qui revient énormément dans le film et lors de ses apparitions.
Ce dragon est étroitement lié aux esprits et à la transformation car il s’agit en fait d’un jeune homme sous l’emprise d’une sorcière. Comme tous les personnages de Miyazaki, il est très difficile de déterminer de quel côté du bien ou du mal son esprit réside. Haku est un personnage très complexe. Dans sa forme de dragon, il est souvent impétueux et violent, un peu comme une bête sauvage. À la manière d’un loup-garous, il se transforme presque contre son gré, sur les ordres de sa maîtresse, la sorcière qui l’a ensorcelé.
Haku aide néanmoins Chihiro dans sa quête pour retrouver ses parents. Bien qu’il ne soit pas fondamentalement bon, il est loin des représentation de dragons occidentaux. Il est parfois réfléchi, téméraire, et toujours très fier. Il pourrait d’ailleurs avoir son ticket pour apparaître dans le mirifique listing des animaux sexy de dessins animés.
Bien sur, si j’avais dû lister tous les dragons représentés sur grand écran j’en aurais eu pour trois mois ! Cette sélection compte donc ceux qui m’ont le plus marquée, dans leur symbolique ou dans leur représentation. Voilà, maintenant j’ai envie de me faire une rétrospective spéciale reptiles volants. Et toi, quel sont les dragons qui t’ont marquée au cinéma ?
Ça c’est pour le bonus câlin.
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Les Commentaires
J'étais tellement impatiente de voir ce film et puis... la déception fut tellement gargantuesque que j'en ai encore de l'urticaire aujourd'hui, fichtre.