Précédemment dans #62jours : Je ne suis pas parfaite, et ce n’est pas grave
Aujourd’hui, je suis allée donner mon sang avec une partie de l’équipe madmoiZelle. On est allées au centre de l’hôpital Saint-Louis, situé rue Bichat. Ça faisait deux ans et un mois que je n’étais plus venue.
C’est pas moi qui ai compté, c’est eux. Il y a deux ans et un mois, je venais encore toutes les 4 semaines faire un don de plaquettes et de plasma. La première fois, les médecins m’avaient expliqué les différents types de dons. J’avais opté pour plaquettes et plasma parce que le don de sang complet, une femme ne peut le faire que 3 fois par an.
Or le plasma et les plaquettes peuvent se prélever toutes les 4 semaines, et on ne peut pas les conserver plus de quelques jours. C’est pourquoi les besoins de prélèvement sont constants.
Quand j’ai donné mon nom à l’accueil, mon historique a été ouvert, et l’on m’a proposé de donner plasma-plaquettes à la place du don complet.
J’ai accepté, bien sûr, même si au lieu de passer une vingtaine de minutes à pomper de l’hémoglobine, je signe pour passer 90 minutes une aiguille dans le bras, pour qu’on me prélève certains composants seulement.
J’ai cru que j’allais écrire sur la souffrance aujourd’hui, sur les bonnes actions que l’on fait et qui font du bien à l’âme.
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Mais pendant cette heure et demie assez peu agréable sur la fin, je ne me sentais pas cette super-héroïne du quotidien, en train d’accomplir un petit geste altruiste et gratifiant.
Je me sentais surtout incroyablement chanceuse d’être de ce côté du don.
Ma chance, une question de perspective
Ouais je sais, ça fait un peu discours cliché de Miss France, se rassurer sur son existence en se disant que ça pourrait être pire. J’ai la santé, la famille, un travail, alors je suis chanceuse, heureuse, hashtag blessed comme on dirait sur Instagram
.
Pourtant c’est une idée importante, une perspective à prendre pour pouvoir me recentrer sereinement sur moi-même : oui, j’ai de la chance. C’est pas « ça pourrait être pire », c’est plutôt « oui, ailleurs, pour d’autres, C’EST pire ». Et la chance que j’ai n’est ni un dû, ni un don que je me dois d’honorer d’une manière ou d’une autre.
C’est-à-dire que je n’ai pas à me comporter comme une enfant gâtée, à blâmer tous les astres de la création lorsqu’il pleut sur mes vacances. (Ce n’est pas une réelle affliction, toutes proportions gardées, et surtout, toutes perspectives ouvertes…)
Je n’ai pas non plus à me sentir coupable d’avoir cette chance. Je n’ai pas à faire pénitence en contrepartie des cadeaux du destin — si une telle chose existe.
C’est aussi un équilibre à trouver.
La gratitude, clé de voûte de cet équilibre
Alors je ne suis pas venue aujourd’hui m’autocongratuler d’une bonne action, ni remercier le ciel de me garder en bonne santé. Je suis simplement une terrienne qui s’observe en perspective. Mes voisins ont besoin pour leur survie, pour un confort de vie, d’éléments que je suis en mesure de leur donner.
Il m’en coûte un prix très raisonnable au regard de ce que ma contribution leur apporte.
Il en va de même pour tout ce que j’entreprends dans la vie, en direction des autres. Je ne le fais pas pour obtenir leur gratitude, je n’estime pas qu’on me doive quoi que ce soit. Mais je donne par solidarité, et j’accepte de recevoir avec humilité.
C’en serait presque religieux comme conseil, je l’ai sans doute pioché dans les souvenirs de mon éducation catholique, c’est vrai. C’est une leçon que j’ai du mal à intégrer, dans mon quotidien.
Donner c’est facile pour moi, c’est recevoir qui pose problème. Recevoir un compliment, recevoir un conseil, recevoir de l’aide.
Pourquoi c’est si difficile d’accepter l’aide des autres, leur main tendue, leur gratitude ? Parce que j’ai de la chance. Donc « j’ai » déjà beaucoup. Je suis là pour donner, j’ai beaucoup à donner, c’est aux autres de recevoir !
Sauf que… comment pourrais-je grandir si je me coupe des richesses que les autres ont à m’apporter ?
Accepter de recevoir… pour grandir
Comme souvent, je commence par poser des questions, je n’ai pas forcément les réponses. C’est aussi souvent parce que la solution du problème que j’énonce réside dans le fait de poser la bonne question…
Je donne. Je sais pourquoi je le fais, je sais ce que ça apporte aux autres (je l’espère !). Si je veux avancer dans la vie, il est plus que temps pour moi d’apprendre à recevoir tout ce que les autres ont à m’apporter aussi.
Ma chance, je la vois en perspective. J’oublie alors de me recentrer sur moi, et d’accepter que même les personnes chanceuses ont besoin d’aide, parfois.
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