C’était l’origine de #DoublePeine, ce mouvement initié par Anna Toumazoff à travers son compte Instagram Memespourcoolskidsféministes. En quelques jours, il était devenu la caisse de résonance d’une multitude de témoignages de victimes d’agressions, de viols, qui avaient été mal reçues à un commissariat bien identifié, le commissariat central de Montpellier.
Le témoignage de départ, c’était celui d’une jeune femme dont la plainte pour viol a été classée sans suite, et qui lors du recueil de sa parole a été questionnée sur sa consommation d’alcool et sur le plaisir qu’elle aurait ressenti pendant le viol.
Suite à l’avalanche de témoignages attestant à leur tour de questions et de remarques profondément violentes émanant des officiers chargées de l’accueil des victimes, les réactions côté forces de l’ordre avaient été particulièrement outrancières, notamment du côté des syndicats.
Le préfet de l’Hérault avait réagi par le déni… et l’attaque : « fausses informations et mensonges », « dénonciation calomnieuse », « attaque publique hors de propos » — il avait tout simplement balayé d’un revers de main les paroles des victimes.
Le commissariat de Montpellier visé par une enquête
Rebondissement : le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé ce mardi 12 octobre l’ouverture d’une enquête. « Il y a des questions qu’on ne pose pas à des femmes, lorsqu’elles viennent déposer plainte ». Des questions qui n’ont « rien à voir avec le fait que l’on ait été victime d’agression sexuelle ».
La Directrice centrale de la sécurité publique doit donc se rendre aujourd’hui et demain au commissariat central de Montpellier.
Ce n’est pas tout.
Une autre enquête en cours
Vous vous souvenez de l’histoire de la plainte par laquelle tout a démarré, celle-là même qui a été classée sans suite ? Libération révèle qu’une enquête préliminaire est en cours. Ce qui signifie donc qu’elle n’a finalement pas été classée sans suite. S’agit-il d’un couac ? Ou d’un revirement ?
C’est l’avocate de la victime qui a appris la situation en contactant le procureur général de Montpellier afin de pouvoir « formuler un recours au classement sans suite ».
Une investigation est donc en cours et pourrait permettre d’identifier l’agresseur de la victime.
On posait déjà la question avec Sindy, chanteuse victime de cyberharcèlement, et elle se pose à nouveau : la médiatisation, notamment via les réseaux sociaux et non plus via les médias traditionnels – télé, radio, presse – semble centrale pour que les violences sexistes et sexuelles et les paroles des victimes ne puissent plus être minorées, contournées, effacées par les institutions et par le pouvoir en place.
À lire aussi : Les victimes de violences conjugales pourront porter plainte ailleurs qu’au commissariat. Une bonne nouvelle, vraiment ?
Crédit photo : Crédit photo : AwkwardChester, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
Les Commentaires
Comme quoi tout peut arriver
C'est une bonne chose qu'il y ait une enquête sur ce commissariat et tant mieux que les réseaux sociaux puissent faire avancer les choses dans le bon sens... MAIS ça m'interroge quand même sur la dépendance que cela crée entre les victimes et les réseaux sociaux qui peut-être à double tranchant...