Le maître des illusions n’est pas, comme on pourrait le penser tout d’abord, un livre de science-fiction mal ficelé. Le titre est dû en partie à une traduction un peu bancale, puisque le titre original est The Secret History. Ce gros roman (impossible de le lire en une après-midi sauf si vous décidez de ne plus manger ni ne plus jamais aller aux toilettes) est un véritable pavé hypnotisant qui marque forcément une vie de lecteur. Faussement adolescent, ce livre est en réalité un petit bijou d’intrigue et de psychologie des personnages.
Un roman archi-maîtrisé
La grande force de ce roman, c’est indéniablement la maîtrise de l’histoire. Il faut dire que Donna Tartt a tout de même mis une bonne dizaine d’années pour écrire ces 700 pages de bonheur concentré, elle a donc eu le temps de le fignoler aux petits oignons. L’histoire est celle d’un jeune étudiant qui décide de suivre une voie un peu bouchée à la fac : la classe de grec ancien. Au sein de cette classe, 5 élèves seulement : des jumeaux (frère et sœur), deux jeunes érudits et un élève un peu balourd. Le tout est encadré par Julian, professeur-gourou. Le jeune californien exilé se mêle alors à ce drôle de groupe. Durant plusieurs centaines de pages, les personnages vont se dévoiler, nous montrer leur intimité et finalement nous manquer une fois le roman terminé. Cette maîtrise parfaite des sentiments des personnages, ponctuée d’anecdotes et de tranches de quotidien crée un véritable univers. Une fois le livre fermé, on n’a qu’une envie : revoir les personnages, et vivre encore un peu avec eux.
Un roman psychologique
Le plus intéressant dans le livre de Donna Tartt est cette
percée dans la psychologie des jeunes étudiants. Le jeune exilé, loin de sa famille, ne se concentre pas exclusivement sur ses études. Ses rapports avec ses parents, sa mise en danger lors des vacances scolaires durant lesquelles il ne veut pas rentrer chez lui, sont des éléments qui permettent de comprendre que le roman s’inspire avant tout de la vie réelle plutôt qu’une trame fantaisiste. La relation des jumeaux est également très riche, avec une vraie interrogation sur les rapports entre le frère et la sœur.
Un roman riche de références
Le maître des illusions est un roman riche de références, sans pour autant tomber dans les clichés. Le choix du grec ancien n’est clairement pas anodin : les personnages sont profondément tragiques, portant en eux une sorte de malédiction, de profondeur, qui se dévoile tout au long du livre. L’intrigue principale du roman concerne un rite ancestral associé au dieu Bacchus. Julian, le professeur, rappelle bien entendu les « génies » grecs très influents sur les jeunes gens, profitant à la fois de leur intelligence mais aussi de leur pouvoir de manipulation sur autrui.
Je conseille ce roman à, sincèrement, tout le monde : impossible de rester insensible aux personnages et de ne pas accrocher à cette histoire. Le maître des illusions, c’est un vrai livre culte à lire au moins une fois dans sa vie.
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Les Commentaires
Du coup sur vos conseils je l'ai pris direct il a fait parti de mes trésors du jour