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Donnie Darko

Si ce film était, disons, un film comme un autre ? On pourrait le résumer, alors, comme on résume justement tous les autres. A savoir en racontant rapidement son histoire, quelque chose qui donnerait, Donnie Darko est un jeune garçon un peu perturbé qui rencontre un lapin géant qui, après lui avoir sauvé la vie, lui fait faire tout un tas de choses qui se révèlent plutôt efficaces, alors que la fin du monde approche. A savoir, un résumé qui ne donnerait pas vraiment envie de s’intéresser à ce film ; envie que ne donne d’ailleurs pas non plus l’affiche, qui transmet plutôt le sentiment de se trouver face à un film plutôt bidon. C’est cette histoire de lapin géant ! Déjà, un lapin géant, bon. Et en plus, il a une tête qui fait penser, fortement, à un film américain assez merdique. Avec son déguisement un peu bizarre, on se demande bien ce qu’il fait là.

Mais comme Donnie Darko n’est pas un film comme un autre, on ne s’arrêtera ni à ce résumé rapide de l’intrigue, ni à cette affiche. Et pourtant, vanter les mérites de ce film de Richard Kelly, ce n’est pas non plus très simple, et ce pour la simple et bonne raison que même en l’ayant vu vingt fois, on peut toujours n’avoir rien compris au pourquoi du comment de ce qui arrive à ce cher Donnie. Etrange, hein ? Si le réalisateur – dont on aura sous peu des nouvelles par le biais de son prochain film dont la sortie approche – est souvent comparé pour ce côté-là à David Lynch, il reste qu’il y a, tout de même, quelque chose de bien différent. Peut-être Donnie Darko paraît-il moins prétentieux ; ce qui ne change cependant rien au fait que, alors même qu’on saisi le sens de toutes les actions, qu’on a le sentiment de tout comprendre, le lien qui nous ferait saisir complètement le sens manque.

Alors, on va commencer par parler de l’esthétique de ce film, à savoir l’excuse bien souvent utilisée pour justifier le fait que, même en n’ayant pas tout compris, on puisse dire à quelqu’un que ce film, bordel, qu’est-ce qu’il était bien, sans passer pour un idiot complet parce qu’on ressent un truc pareil pour quelque chose qui nous dépasse. L’esthétique, donc. Il y a la musique, d’abord, tout un tas de morceaux New Age qui valent réellement le coup. Des groupes comme Echo & The Bunnymen et leur génial « The killing Moon », The Church et « Under the milky Way », Joy Division et « Love will tear us appart » ou encore Tears for Fears et « Head over Heels », et ce parmi d’autres. Avec, de plus, la musique composée rien que pour le film par Michael Andrews.

Musique qui s’accorde parfaitement avec les images. Et ça, c’est un point merveilleux de Donnie Darko, le fait que chaque chanson semble faire d’une scène un véritable clip, comme par exemple lorsque la première note de « Head over Heels » retentit juste au moment où les pieds du jeune homme touchent le sol alors qu’il descend du bus. Un exemple parmi tant d’autres, qui donnent au film une réelle beauté. Et donc, les images, qui créent une ambiance particulière, et ce notamment avec les nombreux ralentis qui produisent un résultat parfait.

Ensuite, on pourrait parler des acteurs. D’abord, forcément, Jake Gyllenhaal, révélation du film dans le rôle de Donnie. S’il n’a pas joué que dans des choses merveilleuses par la suite, on ne peut cependant pas dire que sa performance dans ce film ne soit pas grandiose. Il est tout simplement parfait. A aucun moment on ne doute de lui, si l’on peut dire. Il est Donnie, le moindre de ses gestes, la moindre de ses mimiques contribue à créer ce personnage, à en faire quelqu’un, en décalage avec tout le reste, tous les autres. Puis, il y a les autres, à savoir Drew Barrymore, Maggie Gyllenhaal, Noah Wyle, Jena Malone, Patrick Swayze, et moult autres. Tous ceux qui, eux aussi, bien que plus ou moins importants, sont indispensables. Paradoxe peut-être, mais c’est parce que, tout comme Jake Gyllenhaal, ils collent parfaitement à leurs rôles, se placent dans sa lignée pour devenir leur personnage sans la moindre fausse note, pour créer cet environnement, et souvent des personnages radicalement différents de ceux qu’ils ont interprété par le passé – et ce notamment pour Patrick Swayze, surtout connu pour avoir joué dans Dirty Dancing.

Et puis donc, quoi ? Est-ce que Donnie est fou, est-ce que ce lapin existe vraiment, est-ce que le réacteur de l’avion a fait un voyage dans le temps ? Tout ce qui suit le premier accident existe-t-il vraiment ? Est-ce qu’on regarde un film fantastique ou l’histoire d’un garçon fortement perturbé, qui aurait tout inventé ? Et puis, si c’est le cas, à quel moment ? Voilà, finalement, c’est ce qui est agréable, avec Donnie Darko. Qu’outre l’ambiance, la beauté de la chose, la musique, les acteurs et compagnie, on puisse le comprendre à notre façon. Qu’il y ait, finalement, peut-être plusieurs solutions quant au mystère qu’est ce film. Qu’on puisse adapter l’histoire à notre envie, lui donner le sens que l’on souhaite. Comme si Donnie Darko pouvait devenir notre rien que pour ça.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

3
Avatar de Ka-li
1 novembre 2005 à 11h11
Ka-li
Vraiment un bon film, j'adore
0
Voir les 3 commentaires

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