Déjà en 2020, quelques psychiatres nous alertaient : les personnes atteintes de troubles psychiatriques feraient partie des groupes à risque et contracteraient des formes plus sévères du Covid — avec notamment « une mortalité élevée chez les personnes atteintes de schizophrénie ».
Depuis, d’autres études ont été publiées et le confirment : il y aurait bel et bien un lien entre les troubles mentaux et la mortalité chez les patients atteints du Covid.
Le rapport ? Les personnes qui souffrent de dépression, de troubles bipolaires ou de schizophrénie sont plus sujettes aux inflammations, et un mauvais système immunitaire peut contribuer à une mauvaise santé mentale. C’est le serpent qui se mord la queue !
Deux fois plus de risque de mourir du Covid…
En janvier, relaie Vox, une étude montrait que les personnes diagnostiquée sur le spectre de la schizophrénie « couraient un risque plus de deux fois et demie supérieur à celui d’une personne moyenne de mourir de la Covid-19 ». Et ce, même si les patients avaient reçu le même type de traitements, et en ayant pris en compte d’autres facteurs de comorbidité aggravants — comme l’obésité ou le diabète, par exemple. Pas d’excuse, donc.
Depuis, d’autres recherches ont été menées et pointent toutes le même résultat : les personnes souffrant de troubles de la santé mentale, comme la dépression, la schizophrénie ou les troubles bipolaires, présentent un risque accru face au virus du Covid.
Attention, cela ne veut pas dire que ces personnes sont plus infectées par le Covid, mais bien qu’une fois qu’elles ont contracté la maladie, les formes sont plus graves.
En moyenne, elles auraient entre 1,5 et 2 fois plus de risques de mourir du Covid-19 que la moyenne, ce que Katlyn Nemani, neuropsychiatre à l’Université de New York, compare « à ce que nous observons pour d’autres facteurs de risque bien établis comme les maladies cardiaques et le diabète ».
Mais pourquoi les personnes atteintes de troubles de la santé mentale seraient-elles plus vulnérables ?
Et bien tout simplement parce que ces personnes, qui souffrent souvent de stress chronique, sont plus susceptibles de développer une inflammation, elle aussi chronique. Résultat : plus de risques de contracter des formes graves du Covid.
Sans oublier les facteurs socio-économiques, comme l’isolement lié aux confinements ou encore l’insécurité financière qui peuvent eux aussi peser dans la balance.
…et plus de chance d’être dépressif après le Covid
Les problèmes de santé mentale fragilisent donc le système immunitaire, favorisent les inflammations et donc, la contraction de formes sévères du Covid. Mais c’est bien pire que cela, car il semblerait qu’un système immunitaire fragile en lui-même puisse favoriser des symptômes dépressifs !
On savait que la pandémie n’avait pas été tendre avec notre moral — une étude estimait que dans le monde, les cas de dépressions avaient augmenté de plus d’un quart à cause de la pandémie. Mais les raisons ne sont pas seulement dues à des facteurs non négligeables, comme l’isolement, le stress et l’insécurité liés à la crise sanitaire. Ils seraient aussi purement biologiques.
À Vox, le psychiatre et chercheur Charles Raison explique : « À partir de l’an 2000 environ, nous avons commencé à montrer qu’une inflammation peut rendre les gens déprimés. » Selon Katlyn Nemani, cela voudrait dire que si on contracte le Covid, on a plus de chance d’être exposé à une maladie psychiatrique après l’infection…
En gros, si vous avez un système immunitaire pas très en forme, il pourrait favoriser, ou même créer des symptômes dépressifs, comme la fatigue, la perte d’appétit ou de sommeil. Un vrai cercle vicieux.
On n’est pas sortis de l’auberge !
Mais il faut voir le bon côté des choses : la pandémie aura eu pour mérite de pousser les scientifiques à se pencher sur le lien entre les troubles mentaux et le système immunitaire, avec, on l’espère, une solution au bout du tunnel…
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Crédits photos : Engin Akyurt et Polina Tankilevitch (Pexels)
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