Samedi 18 mars, l’ancien président américain Donald Trump s’est fendu d’un énigmatique message sur son réseau social Truth Social, tout en lettres majuscules, pour annoncer son arrestation imminente et inciter ses soutiens à manifester. Cet appel, qui a comme un arrière-goût de déjà-vu, intervient dans le contexte d’une liaison qu’il aurait eue avec l’actrice pornographique Stormy Daniels, dont il aurait acheté le silence en pleine campagne présidentielle de 2016.
Une relation sexuelle révélée par Stormy Daniels, mais que Donald Trump dément
Pour comprendre de quoi il s’agit, il faut remonter à 2006 lorsque Stephanie Clifford, connue sous le pseudo Stormy Daniels, rencontre Donald Trump, déjà marié à Melania, lors d’un tournoi de golf. Selon le récit de Stormy Daniels, ils ont une relation sexuelle consentie. L’ancien président promet par ailleurs à la jeune femme de la propulser sur le devant de la scène grâce à son émission de téléréalité « The Apprentice ». Un tournage qui n’aura jamais lieu.
En 2011, l’actrice évoque brièvement cette liaison dans une interview pour le magazine In Touch, mais l’article ne paraîtra jamais. Sept ans plus tard, sur le plateau de CBS, Stormy Daniels revient publiquement sur cette relation et affirme avoir été également menacée par les hommes de main de l’ex-président suite à leur liaison. Elle publie, la même année, un ouvrage autobiographique intitulé Full Disclosure, dans lequel elle détaille l’affaire. Malgré ses multiples témoignages, Donald Trump continue de nier en bloc.
Soupçon d’un accord financier entre Stormy Daniels et Donald Trump durant la campagne présidentielle
Acheter le silence de celles et ceux dont la voix est jugée embarrassante, voilà un art que Donald Trump maîtrise bien. Comme le résument nos confrères de FranceInfo, lors de la campagne présidentielle de 2016, « des négociations se jouent en coulisses pour empêcher des déballages embarrassants visant le candidat républicain ». Le patron du tabloïd The National Enquirer, proche du futur président, verse 150 000 dollars à une mannequin qui dit avoir eu une relation sexuelle avec le milliardaire.
Donald Trump envoie également son avocat personnel à la rencontre de Stormy Daniels. Ce dernier verse, à quelque jours de la présidentielle, 130 000 dollars contre un accord de confidentialité sur la liaison extraconjugale du candidat. Le but ? Lisser l’image du républicain, dont le parti prône l’importance de la famille, et éviter qu’un scandale ne tue dans l’œuf ses espoirs d’accéder à la présidence. Pari réussi, Donald Trump est élu.
Deux ans plus tard, le 12 janvier 2018, le Wall Street Journal révèle dans un article choc l’existence de cet accord financier.
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Des paiements en violation des lois de financement électoral
Suite à cet article, un bras de fer judiciaire s’enclenche. En février 2018, un mois après la parution de l’article, l’avocat de Donald Trump confirme avoir versé cette somme sur le compte de Stephanie Clifford. Cette dernière porte plainte contre le président, dans l’espoir de faire sauter la clause de confidentialité après les révélations de l’avocat. Si le milliardaire nie toujours, il finit par plaider coupable pour fraude fiscale et violation des lois sur le financement des campagnes électorales.
En effet, le parquet fédéral estime que ces paiements ont eu pour but et conséquence « d’influencer l’élection présidentielle de 2016 ». Puisque Donald Trump a remboursé les sommes à son avocat par le biais de son entreprise, la Trump Organization, la justice américaine pourrait considérer qu’il s’agit d’un don dissimulé à la campagne du président, en violation des lois de financement électoral.
« Il n’y a rien de criminel dans le paiement lui-même. Ce qui est illégal, c’est de falsifier les documents commerciaux d’une entreprise » précise à l’AFP John Coffee, professeur de droit à l’université de Columbia, spécialisé dans la criminalité financière. « La Trump Organization est une entreprise » et les remboursements versés à l’avocat de Donald Trump sont « déclarés comme étant destinés à couvrir des frais juridiques », poursuit John Coffee. Sauf qu’il n’en est rien, selon la justice américaine qui y voit plutôt de fausses déclarations.
Un délit qui pourrait être requalifié en crime
« [Falsifier des documents commerciaux] est d’un délit, poursuit John Coffee. Mais cela devient un crime, qui peut valoir une sanction pouvant aller jusqu’à quatre ans de prison, si les procureurs peuvent convaincre un jury que la falsification a eu lieu dans le but de cacher un autre crime » comme un don illégal à la campagne du candidat de 2016.
Les investigations sont menées sous la direction du procureur de l’État de New York pour Manhattan, Alvin Bragg, élu démocrate. Dans un communiqué paru la semaine dernière, Donald Trump a dénoncé une tentative pour « faire tomber » sa candidature républicaine à la présidentielle de 2024, comme le rapporte le New York Times.
Si la justice n’a pas confirmé son intention d’arrêter Donald Trump mardi 21 mars, comme ce dernier s’est empressé de le crier sur les réseaux sociaux, elle l’a invitée le 9 mars à témoigner devant un grand jury citoyen, chargé de confirmer ou non une mise en examen, rapporte le New York Times. Ce qui pourrait laisser présager l’engagement futur de poursuites judiciaires contre l’ex-président. Une première dans l’histoire politique américaine.
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