Aux États-Unis, Donald Trump vient encore une fois de porter atteinte aux droits des femmes.
Souvenez-vous : durant toute sa campagne, il avait fait des appels du pied aux plus conservateurs en promettant d’arrêter le financement du Planning Familial.
Le Planning Familial bénéficie-t-il de fonds publics ?
Oui, le Planning Familial reçoit des fonds de l’État fédéral. Ce financement est garanti par le Title X Program mis en place en 1970, avec l’aval des Démocrates et des Républicains. C’est important de le préciser, au vu de ce qui se profile.
Ce sont donc des fonds fédéraux, alloués par le gouvernement fédéral aux organismes qui fournissent des soins de santé reproductive et sexuelle tels que l’accès à la contraception, la prévention contre les IST et les cancers du sein ou du col de l’utérus, mais aussi le suivi de grossesse et l’avortement.
De nombreux organismes, dont le Planning Familial, reçoivent donc ces fonds, qui ne doivent cependant pas être utilisés pour les services liés à l’avortement conformément au Hyde Amendment.
Ce texte voté en 1976 vise en effet à garantir que l’État ne finance les soins liés à l’avortement que dans les cas de viol, d’inceste ou de danger pour la vie de la mère.
Ces fonds, pris sur le budget de l’État fédéral, sont distribués aux centres de santé par les États fédérés.
Comment Obama a tenté de protéger le Planning Familial
J’avais déjà expliqué, dans cet article faisant le point sur l’accès à l’IVG sous la présidence Trump, que Barack Obama, juste avant de céder sa place à Donald Trump, avait fait adopter un texte visant à protéger les organismes bénéficiant de ces aides.
Son but était d’empêcher les États fédérés de retirer ces fonds aux centres de santé pour des raisons autres que leur potentielle incapacité à fournir les soins pour lesquels ils étaient alloués.
Cela répondait à une tendance des États à arrêter arbitrairement le financement de certains centres, pour d’autres prétextes.
Parmi lesquels, vous le voyez venir, le fait qu’ils fournissaient des services d’avortement — et ceci même si les fonds n’étaient pas utilisés pour ces services-là, puisque c’est interdit par la loi.
En effet, le texte mis en place par Obama expliquait que, depuis 2011, 13 États fédérés avaient mis en place des restrictions de ce type. Avec cette mesure, ce n’était donc plus possible.
Et comment Trump menace le Planning Familial, en même temps que la santé des Américaines
Et bien c’est ce texte que Donald Trump vient d’abroger.
Ce qui signifie que les États fédérés peuvent de nouveau décider d’allouer — ou pas — les fonds du Title X Program sur des critères arbitraires, comme le fait que des établissements fournissent des services d’avortement.
Donald Trump vise directement le Planning Familial à travers cette mesure. Selon le New York Times, il avait d’ailleurs proposé à l’organisation — de façon informelle — de ne pas franchir ce pas, à condition qu’elle cesse de fournir des services d’avortement.
Une proposition qui avait bien entendu été refusée, comme l’expliquait Dawn Laguens, la vice-présidente du Planning Familial, au journal :
« Soyons clair : les fonds fédéraux ne financent déjà pas les avortements. […]
Nous promettre de l’argent en échange de l’abandon de nos patient•es et de nos valeurs n’est pas un accord que nous pourrons accepter un jour. »
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Quelles conséquences ?
Pour le moment, il est difficile d’avoir de la visibilité sur les effets immédiats qu’aura l’abrogation de ce texte.
Continuer ou non à financer des organisations comme le Planning Familial va être au bon vouloir des États.
Ce qui est sûr, c’est que c’est un mauvais signal et une mauvaise nouvelle pour la santé des femmes, comme en témoigne le Guttmacher Institute :
« Femmes bénéficiaires : 3,7 millions.
Conséquences évitées : 904 000 grossesses non désirées, 326 000 avortements, 166 000 grossesses adolescentes.
Sans les fonds du Title X program bénéficiant aux services de Planning Familial, en 2014, les grossesses adolescentes auraient été 30% plus nombreuses et les grossesses non désirées et avortements auraient été 33% plus nombreux. »
Cela touchera en premier les femmes précaires, qui sont les principales bénéficiaires des services fournis par ces centres qui servent de « filet de secours » pour celles qui ne peuvent financer leurs soins reproductifs et sexuels.
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